31 mars 2009

LA PREMIÈRE ÉTOILE

Il est difficile de dire du mal de La première étoile, tant la principale qualité du film de Lucien Jean-Baptiste est sa sincérité et sa fraîcheur. Pour son passage derrière la caméra, l'acteur (vu dans 13 m² et dans la saison 1 de Caméra café) a choisi la carte de la tendresse en envoyant une famille noire de Créteil s'essayer aux joies du ski, et ce malgré une absence criante de moyens financiers. En résulte une gentille comédie bien propre sur elle, un hymne à la tolérance mené par des personnages attachants, un spectacle familial et convivial qui rappelle dans une certaine mesure l'ambiance de Bienvenue chez les ch'tis.
À une énorme nuance près : s'il a succédé au film de Dany Boon en tant que lauréat du festival de l'Alpe d'Huez, La première étoile offre autant de chaleur mais pas autant d'humour. Le comique de la situation (parachuter une famille fauchée et colorée dans un monde snob et à dominante blanche) n'est exploité que du bout des doigts, faisant regretter par exemple le dynamisme du savoureux Rasta Rockett (l'histoire de l'équipe de bobsleigh jamaïcaine aux J.O. de Calgary). Sans doute pour éviter le piège de la ghettoïsation de ses héros, Jean-Baptiste n'exploite pas suffisamment cette idée de contraste. Au final, ça peut donner l'impression d'avoir vu un simple film de vacances fort sympathique, sensation appuyée par le côté rudimentaire de la réalisation.
Reste que la dernière demi-heure est un sommet de bons sentiments fort agréables, agrémentés d'une morale pas trop appuyée et donc plutôt mignonne. Prônant la solidarité et l'union familiale, bénéficiant d'une galerie d'acteurs éminemment attachants (de Michel Jonasz au joliment nommé Jimmy Woha-Woha), c'est donc un spectacle 100% bon esprit, à aller voir avec sa progéniture pour lui donner le goût du cinéma populaire avant de lui proposer des divertissements tenant davantage au corps.
5/10

(autre critique sur Une dernière séance ?)

NOS DÉSIRS FONT DÉSORDRE

C'est l'histoire de quelques intermittents qui tentent de monter des projets, de s'accomplir en tant qu'artistes et en tant qu'êtres humains, de lutter contre une société qui les gangrène. Nos désirs font désordre est un film idéaliste, qui ose rêver d'un monde où chacun aurait le temps de vivre et le droit de s'exprimer comme il le souhaite. Écrit en groupe par le réalisateur et sa bande d'acteurs, le scénario part la fleur au fusil, poussant des coups de gueule avec une tendresse permanente.
Il y a là-dedans quelques belles choses, des scènes faisant émerger la vérité de la condition de ces jeunes désabusés mais pas sans espoir ; il y a aussi et surtout beaucoup de maladresse, tant l'ensemble sent l'amateurisme à plein nez. Joliment agitée au départ, la réalisation sombre vite dans un simplisme qui touche malheureusement la plupart des autres domaines. La majorité des dialogues est d'une naïveté confondante, et il faut énormément de recul pour arriver à gober les idées souvent préconçues (ou mal vendues) que défendent les personnages. D'autant qu'entre deux considérations sur la condition d'intermittent ou la précarité, Stéphane Arnoux a choisi de nous faire vivre le quotidien ordinaire des héros. On vivra donc quelques engueulades sans importance, un barbecue en quasi temps réel, une discussion fondamentale sur qui ira acheter des bières. On avait bien compris que les artistes étaient des gens comme les autres, avec des préoccupations communes et un coeur qui bat. Il aurait fallu plus de matière pour parvenir à nous transcender.
3/10
(également publié sur Écran Large)

30 mars 2009

LA JOURNÉE DE LA JUPE

C'est l'histoire d'une prof qui pète un câble et décide de se servir de l'arme à feu qui lui tombe sous la main pendant un cours de théâtre. Qui fréquente comme moi les salles des profs a rencontré au moins un(e) enseignant(e) correspondant à ce profil, c'est-à-dire pas loin de craquer et pourquoi pas de faire n'importe quoi. L'idée de Jean-Paul Lilienfeld n'était pas mauvaise : créer un retournement de situation dans le rapport dominant/dominé, oppresseur/opprimé, et donner l'occasion au féminisme de s'exprimer autrement que par le biais de petites phrases ou d'actes aussi symboliques que vains. L'illusion dure un petit quart d'heure, le temps d'une scène amusante où Sonia Bergerac découvre que pointer un revolver sur la temps d'un élève est un bon moyen de le forcer à apprendre qui est Molière. C'est dans cet aspect outrancier que La journée de la jupe parvient par endroits à se faire séduisant. Et c'est donc lorsqu'il oriente une voie plus classique, teintée de social, qu'il se casse franchement la figure.
Très vite, le film s'oriente vers une description des rouages des médias et de l'éducation nationale, mêlant d'ailleurs ces deux visions avec un sens du raccourci assez effarant. Tous les profs sont donc des pourris prêts à casser du sucre sur le dos de leurs collègues ou n'aimant rien tant que se faire mousser. Tous les élèves sont des petites frappes ou des victimes. Tous les journalistes sont des pourris. Cela n'aurait rien de choquant si le traitement était ouvertement comique ou s'il apportait quelque chose, mais l'ensemble ne fait finalement qu'enfoncer des portes ouvertes en se pensant original. Comme dans beaucoup de huis clos sans inspiration, on tourne rapidement en rond, Denis Podalydès et Jackie Berroyer étant heureusement présents pour insuffler un peu de vie et d'humour dans cet ensemble creux et inesthétique.
Progressivement naît une impression assez désagréable : celle que Lilienfeld est en train de noyer le poisson au lieu de traiter la problématique liée à son postulat, et qu'il va s'en sortir par une pirouette de façon à ce que la morale soit sauve. C'est effectivement ce qu'il fait, trouvant des circonstances atténuantes à son héroïne et semblant fier d'utiliser ses parents pour tenter l'option lacrymale. On finit par se moquer éperdument de ce qui arrivera à la classe et à la prof. Dommage pour Isabelle Adjani, toujours aussi insupportable en interview, mais qui s'acquitte fort bien de sa tache en interprétant cette femme usée ayant enfin trouvé un exutoire. Son énergie est assez incroyable, comme si elle s'était retenue de jouer depuis dix ans afin de tout donner dans ce rôle-là. C'est pour elle qu'on peut aller voir le film. Pour ce qui est de faire naître le débat sur le système éducatif, mieux vaut voir ou revoir Entre les murs, ou mêmes certaines vraies comédies des années 70-80, aussi excessives mais plus honnêtes.
4/10

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

29 mars 2009

SAFARI

Élie Semoun et Gad Elmaleh s'étant plantés (au moins artistiquement) avec leurs derniers films inspirés de leurs personnages, il y avait des raisons de croire davantage au deuxième film réunissant Kad (devant la caméra) et Olivier (co-auteur et réalisateur). Contrairement aux films des deux hurluberlus cités plus haut, Safari n'est pas une réexploitation réductrice et mercantile d'un personnage de sketch ayant pu faire marrer les habitués des salles de spectacle. C'est au contraire un projet original (le mot est certes un peu fort) de film populaire mêlant comédie et aventure. Problème : aussi sympathique soit-il, Olivier Baroux n'a pour l'instant ni l'étoffe d'un grand metteur en scène, ni celle d'un scénariste efficace.
Safari ressemble donc à une gigantesque bande-annonce de la comédie vraiment drôle à venir sur nos écrans : quelques répliques amusantes, quelques personnages prometteurs, quelques ébauches de scènes d'aventure réellement éblouissantes. Une centaine de minutes de promesses, pour au final pas grand chose. Rarement drôle, le film souffre surtout d'un grave manque de rythme dû en partie à un montage catastrophique. À plusieurs reprises s'amorce une scène potentiellement forte, introduite de façon plus ou moins fine. Et au moment exact où ça pourrait commencer à être percutant, attention ellipse, et on passe à la suite. Comme si le premier montage du film était de 3 heures 30 et qu'il avait fallu couper à la va-vite tout en préservant un morceau de chaque scène. Sûr que les rushes sont plus drôles que ce qui a été gardé.
Dans le fond, Safari ressemble à un croisement entre Restons groupés, Le boulet et Pur week-end (vous savez, le film avec Valérie Benguigui et Kad Merad), puisqu'il montre à la fois un groupe de touristes menés par un guide loser et une série de courses-poursuites avec des méchants prêts à tout. Sauf que les coscénaristes ont voulu faire à la fois ces deux films-là, auxquels il faut ajouter le côté safari avec sa ménagerie créant différents problèmes. Résultat : comme souvent, rien n'est traité. On passe totalement à côté de la plupart des personnages, les running gags ne sont pas assez running, bref, ça ne fonctionne que trop rarement.
En fait, les meilleurs moments sont à mettre au crédit des personnages ultra-secondaires interprétés par Omar Sy et Yannick Noah, qui mettent leur énergie débordante au service d'effets de surprise plutôt bien vus. Ils semblent malheureusement aussi sacrifiés que les autres sur l'autel du montage. Lionel Abelanski n'est pas mal non plus en amoureux de la ville de Beauvais auquel arrive des mésaventures dont tout le monde se moque. Les autres sont plutôt transparents, même un Kad n'ayant finalement pas tant de scènes drôles à défendre. La palme du pire acteur revient une nouvelle fois à David Saracino, pathétique dans les moments comiques, et limite hilarant dans les scènes d'émotion. Car oui, de l'émotion, il y en a aussi dans ce Safari qui répond 100% au cahier des charges de la comédie populaire à la française. C'est encore loin, l'Amérique ?
3/10

28 mars 2009

UN CHAT UN CHAT

Le cinéma de Sophie Fillières ne ressemble qu'à elle, et c'est tant mieux. Jamais totalement séduisant du fait d'un excès de loufoquerie, il attire néanmoins par son refus des conventions et sa façon de prendre simultanément des directions contraires. Jolie façon de ne jamais revenir au point de départ. Comme ses précédents films, Un chat un chat est profondément déstabilisant, puisqu'à mi-chemin entre le psychanalytique et le n'importe quoi. On navigue à vue entre ces deux domaines parfois convergents, c'est souvent délicieux, parfois fatigant, mais ça a en tout cas le mérite de ne jamais se reposer sur de quelconques acquis.
Plus que Aïe ou Gentille, Un chat un chat a quelque chose de bonitzerien. Pas parce que l'une des actrices principales est la fille de Sophie Fillières et Pascal Bonitzer, mais plutôt pour la dualité morbide de la relation entretenue par les deux héroïnes. Comme Laurent Lucas et Fabrice Luchini dans Rien sur Robert, comme tant d'autres fois chez Bonitzer, les personnages principaux sont des sortes de doubles malsains de l'autre, comme la même facette d'une même personne mais à des pages différents. Façon d'expliquer le curieux lien qui unit Célimène à Anaïs, qui la suit partout sans que cela dérange qui que ce soit.
Il y a sans doute mille interprétations pour chaque évènement qui se produit, pour chaque interrogation qui se pose. Le somnambulisme de Célimène, sa brutale panne de paroles, la façon qu'elle a de ne pas arrêter de fumer. On peut aussi se laisser porter par ce curieux objet fantasque et bizarrement grisant, qui crée de vraies sensations de cinéma. L'image de l'appartement en travaux recouvert par une immense bâche sous laquelle s'endort Célimène pourrait être anxiogène, elle est juste magnifique. Cette obsession du patronyme, du changement perpétuel de nom aussi. Tout comme cette façon de mélanger Francis Cabrel, L'albatros, Le lagon bleu et Amélie Nothomb. On n'en sort pas forcément rempli, mais juste avec l'impression d'avoir passé cent minutes dans le cerveau d'une extra-terrestre en pleine thérapie filmique, d'avoir vécu un moment privilégié avec la belle et géniale Chiara Mastroianni.
6/10

(autre critique sur Le temps du cinéma)

27 mars 2009

LE CHIHUAHUA DE BEVERLY HILLS

Voilà ce qui arrive quand on va voir les films de Philippe Grandrieux ou d'Albert Serra : parfois, on pète un plomb, et on va voir Beverly Hills chihuahua, victime d'une attirance malsaine pour un teaser sentant le plaisir coupable (voir ici, ou au bas de la critique). Avec deux questions qui brûlent les lèvres : 1) va-t-on trouver dans le film une raison d'être allé le voir ? 2) les fantastiques images du teaser figureront-elles dans le film ?
Et c'est alors que se produit l'impensable : Beverly Hills chihuahua, crénom de crénom, c'est évidemment un film pour enfants, mais ce n'est pas si nul. Voilà un vrai film d'aventures canines, avec son lot de personnages secondaires attachants, un paquet de rebondissements improbables mais efficaces, et même quelques scènes franchement réussies dans le genre. Le film de Raja Gosnell bénéficie en premier lieu d'effets spéciaux réussis, ce qui le rend immédiatement plus sympathique que des bidules numériques et ratés comme Comme chiens et chats (avec le pauvre Jeff Goldblum). À vrai dire, on finit par croire que ces chiens sont doués de parole, même sans être sous l'emprise d'une quelconque substance illicite. Après une présentation qui augure du pire (la jeune chihuahuette, sorte de Paris Hilton version clebs, est au départ complètement insupportable, tout comme la vraie Jamie Lee Curtis qui vient faire coucou pour payer ses impôts), on se laisse finalement prendre au jeu, quitte à entamer très largement son capital crédibilité.
Réponse à la première question : oui, on trouve une raison d'être venu, et on n'a pas l'impression de perdre complètement son temps (mais mieux vaut tout de même y emmener des enfants avec soi, ça semblera moins louche). Quant à la deuxième question, on comprendra qu'elle reste en suspens afin de donner au lecteur l'envie de pousser la porte et d'aller passer une heure trente avec ces petites bêtes laides et poilues, mais dont l'odeur a l'avantage de ne pas traverser l'écran. Disons que les fans du teaser (s'il y en a) seront à la fois frustrés et satisfaits. Entre les pyramides mayas se joue une scène, sans doute la meilleure du film, où les chihuahuas crient leur révolte et revendiquent le droit de ne plus être affublés de vêtements et de sobriquets ridicules. Et l'on comprend que c'est finalement un film anti bling-bling, un crachat à la face de Paris Hilton, une façon de justifier l'intégralité de ce long-métrage. Comme il ne faut pas pousser le bouchon trop loin, relativisons en précisant que oui, certes, c'est un film pas antipathique, mais ça ne révolutionne ni le cinéma, ni même le cinéma canin. En sortant, on regrette l'époque où, âgé de sept ans et demi, on allait voir Beethoven avec ses parents et où on trouvait ça vachement chouette.
4/10

Top 5 : Denis Podalydès

Cette semaine, Denis Podalydès négocie avec Isabelle Adjani dans La journée de la jupe.



Top 5 des films avec Denis Podalydès

01. Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle) (1996)
Évidemment, Podalydès n'est pas l'acteur le plus en vue de ce Comment je me suis disputé ; il est néanmoins l'un des artisans de la réussite du marathon philosophico-existentiel d'un Desplechin qu'on n'a sans doute jamais revu aussi libre et virevoltant. C'est juste un film splendide, plein de matière mais parfaitement accessible, idéal pour apprendre à aimer le cinéma français.



02. Dieu seul me voit (Versailles chantiers) (1998)
Les frères Poda ont conçu leur film comme un hommage à Tintin, avec quelques scènes faisant directement référence à l'oeuvre de Hergé. On pourrait aussi convoquer Woody Allen et Blake Edwards dans ce cocasse condensé de tout ce qui fait l'intérêt de l'homme. Cet Albert-là est juste un phénomène, à découvrir encore mieux grâce à la récente version interminable (c'est le DVD qui le dit) de ses aventures, plus longue et donc encore meilleure.



03. Rien sur Robert (1999)
Là encore, Podalydès n'a qu'un second rôle, mais tous les acteurs du film sont si étincelants, et l'ensemble si passionnant qu'il était impossible de ne pas le citer. De loin le meilleur film de Bonitzer, qui trouve le parfait équilibre entre ses bizarreries habituelles et un ton façon Woody Allen (encore). Entouré par une Sandrine Kiberlain délicieusement exaspérante et une Valentina Cervi mystérieuse et docile (on l'a un peu perdue de vue depuis), Fabrice Luchini est à son apogée, ni en roue libre ni trop bridé. Un régal.



04. Le mystère de la chambre jaune (2003) & Le parfum de la dame en noir (2005)
À la différence de l'ennuyeux Pascal Thomas, Bruno Podalydès sait comment s'inspirer d'un auteur policier classique pour en tirer quelque chose de totalement exubérant, cocasse, drolatique, étrange par endroits. Cet indissociable diptyque est un brillant exercice de style qui réinvente l'oeuvre de Gaston Leroux par la grâce de la créativité d'un auteur auquel les digressions n'ont jamais fait peur. Plus abouti que le premier, Le parfum... se voit et se revoit avec un plaisir intact.



05. Embrassez qui vous voudrez (2002)
Mari un peu loser d'une Karin Viard castratrice, Poda démontre sa faculté à jouer aussi dans des comédies populaires - mais pas populistes. Adapté d'un pavé de Joseph Connolly, le quatrième film de Michel Blanc est une oeuvre chorale réjouissante car aussi hilarante que cruelle. L'image du couple prend un sérieux coup dans l'aile, pas la comédie de moeurs, qui semble trouver ici un nouveau souffle. Épatant.

26 mars 2009

OSS 117 : RIO NE RÉPOND PLUS

C'est peu de dire que retrouver Hubert Bonisseur de la Bath, a.k.a. OSS 117, est un vrai plaisir. Le Caire nid d'espions prenant de la valeur au fil des visions, on pouvait espérer que Rio ne répond plus vienne surclasser cette première aventure. À l'arrivée, c'est une légère déception qui prime, heureusement apaisée par l'idée que voir et revoir le film risque une fois encore de le bonifier.
Situé 12 ans après le film précédent, Rio ne répond plus est donc placé sous le signe des seventies, la photographie et les décors s'inspirant avec précision des différents courants ayant influencé l'époque. Objectif numéro un : livrer un film dépaysant mais pas déstabilisant, ne pas changer le héros d'un iota mais lui faire vivre des situations bien nouvelles, suffisamment originales pour ne pas verser dans la photocopie facile. Intentions fort louables : sauf pour quelques passages obligés (l'aéroport, le bureau du chef), les deux films se ressemblent assez peu dans leur construction et leur schéma comique. Le problème, c'est que toute comparaison ou presque tend à avantager le Caire nid d'espions. Outre l'aspect suranné des années 50, manque également la force de l'opposition féminine alors incarnée par Bérénice Bejo. Louise Monot a de fort jolies jambes et serait presque crédible en gradée du Mossad, mais son personnage n'est pas assez mordant pour moucher convenablement la médiocrité de cet agent si français.
Du reste, même si c'est de l'ordre de l'inexplicable, l'infériorité de Rio ne répond plus se traduit par un fait simplissime : le taux scènes réussies / scènes ratées a considérablement diminué par rapport au premier épisode. On s'explique difficilement pourquoi, dans la deuxième partie notamment, beaucoup de scènes tordantes sur le papier peinent à arracher un sourire. La course-poursuite en déambulateur et l'affrontement avec un catcheur mexicain auraient pu être explosifs ; à l'écran, on ne voit que l'idée, pas le résultat, en dépit de la qualité de la mise en scène et du jeu d'un Jean Dujardin toujours aussi inspiré. En revanche, ce dernier est toujours aussi percutant lorsqu'il s'agit de sortir des énormités racistes ou antisémites : ici, la présence de juifs et de chinois est prétexte à un nouveau élan de bêtise franchouillarde de la part d'un personnage inculte, irréfléchi et bien trop sûr de lui. Même s'ils ne bénéficient plus de l'effet de surprise du premier film, les dialogues signés Jean-François Halin sont toujours aussi épatants, leur mauvais goût latent étant toujours excusé par le principe même du film.
D'autres éléments se font nettement plus lourds, le film péchant fréquemment par excès. Trop de split screen tue le split screen (même à des fins humoristiques), trop de running gags tue le running gag (les chinois, le trapèze, etc.). Peut-être la recette est-elle désormais trop connue. Il n'empêche qu'OSS 117 - Rio ne répond plus reste un spectacle éminemment sympathique, régulièrement frappé du sceau du génie, et tirant sur les zygomatiques plus que la moyenne (surtout comparé aux navrantes comédies qui polluent les salles françaises depuis le début de l'année). Le début est absolument exquis, tout comme les scènes avec Pierre Bellemare (remplaçant du regretté Claude Brosset) et celles relatant l'incursion d'Hubert Bonisseur de la Bath (rebaptisé Noël Flantier) chez les hippies. Voilà un film qui déçoit, mais en bien. Il serait tout de même dommage de s'en priver, d'autant qu'un succès relatif permettrait à cette fine équipe de travailler sur un troisième (et sans doute) dernier volet, qui pourrait conclure en beauté une saga plutôt haut de gamme.
6/10

(autre critique sur Goin' to the movies)

25 mars 2009

LES 3 ROYAUMES

Quinze ans ou presque après The killer, John Woo revient en Chine avec un film épique et historique, récit d'une gigantesque bataille ayant ébranlé la Chine il y a dix-sept siècle. Un film, ou des films ? Tout dépend du pays : sorti en Occident dans une version unique de 140 minutes, Les 3 royaumes (Battle of Red Cliff pour les anglophones) est à la base un diptyque atteignant les 4 heures de métrage, Woo estimant que l'intensité de la bataille ne pouvait qu'être restituée dans la durée. Reste que paradoxalement, alors qu'une centaine de minutes a été coupée, on a l'impression que notre version des 3 royaumes est plus ennuyeuse que son pendant asiatique. Il ne s'agit évidemment que d'une sorte d'intuition, mais cette version courte semble avoir sacrifié tant de piliers de l'histoire et tant de personnages secondaires que la sensation de manque prédomine de bout en bout.
On peut difficilement blâmer John Woo pour cela, car s'il est évidemment responsable de ce nouveau montage, il n'est aucunement celui qui a décidé de tronquer le film afin de le rendre prétendument plus accessible pour le spectateur occidental. Avoir en tête un film de quatre heures puis être contraint d'en sucrer la moitié ressemble à la fois à un casse-tête, un problème éthique et un infanticide. On attendra donc d'avoir le courage et la possibilité de voir le diptyque en bonne et due forme pour livrer un jugement définitif ; cependant, le montage n'explique pas tous les défauts des 3 royaumes. L'oeuvre est en effet d'un classicisme éhonté, totalement assumé par un Woo avide de retour aux sources et de pureté, mais tout de même un peu plombant. Le problème posé par ce genre de cinéma, c'est qu'il affiche un tel sérieux qu'il peut rapidement finir par en devenir risible. Le cinéaste a trop de talent pour qu'on en arrive à de telles extrémités, mais il est tout de même fort possible de faire une overdose de flonflons, de ronds de jambes et de traditions ancestrales. Surtout quand ceux-ci sont défendus par des acteurs étonnamment lisses, Takeshi Kaneshiro et Tony Leung livrant des prestations franchement décevantes.
Reste que Les 3 royaumes, qui aurait donc gagné à être plus long pour devenir moins ennuyeux, reste à de très larges endroits un spectacle flamboyant, les scènes de combat étant mises en scène sans génie mais avec un mélange de panache et d'efficacité. Si John Woo peine visiblement à insuffler sa personnalité propre à ce projet, il est tout de même l'un des plus doués dès qu'il s'agit de chorégraphier le combat, de le rendre admirable sans pour autant encourager la guerre mais en respectant ceux qui la font pour une cause juste. Le plus passionnant dans tout cela reste sa façon de décrire les stratégies militaires, métaphores et termes techniques venant idéalement se mêler à une démonstration visuelle simplissime donnant au spectateur l'impression d'être intelligent. On en ressort essoufflé, exalté mais mitigé. Les trois royaumes version occidentale est tout de même plus proche d'une semi-réussite que d'un semi-ratage.
5/10

(autre critique sur In the mood for cinema)

24 mars 2009

TOKYO SONATA

Après Walter Salles et sa Famille brésilienne, c'est au tour de Kiyoshi Kurosawa de dresser le portrait de ce qu'il estime être une famille ordinaire de son pays d'origine. Il s'agit de la première incursion dans le drame pour ce cinéaste spécialisé dans le fantastique languide, et il faut reconnaître que celui-ci s'en tire mieux que bien. Tokyo sonata est une chronique d'un réalisme étouffant qui semble dire quelque chose de vrai sur le Japon et son mode de vie. Il y a ce père de famille qui joue provisoirement les Jean-Claude Romand (sauf que le provisoire dure et dure encore). Les fils qui échappent peu à peu au cocon familial, l'un se tournant vers une carrière militaire loin de Tokyo, l'autre s'évadant par la grâce de cours de piano pris à l'insu de ses parents. Et la mère, mutique mais pas dupe, qui observe son petit monde se déliter sans crier gare. On se trouve dans sa position, attristé par le pathétique des situations, mais incapable d'y remédier.
Filmant avec simplicité (le style épuré rappelle celui de Kitano), Kurosawa n'en rajoute ni dans le pathos ni dans le misérabilisme, s'autorisant même un peu d'humour notamment dans ses descriptions du désœuvrement paternel. Le chef de famille est sans aucun doute le personnage le plus fascinant de l'ensemble, vivant dans le mensonge tout en prônant dans son foyer la rigueur et l'honnêteté intellectuelle. Ses mémorables colères ne feront d'ailleurs qu'aggraver les choses. Elles donnent lieu à quelques-unes des scènes les plus fortes du film, tant par leur violence psychologique que par ce qu'elles révèlent de la médiocrité de l'esprit humain, capable d'énoncer de grands principes tout en se comportant de la pire des façons.
Comme la plupart des films de Kurosawa (en tous cas ceux sortis en France, puisque une douzaine reste inédite), Tokyo sonata fonctionne dans la durée, prend son temps, n'hésite pas à répéter plusieurs fois le même évènement, à y revenir si besoin. Et, comme on ne se refait pas, finit par tomber dans un surréalisme déconcertant car flirtant volontairement avec le grotesque. Une rupture de ton qui lui donne à la fois un nouveau souffle et un nouveau profil, en faisant beaucoup plus que l'oeuvre classique et un peu monotone à laquelle on pouvait avoir l'impression d'assister. Extrêmement prolifique, Kurosawa a visiblement beaucoup de choses à raconter sur la façon, aussi juste mais singulière, dont il voit son cher pays.
8/10
(également publié sur Écran Large)

(autre critique sur Tadah ! Blog)

23 mars 2009

THE CHASER

Après plus d'un an d'attente, voici enfin The chaser, thriller censé réinventer le genre. Même si la rénovation aurait pu être plus poussée, le film de Na Hong-jin sonne en effet un certain renouveau, proposant un schéma narratif franchement réjouissant. Imaginez un peu : au bout d'une demi-heure, le flic (qui est surtout proxénète) rencontre et arrête le tueur en série. Une heure et demie trop tôt ? Pas du tout. Car la suite ne sera que rebondissements, détours, jeux pervers et affrontement psychologiques. Coincé au commissariat, le psychopathe n'a pas dit son dernier mot. Sur le papier, ce n'est pas si neuf (des serial killers qui manipulent leur monde alors qu'ils sont sous les verrous, on en a vu des tas) ; mais le script va là où on ne l'attend pas, détournant les codes du film noir au service d'une oeuvre certes ténébreuse mais également drôle et effrayante.
Dans un sens, The chaser rappelle l'excellent Memories of murder, avec la même idée de faire durer encore et encore certaines scènes pour bien montrer à quel point la justice (celle des tribunaux comme celle de la rue) est un processus lent et douloureux. Ce qui était génial chez Bong Joon-ho est ici un peu plus frustrant, le non-rythme du film étant à l'origine de quelques baisses d'intensité assez dommageables. Heureusement, le scénario a du souffle, et zigzague habilement entre les genres et les tonalités. L'écriture des deux personnages principaux est absolument remarquable, puisqu'elle tend à faire disparaître la frontière entre le bien et le mal, l'autorité et la chienlit. On aurait presque plus de sympathie pour le tueur lunaire que pour l'ex-flic complètement pathétique. Devenu mac, et donc loin d'être respectable, il multiplie les erreurs de parcours, les attitudes idiotes, et plonge la tête la première dans tous les pièges tendus.
Noir, tendu, The chaser n'est en fait pas à classer parmi les films de serial killer, puisqu'il ne se distingue pas par le machiavélisme de son bad guy. Plus Zodiac que Seven, c'est d'abord un très beau drame, qui confirme la surpuissance d'un cinéma coréen décomplexé, qui allie mieux que quiconque le baroque et le sordide. Na Hong-jin prépare actuellement The murderer, annoncé dans la même veine que The chaser. Souhaitons que cela lui permette d'approfondir des thématiques et un style ne pouvant laisser indifférent.
7/10

(autre critique sur L. aime le cinéma)

22 mars 2009

COCO

Bonne nouvelle : Gad Elmaleh a fait savoir qu'après Chouchou et Coco il ne souhaitait pas continuer à transformer ses sketches en longs-métrages. C'est tant mieux, car son passage à la réalisation est une vraie calamité. Drôle pendant environ trois minutes, Coco s'embourbe ensuite dans une succession de faux bons mots, de gags répétitifs et d'occasions manquées. Très vite, on s'identifie au personnage du fils, qui semble totalement abattu, exténué par les exaspérantes facéties de son père.
Coco donne une nouvelle fois la mesure du fossé qui sépare les humoristes français de leurs homologues américains. Car Coco ressemble à un héros de Will Ferrell, tant par son mauvais goût prononcé que par l'antipathie qu'il suscite. Seulement, chez Ferrell, la surenchère est imaginative, et le personnage tellement idiot et grotesque qu'il en devient attachant. Ici, on a juste envie de gifler le héros, insupporté par sa voix pourrie et ses réparties formatées. Ce qui pouvait fonctionner sur un sketch de dix minutes semble complètement aberrant sur grand écran. Rien ne vient entraver la marche de Coco : ni une tentative d'intrigue susceptible de casser la routine, ni les personnages secondaires.
Car Coco est désespérément seul en scène, Elmaleh tirant toute la couverture à lui. Les quelques personnages qui gravitent autour de lui sont fantomatiques, et c'est bien dommage. Daniel Cohen ou Manu Payet auraient pu apporter tellement plus, tout comme la fabuleuse Pascale Arbillot, dont on ignorait qu'elle était aussi belle. Autant Chouchou donnait la part belle à Alain Chabat et Roschdy Zem, autant celui-ci semble tout entier tourné vers son réalisateur-scénariste-acteur, qui semble aussi mégalomane que son personnage. Et l'on se dit que l'équilibre trouvé par Dany Boon avec Bienvenue chez les ch'tis n'est pas donné à tout le monde.
2/10

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

21 mars 2009

UN LAC

C'est fou le nombre de pseudo-cinéastes qui pensent que l'étiquette "film expérimental" permet de faire gober n'importe quoi à n'importe quel quidam qui n'osera pas exprimer son profond ennui face à ce cinéma exigeant (et qui dit exigeant dit incritiquable, c'est bien connu). Philippe Grandrieux est le chef de file de ces artistes onanistes qui se trouvent géniaux et parviennent à convaincre certains que leurs vessies sont des lanternes. Le réalisateur de Sombre et de La vie nouvelle s'est pris pour le fils caché de Tarkovski et de Dumont. Sauf que non.
Un lac, c'est donc une heure trente de très gros plans sur des narines, des yeux, des naseaux (car il y a un cheval), des troncs d'arbres. Le gros plan peut permettre de saisir l'insaisissable, l'imperceptible. Mais le très gros plan à outrance, lui, ne sert à rien d'autre qu'à montrer les comédons des comédiens. Accessoirement, c'est la preuve flagrante de l'inanité du style Grandrieux, qui pense que filmer avec un microscope suffit à réussir un cinéma de la perception et de la suggestion. Le son est à l'unisson : pour sûr, on n'a jamais aussi bien entendu une cuillère heurter les parois d'un bol. Ça pourrait être intéressant dans le cadre d'une attraction du Futuroscope ; c'est malheureusement utilisé avec le plus grand des sérieux par le réalisateur (car c'est sa profession).
Rarement le contemplatif aura été aussi laid, aussi vide. De ce marasme, il y a, allez, une demi-douzaine de plans à sauver, et même une micro-séquence en fin de film, constituée de deux belles images consécutives sur fond de chant féminin. Le reste n'est qu'un simulacre de film d'auteur. Caméra tremblotante, dialogues en forme de borborygmes, (très) longs silences censés en dire beaucoup. De bout en bout, Grandrieux échoue à créer une ambiance, et on se surprend à être plus fasciné par la pancarte "sortie de secours" que par ce qui se passe (ou plutôt ne se passe pas) à l'écran.
Mais soyons beaux joueurs, et résumons le film pour qui souhaite s'y frotter : c'est l'histoire d'un bûcheron (à un moment, par le biais de la caméra subjective, on est même à la place de l'arbre) épileptique (il fait des crises avec les yeux qui se révulsent et de la bave et il gigote dans la neige comme un poisson rouge hors du bocal) qui vit une relation trouble (à un moment elle le tripote, enfin certainement, vu que c'est filmé en si gros plan qu'on n'est pas bien sûr) avec sa soeur (ça, on en est sûr, grâce au dialogue « Tu es ma soeur. - Oui. - Je suis ton frère. - Oui. »). Sauf qu'arrive Jurgen, qui vient chercher du bois (« Jurgen, c'est moi. Je viens chercher du bois »), et à cause duquel les choses ne seront plus jamais comme avant. On pourrait continuer ce paragraphe pendant encore trente bonnes lignes, mais ce serait faire trop d'honneur à ce condensé de rien du tout, ce majeur fièrement levé à la face des amoureux du cinéma d'art et essai par l'inventeur du plus-que-premier degré. Ça soulage.
0/10

20 mars 2009

FAR NORTH

D'Asif Kapadia, plutôt que The return (énième bidule fantastoc avec Sarah Michelle Gellar), il vaut mieux retenir The warrior, thriller d'aventures anglo-indien assez marquant. On retrouve dans Far north quelques-uns des thèmes qui animaient ce premier long, et notamment la façon dont l'être humain, noyé dans l'immensité des grands espaces naturels, finira inexorablement par sombrer dans la folie nombriliste. Étrange film que celui-ci, qui débute comme un énième film d'aventures dans le Grand Nord avant de se muer brusquement en un triangle amoureux très particulier.
Il faut dire que les trois protagonistes sont seuls au milieu de nulle part, et donc face à eux-mêmes en permanence, sans possibilité de se cacher, de s'isoler ou de mentir durablement, d'où le côté pervers de la situation, celui-ci étant accentué par le fait que les deux femmes qui se disputent les faveurs du même mâle sont mère et fille... Glauque ? Pas vraiment, ou en tout cas pas immédiatement. En bon faiseur d'images, Kapadia utilise à merveille les décors toujours plus blancs pour adoucir et rafraîchir ce qui aurait pu n'être qu'un drame lourd en pathos. Il accouche d'un film délicat, à bonne distance de ses personnages, sans doute un peu trop glacé (au sens figuré) pour réellement impliquer son spectateur mais disposant de quelques scènes-clés vraiment fortes.
L'un des points forts de Far north, outre son interprétation sans faille, c'est la façon dont le scénario va finalement faire des choix, s'éloignant peu à peu des canons d'un genre trop souvent poussé par les convenances à finir en queue de poisson et en non-dits. Plus le générique approche et plus il se passera de choses, l'intensité allant croissant jusqu'à un dénouement franchement mémorable mais pas totalement abouti. Ce n'est donc pas la tiédeur qui prime dans ce beau film où la chaleur des corps contraste admirablement avec la rigueur du climat. Bien que pas totalement mûr, Asif Kapadia est un cinéaste à suivre.
6/10
(également publié sur Écran Large)

(autre critique sur L. aime le cinéma)

Top 5 : interprètes féminines à Cannes

Cette semaine, Sandra Corveloni joue la mère dans Une famille brésilienne, rôle qui lui a valu un prix à Cannes.



Top 5 des prix d'interprétation féminine à Cannes

01. Holly Hunter dans La leçon de piano (1993)
Quinze ans après, le film de Jane Campion n'a rien perdu de sa force, et le regard noir d'Holly Hunter y est pour quelque chose. Sa prestation est la clé de voûte de ce beau drame mystérieux et sensuel, qui fait froid dans le dos autant qu'il réchauffe le coeur.



02. Bette Davis dans All about Eve (1950)
Bette Davis illumine cette comédie plus profonde qu'il n'y paraît, dans le rôle de l'actrice déjà vieillissante et poussée sur la touche par une admiratrice plus jeune et plus appréciée de tous. Grand film sur la manipulation, le poids des années, et la jalousie destructrice.



03. Kitty Winn dans Panique à Needle Park (1971)
Cannes a toujours aimé le pathos, et en a fait profiter Kitty Winn, interprète d'une toxicomane dans le film de Jerry Schatzberg. Commençant comme le récit d'une simple rencontre amoureuse, Panique à Needle park plonge bientôt dans les tréfonds de la dépendance et du pathétique. Face à Al Pacino, Winn est immense.



04. Maggie Cheung dans Clean (2004)
Avec ce qui est l'une des prestations les moins exubérantes jamais récompensées, Maggie Cheung parvient pourtant à toucher au coeur avec cette interprétation d'une ex-toxico (encore) bien déterminée à décrocher définitivement pour récupérer sa fille. Un film sobre, classe, mélancolique, et le couronnement d'une grande actrice.



05. Joanne Woodward dans De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites (1973)
Non, Paul Newman n'a pas engagé Joanne Woodward uniquement parce qu'elle était son épouse (depuis 15 ans et pour encore 35 autres), mais parce qu'elle est également une excellente comédienne, juste parfaite dans ce rôle de mère de famille tentant de briser le train-train quotidien. « J'ai acheté ce texte parce que je pensais que c'était un rôle impossible à jouer pour ma femme... Mais à chaque fois que je la mets devant une caméra, elle me prouve entièrement le contraire », dit Paulo les yeux bleus. C'est dit de façon très simple, mais c'est on ne peut plus vrai.

19 mars 2009

LA FILLE DU RER

Un Téchiné est toujours un évènement, tant le cinéaste a su, film après film, trouver l'équilibre souvent parfait entre réalisme, intime et romanesque. Comme ses oeuvres précédentes, La fille du RER se situe à la croisée de ces genres, rappelant plus particulièrement le style des magnifiques Témoins. La comparaison s'arrête là : si Les témoins était un drame puissant, foudroyant, abouti sur la prise de conscience accompagnant la montée du SIDA, La fille du RER échoue en partie dans sa tentative d'exploiter un fait divers assez sordide. L'histoire de cette fausse agression antisémite avait inspiré une pièce de théâtre à Jean-Marie Besset, et c'est sur ce matériau que se sont basés Téchiné et Odile Barski (fidèle de Chabrol) pour écrire le scénario.
Justement, dans sa thématique comme dans son ambiance, le film sent parfois plus le Chabrol que le Téchiné. D'abord dans l'utilisation de la musique et de quelques effets vraisemblablement destinés à montrer le RER comme un lieu de danger, un décor de film noir. Or on n'est pas dans un polar, et ces partis pris sonnent comme une manipulation de la réalité, un chantage à l'émotion fort inhabituel chez le metteur en scène. Ensuite dans le déséquilibre de la construction, qui fait qu'un chapitre (nommé "Les circonstances") soit deux fois plus long que l'autre ("Les conséquences"), alors que ce dernier aurait dû être être au centre du film. Même si ce n'est sans doute pas là son but, Téchiné donne l'impression de perdre plus d'une heure à introduire ses personnages (dont quelques-uns semblent bien inutiles) et à trouver des circonstances atténuantes à son héroïne, avant d'expédier les conclusions de l'affaire, c'est-à-dire le battage médiatique, l'indignation des proches et des autres, et la façon dont la jeune femme tente de ne pas perdre la face. On ne saisit pas les intentions, pas plus qu'on ne comprend au final ce qui a pu intéresser les auteurs du script.
Semblant passer à côté de son sujet comme de ses personnages (qu'on quitte comme on les avait rencontrés, sans passion), Téchiné évite pourtant le naufrage par la grâce d'une mise en scène souvent juste (sauf dans les moments cités plus haut, qui se font de plus en plus rares à mesure que le temps passe) et d'une direction d'acteurs évidemment éblouissante. Emilie Dequenne est extrêmement troublante, préférant à la noirceur une normalité laissant bien plus perplexe. Face à elle, Nicolas Duvauchelle évolue dans un registre plus attendu, mais il joue les petits durs avec une force de persuasion intacte. Les autres ne sont pas mal non plus, et parviennent épisodiquement à faire exister des personnages pourtant bien fantomatiques. Si un mauvais Téchiné reste un film fréquentable, on espère voir le grand Dédé nous revenir dès son prochain long-métrage, dont on attend plus d'épaisseur, de rigueur et d'élan.
5/10

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

18 mars 2009

UNE NUIT À NEW YORK

Annonçant d'emblée son affection pour les playlists et les compils, proposant un générique flashy et bricolé, Une nuit à New York (Nick and Norah's infinite playlist était pourtant le plus beau titre de la terre entière) est droit dans ses baskets, se présentant comme un condensé de pop culture, petit cousin de Juno en plus fauché mais aussi en moins calculateur et agaçant (ce que n'est pas du tout le film de Jason Reitman, mais il faut bien brosser ses détracteurs dans le sens du poil). Et c'est partie pour une virée nocturne dans un New York branché, à la recherche d'un mystérieux rock band nommé Where is Fluffy, qui annonce ses concerts par le biais de jeux de piste. Soit tout pour satisfaire l'ado qui sommeille en nous, celui qui squattait chez le disquaire pendant des heures à la recherche de la dernière perle méconnue ou de l'édition collector d'un album figurant déjà dans sa discothèque.
Tout est dit : à mi-chemin entre John Hughes et Jason Reitman, mais avec une sacrée louche de Sundance en plus, Nick & Norah's infinite playlist (on ne s'en lasse pas) est un petit régal, d'autant que son esprit pop joyeusement mélancolique s'accompagne d'une histoire d'amour dont la beauté réside pour une fois dans son aspect totalement prévisible. On le sait bien, que Nick et Norah vont finir par s'aimer, s'aimer très fort, que ce soit pour la nuit ou pour la vie. Mais eux aussi le savent, et le caractère inexorable de cet amour à venir a quelque chose de follement grisant, ramenant chacun à ses émois d'adolescent.
Le point faible du film, c'est malheureusement sa tendance à la digression, le scénario déviant parfois vers des histoires secondaires moins exaltantes. Bien que cela donne lieu à quelques scènes assez drôles, on se moque un peu de voir une amie de Norah, complètement bourrée, déambuler dans la ville à la recherche de ses potes et multiplier les embûches. Cela empêche certainement Nick & Norah's infinite playlist (allez, c'était la dernière fois) de devenir complètement magique, d'être LE film indé romantique du début de siècle, LE petit objet pouvant devenir complètement culte dans quelques années. Mais, grâce à un Michael Cera toujours aussi aérien et à une Kat Dennings singulière comme il faut, c'est tout de même un vrai petit délice, à consommer sans modération avant d'aller s'acheter la bande originale (une BO contenant un titre des Shout out louds est forcément une bonne BO).
7/10

(autre critique sur L. aime le cinéma)

17 mars 2009

UNE FAMILLE BRÉSILIENNE

En mettant de côté les films collectifs Chacun son cinéma et Paris je t'aime, Walter Salles n'avait rien tourné depuis Dark water en 2005. Un film de commande qui ne lui a apparemment pas laissé un souvenir impérissable, puisque le revoici dans son Brésil natal, plus exactement à Sao Paulo, en compagnie de Daniela Thomas (coréalisatrice d'Avril brisé). Banalement rebaptisé Une famille brésilienne, Linha de passe (terme footballistique) est le portrait collectif de quatre demi-frères (tous de père différent) et de leur mère enceinte du cinquième. Collectif ? Pas tant que ça. Car Thomas et Salles insistent au contraire sur l'individualisme de l'existence des membres de la famille, chacun ne gérant que ses préoccupations propres sans vraiment se soucier de celles des autres. Il est ainsi très rare que plus de deux personnages apparaissent en même temps à l'écran.
Ces portraits croisés apparaissent (un peu trop) comme un catalogue exhaustif des différentes façons de voir l'avenir quand on est brésilien et pauvre. Parmi les quatre frères, l'un s'obstine à croire à une carrière de footballeur, un autre pense trouver sa place au sein de l'Église, le troisième est à deux doigts de mal tourner, et le cadet, qui n'a pas encore choisi sa voie, ne pense qu'à trouver son père. Quatre facettes d'un même pays qui semble n'avoir que ses beaux paysages pour lui. La vision des réalisateurs est désabusée mais pas irrémédiablement désespérée : subsistent quelques notes d'espoir, à la faveur d'un traitement qui évite assez habilement le misérabilisme. S'il manque quelque chose à Linha de passe, c'est juste un supplément d'âme, le petit détail qui ferait la différence sur le fond ou sur la forme. Car le film est gagné par une impression de déjà vu, légère mais persistante.
Finalement, le plus intéressant dans cette peinture d'un Brésil pas sorti de l'auberge, c'est le personnage de la mère. Interprétée par une Sandra Corveloni primée à Cannes (pourquoi pas), Cleusa ne semble pas bien comprendre pourquoi elle attend à nouveau un enfant, et semble vivre sa vie comme une pénitence, un sacrifice géant, à peine apaisé par sa passion pour l'équipe des Corinthians. Elle est le reflet d'une époque où la fécondité est révélatrice d'un épais désespoir alors qu'elle devrait être tout le contraire. On comprend pourquoi elle n'apparaît pas tant que cela à l'écran : la voir évoluer, portant son gros ventre comme un boulet, a quelque chose de singulièrement déprimant.
7/10
(également publié sur Écran Large)

(autre critique sur Une dernière séance ?)

16 mars 2009

UNBORN

David S. Goyer a toujours été un gros frimeur, prétendant donner à tout le monde des leçons de culture comics et de cinéma qui charcle. Certes, il a aidé à écrire The dark knight ; mais Goyer, c'est avant tout un réalisateur médiocre, qui multiplie les projets excitants (pour qui ne le connaît pas) mais ne livre au final qu'une morne série B (ou Z) par an. Bien qu'assez alléchant, Unborn n'échappe pas à la règle : ce cocktail exorcisme / gémelleité / fantômes du nazisme est d'une extrême fadeur, rappelant par sa mollesse l'ennuyeux Invisible.
Côté mise en scène, Goyer aurait tendance à progresser : Unborn ressemble davantage à un film que les précédents, qui auraient parfaitement trouvé leur place un samedi sur M6. Il y a des plans intéressants, un début d'ambiance dans les dix premières minutes, et presque un style. Celui-ci n'est malheureusement au service de rien du tout, cette bête (oui, c'est le mot) histoire de possession se terminant aussi vite qu'elle avait commencé, après soixante-quinze minutes parfois ridicules mais toujours ennuyeuses. Que vient faire Gary Oldman en spécialiste du surnaturel ? On l'ignore. Que vient-on faire dans cette salle ? On ne le sait pas plus. Sursauter une fois ou deux à cause d'effets horrifiques efficaces mais faciles. Rien de plus.
Le seul point fort de tout cela, c'est l'actrice principale, malheureusement affublée du patronyme d'Odette Yustman. On dirait une Megan Fox débarrassée de toute forme de vulgarité mais avec pas mal de talent. Elle est une scream queen assez convaincante et plutôt jolie, ce que Goyer ne manque pas de nous rappeler régulièrement à coups de plans bien placés (rien que l'affiche...). Rien que pour elle, on a envie de s'accrocher pendant cette grosse heure un peu grossière, confirmant que son réalisateur n'est qu'un gros tacheron qui se la pète.
3/10

15 mars 2009

WELCOME

Qu'il est agréable de voir un cinéaste prendre de l'ampleur à chaque film. Au départ réalisateur de comédies très sympathiques, Philippe Lioret a ensuite opéré un glissement perceptible vers la comédie (de plus en plus) dramatique, avant de s'abandonner au drame pour ce Welcome. Rarement un début de filmographie aura autant ressemblé à une piste de décollage, tant on a l'impression que tous ses films précédents n'existaient que pour préparer celui-là. Avec Welcome, Lioret tente purement et simplement de s'imposer comme le Ken Loach français, capable de traiter des sujets sociaux (catégorie fourre-tout) avec style et témérité. Et si l'élève n'a pas dépassé le maître (on verra dans trente ans), le français ne démérite pas et livre un drame noir, intense, poignant et dérangeant.
Comme la souligné la campagne de promotion / polémique (sacré Eric Besson), le questionnement principal porté par le film concerne cette aberration du système voulant que toute personne surprise à venir en aide à un clandestin est passible de prison. En bref, s'il crève dans le caniveau, il faudrait appeler la police et se tenir à distance. Heureusement qu'existe la désobéissance civique et que des citoyens comme Simon (Vincent Lindon, au top du top) acceptent de tendre la main à ceux qui sont arrivés là au péril de leur vie, errant dans le Pas-de-Calais en attendant de pouvoir rejoindre un eldorado nommé Angleterre. Lioret s'intéresse tout particulièrement à l'un d'entre eux, Bilal, dont la dulcinée attend patiemment du côté de Londres. Après la présentation successive des deux hommes, le film orchestre évidemment leur rencontre et fait naître des échanges de plus en plus intimes, de plus en plus fraternels. Le déroulement des évènements est relativement prévisible, mais l'essentiel est ailleurs, dans le tragique des destins croisés de ces deux types presque aussi paumés l'un que l'autre. La mise en scène ample et élégante sait se faire oublier et créer une vraie osmose avec ces personnages franchement beaux.
Le problème, c'est que si le travail et les intentions de Lioret sont infiniment respectables, Welcome peine un peu à franchir les paliers et à atteindre des sommets d'intensité. Comme si l'inévitable contexte sentimental (on insiste pas mal sur le divorce du personnage de Lindon et sur son sentiment permanent de culpabilité) était là pour nous rappeler régulièrement qu'il s'agit d'un film français et qu'il faut bien, à un moment ou à un autre, sombrer dans les passages obligés de notre cinéma d'auteur. Les intentions finissent alors par se faire un rien trop visibles, et la fin, splendide sur le papier, devient trop évidente, trop plombante pour être vraie, le tout au détriment de l'émotion. Mais là n'était sans doute pas le but de Philippe Lioret, qui gagne aisément ses galons de cinéaste engagé, et parviendra grâce à ce film fait pour marcher à alerter au moins un millions de français sans doute pas assez conscients du drame humain qui se joue tous les jours autour d'eux.
7/10

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

Alain Bashung (1947-2009)



« Aucun express ne m'emmènera vers la félicité. »





14 mars 2009

En attendant le film #1 : La nostalgie de l'ange / The lovely bones

Le 8 mai 1981, une jeune femme de 18 ans nommée Alice Sebold est violée dans un souterrain menant à un amphithéâtre de l'université de Syracuse. Dix-huit ans plus tard, elle publie Lucky, premier roman autobiographique racontant l'après, le procès, les ravages d'un tel drame. Un évènement de ce genre marque une vie à jamais, ce que semble indiquer la suite de sa carrière : en 2002, Sebold sort La nostalgie de l'ange (The lovely bones en V.O.), roman dont l'héroïne est une fille de 14 ans qui observe ses proches du paradis après avoir été violée et tuée par un voisin.
On comprend aisément ce qui a attiré Peter Jackson dans cette histoire qui devrait lui permettre de renouer avec l'esprit de Créatures célestes. Le mélange des genres pratiqué par Sebold est pour le moins troublant, puisque ce drame est teinté de film noir, de thriller et de fantastique. Il devrait proposer une vision singulière du paradis, décrit dans le roman comme un univers parfaitement personnalisable, où chaque résident construit sa propre perception des lieux. Il n'est donc pas si étonnant que des divergences artistiques aient donné lieu à quelques conflits sur le plateau. On sait que Ryan Gosling a quitté le projet quelques jours avant le début du tournage (pour être finalement remplacé par Mark Wahlberg), et que les prises de vues ont été interrompues pendant quelques jours suite à un désaccord total entre Jackson et son directeur artistique, notamment sur cette façon de représenter ce fameux paradis.
Qu'on ne s'y trompe pas : même si les évènements sont décrits du point de vue de la défunte Susie, La nostalgie de l'ange se déroule principalement sur la terre ferme, décrivant notamment la façon dont la famille tente de faire son deuil malgré la longueur de l'enquête criminelle - qui empêche toute forme d'oubli - et l'absence de corps - on n'a retrouvé que quelques membres découpés par le tueur. C'est aussi un roman sur la reconstruction, des vivants comme des morts, et sur l'âme vue comme un patrimoine transmissible. Le titre français est plutôt bien choisi : il reflète la mélancolie d'une oeuvre évitant pourtant de sombrer dans le pathos. Sebold manie une plume fort classique mais agréable à lire car d'une grande fluidité. Rien de révolutionnaire dans l'ensemble, mais un bon matériau de départ pour une fresque familiale qui peut permettre à Peter Jackson de donner libre cours à ses élans artistiques. Seule petite crainte quant au film : selon Susan Sarandon, qui fait partie du casting, le cinéaste a exigé de ses interprètes qu'il jouent de façon excessive, voire théâtrale, et qu'elle n'était pas certaine du résultat. On comprend ces doutes, puisque rien dans le roman n'explique ce parti pris.
Côté casting, Saoirse Ronan (Reviens-moi) incarne Susie Salmon, Rachel Weisz et Mark Wahlberg ses parents, Susan Sarandon sa grand-mère, Stanley Tucci le vilain voisin, et Michael Imperioli (le Chris Moltisanti des Soprano) un enquêteur très impliqué dans l'affaire - et plus si affinités. Il y a de l'idée...

Le livre : La nostalgie de l'ange d'Alice Sebold. Disponible en poche chez J'ai lu. 347 pages. 7 euros.

Le film : The lovely bones de Peter Jackson. En post-production. Sortie prévue le 11 décembre 2009 aux États-Unis et le 27 janvier 2010 en France.

LA VILLE FANTÔME

Scénariste d'envergure mais réalisateur pas renversant, David Koepp s'essaie pour la première fois au genre fantastique avec ce Ghost town mineur mais charmant. Soit l'improbable rencontre d'un dentiste acariâtre, cliniquement mort pendant sept minutes et ayant acquis la faculté de voir les morts, et d'un cadre sup adultérin fraîchement fauché par un bus. Même s'il n'est pas le premier à le faire, Koepp a donc décidé de rire du fameux « I see dead people » prononcé par Haley Joes Osment dans Sixième sens. Mais s'il fallait trouver un véritable pendant dramatique à cette Ville fantôme, ce serait le sucré Ghost, dont le schéma est reproduit à l'identique. Il y a donc le mort (Greg Kinnear en Patrick Swayze, pas sûr que ça fasse rêver les nanas), la vivante incrédule (Tea Leoni remplace Demi Moore), et le passeur chargé d'assurer la liaison entre les deux et de régler les petits problèmes des fantômes (Ricky Gervais en Whoopi Goldberg, qui l'eut cru).
Écrit et réalisé avec un flegme, La ville fantôme a le charme des films anglais propres sur eux mais so charming, notamment grâce à une interprétation sans faille. En bon scénariste, Koepp n'oublie aucune étape, de « punaise, je suis mort » à « mazette, j'ai un don », dans une première partie riche en découvertes et en situations amusantes. Gervais y est hallucinant en dentiste coincée et ballonné. La suite est sans doute moins percutante, car plus attendue, menant vers une résolution un peu poussive, l'auteur n'arrivant visiblement pas à clore son récit.
Il n'empêche : Ghost town est un rafraichissant cocktail d'humour et de distinction, une version digest de Cyrano de Bergerac. De la pièce de Rostand, on reconnaît également la structure du triangle amoureux, l'un des deux mâles dictant à l'autre ce qu'il doit dire à la femme qu'ils convoitent. En sortant de la salle, on fera particulièrement attention de ne pas se prendre un bus en pleine tête, ça rend la vie trop compliquée.
6/10

(autre critique sur Une dernière séance ?)

13 mars 2009

Perceval a besoin de vous

Un peu de hors-sujet n'a jamais fait de mal à personne. Si Franck Pitiot est avant tout connu en tant que Perseval dans l'hilarante série Kaamelott (« c'est pas faux »), c'est aussi un être humain, et il a quelque chose à vous dire. Écoutez-le, ça dure 46 secondes.



envoyé par sixdays


Samedi 14 Mars à 9h00, Mairie du 1er à Lyon, Samir recevra pour parrain républicain Franck Pitiot, Chevalier de la table Ronde.

Cette démarche devrait appuyer la demande d'asile de sa maman, et leur permettre de ne plus vivre cachés.

Ils ont besoin de monde, de regard et de soutien.
Venez, signez, bougez.
Merci.


Cliquez ici pour signer la pétition.
Et ici pour rejoindre le groupe Facebook et vous tenir au courant.

REVANCHE

S'il est difficile d'adhérer totalement à un tel film, on peut néanmoins comprendre pourquoi Revanche a été nommé à l'Oscar du film étranger. Par sa construction en deux actes et sa psychologie poussée, le film de l'autrichien Götz Spielmann parvient en effet à créer une sorte de fascination. On en voit déjà chausser leurs gros sabots et citer Haneke, comme à propos de tout film tourné à moins de 1000 kilomètres de Vienne : la froideur pratiquée par Spielmann est bien différente, car moins austère, moins clinique, en simple adéquation avec la psyché du héros.
Deux actes donc. Dans le premier, l'homme de main d'un proxénète décide d'emmener Tamara, la prostituée qu'il aime, loin de cet univers peu propice à l'épanouissement d'un amour. À la façon de bien des duos mythiques ou ayant voulu l'être, les deux amants fuient vers des lendemains meilleurs, mais Alex commet l'erreur d'aller braquer une banque entretemps. Ce qui amène au deuxième acte : un policier tire, tue Tamara, et Alex se réfugie chez son grand-père pour se faire oublier. Avant de découvrir que le flic en question habite à deux pas de là... D'où la possible revanche du titre, à ceci près que le film de Spielmann n'est pas franchement un polar. Plutôt un drame un peu glauque mais terriblement humain sur un homme qui s'est vu grand et beau, a finalement tout perdu, et ignore comment clore cette sordide parenthèse.
Le problème de Revanche, c'est que si le metteur en scène évite soigneusement de livrer un film purement clinique ("à la Haneke", comme dirait l'autre), l'ensemble reste trop froid pour que s'installe une envie de compassion et d'identification avec le personnage principal. Aussi solide soit son interprète, Alex restera jusqu'à la fin un étranger, dont le destin ne nous laisse pas indifférent mais dont la pensée profonde n'arrive pas jusqu'à nous. Demeure l'impression d'avoir vu un film mis sous cloche pour éviter tout contact humain. Ce qui ne pose pas de problème chez Haneke (jamais deux sans trois), celui-ci souhaitant laisser le spectateur à l'extérieur, comme condamné au voyeurisme à perpétuité. C'est plus embêtant chez Spielmann, qui voudrait que chacun puisse se mettre à la place du héros, ceci devenant impossible du fait de la distance imposée par la mise en scène. Que cela n'empêche pas de découvrir ce drame jamais ennuyeux mais péchant un peu dans la cohérence forme / fond.
6/10

(autre critique sur CineManiaC)

Top 5 : Vincent Lindon

Cette semaine, Vincent Lindon joue les Philippe Lucas dans Welcome.



Top 5 des films avec Vincent Lindon

01. Fred (1997)
Cheveu hirsute, barbe de trois (cinq, dix) jours, Fred est un chômeur loachien, qui traine de cafés en petits boulots, et forme avec Lisa (Clotilde Courau dans son meilleur rôle) un couple inattendu. Pierre Jolivet en fait le héros d'un film noir et social à la fois, qui donne à réfléchir et fait trembler jusqu'à la fin. Coup de maître.


02. Selon Charlie (2006)
Le mal-aimé des bébés de Nicole Garcia est aussi son film le plus foisonnant, amputé par un montage un peu réducteur (il faudrait voir la version cannoise) mais formidablement désespérant dans sa description de ce qu'est un homme. Un portrait collectif bouleversant de pudeur et de cruauté, avec une troupe d'acteurs uniformément remarquable.


03. Le septième ciel (1997)
La meilleure période de Benoît Jacquot est caractérisée par ce Septième ciel un peu méconnu, entre hypnose, frénésie sexuelle et trouble amoureux. Un peu tordu, le film doit beaucoup à ses interprètes, Kiberlain et Lindon, alors amoureux à la ville. Les voir jouer un couple à problèmes a quelque chose de follement jouissif, ajoutant une saveur unique à ce drame bien singulier.


04. Vendredi soir (2002)
Un homme, une femme, des embouteillages, chabadabada. Et le film le plus simple de Claire Denis, qui avec deux acteurs ou presque (Lemercier & Lindon) observe l'amour sous son jour le plus intime, le plus vibrant aussi. Belle leçon de mise en scène, beau film, même s'il lui manque quelque chose pour être impérissable.


05. La belle histoire (1992)
Claude Lelouch, c'est souvent nul. Mais n'empêche, parfois, c'est génial. La belle histoire, c'est trois heures de cinéma furieux, emballant, dévastateur, kitsch et harlequinesque, mégalo et délirant, un grand film d'amour, qui ressemble de près à tant d'autres mauvais Lelouch mais possède juste la petite touche d'inexplicable grâce qui en fait une réussite.

12 mars 2009

LES PASSAGERS

S'il fallait trouver une originalité aux Passagers, ce serait sans nul doute son point de départ, amené par la profession de son personnage principal. Anne Hathaway interprète en effet une psy chargée de fournir un soutien psychologique à une dizaine de rescapés d'un terrible accident aérien. Une tache d'autant plus ardue que les témoignages des patients sont contradictoires et que l'un d'entre eux fanfaronne comme s'il n'avait pas vécu le drame. C'est donc plein d'interrogations qu'on entre dans le film de Rodrigo Garcia, qui bénéficie d'une mise en place rapide et efficace.
Les premières rencontres avec ce patient hors normes ont également une certaine saveur, puisqu'elles contribuent non seulement à épaissir le mystère, mais également à définir le genre du film. Thriller ? Romance ? Fantastique ? Tout ça à la fois ? Problème : comme dans la majorité des films qui posent beaucoup de questions, la plupart des réponses apportées par le scénario déçoivent. Les trois derniers quarts d'heure du film servent à délayer une longue résolution qui n'est ni satisfaisante ni excitante, condamnant Les passagers à rejoindre un demi-million de divertissements honnêtes mais bien trop banals.
C'est d'autant plus dommage qu'Anne Hathaway est curieusement très crédible en psychologue (jouer bien va finir par devenir une habitude chez elle) et que le reste du casting, de Patrick Wilson à David Morse, se tient lui aussi plutôt bien. Quant à la mise en scène de Rodrigo Garcia, elle est relativement solide et met bien en valeur l'ambiance "théorie du complot" qui pèse sur le film pendant les premières bobines. De quoi donner un film certes pas franchement excellent, mais tout de même mieux exécuté que la moyenne.
4/10

11 mars 2009

LE DÉJEUNER DU 15 AOÛT

Si la photographie de l'affiche évoque une fuite ou un voyage, Le déjeuner du 15 août pratique au contraire le surplace avec une paresse extrêmement rafraichissante. L'action se passe le temps d'un week-end, celui du 15 août, propice aux apéritifs prolongés et aux repas plus riches que la moyenne. Pour Giovanni, locataire fauché d'un vieil immeuble romain, ce seront 2 jours de garderie, les nantis du coin lui ayant fourgué leurs mémés pour aller batifoler en toute insouciance. Le voilà donc amené à s'occuper de quatre petites vieilles en échange de l'annulation de ses nombreuses dettes. Situé en majeure partie dans l'appartement de Gianni et de sa mère, Le déjeuner du 15 août n'est pas plus compliqué que son titre, décrivant en toute simplicité quelques heures de cohabitation entre le clan des veuves et leur hôte.
Incarné par quatre actrices néophytes, les vieilles dames sont la principale attraction de cette comédie laissant libre part à l'improvisation et au naturel de ses interprètes. Leurs bavardages incessants, leurs caprices irraisonnés et leurs envies de jeunes filles en font des héroïnes tantôt irritantes, tantôt adorables, mais au final formidablement attachantes. Le film de Gianni di Gregorio (également interprète principal, et précédemment coscénariste de Gomorra) n'a réellement aucune autre prétention que celle d'offrir un vrai moment de détente en compagnie d'un troisième âge revigorant. Ça donne envie d'aimer nos vieux, et c'est suffisamment rare pour être signalé.
Il est très facile de s'identifier au personnage de Gregorio, qui commence par subir la présence de ces quatre furies avant d'y trouver un certain plaisir. Mais Gregorio est lui aussi un personnage extrêmement délectable, rappelant les héros des meilleures comédies à l'italienne. Lâche, hypocrite, menteur et surtout vénal, il a les défauts typiques de l'italien moyen tel qu'il est en tout cas décrit dans ce genre de film. C'est sur son comportement pas toujours louable que se termine Le déjeuner du 15 août, qui se conclut sans crier gare, à peine soixante-quinze minutes après avoir commencé. On aurait aimé que ce jour férié se prolonge un peu...
7/10
(également publié sur Écran Large)

LE TEMPS DES AMOUREUSES

En 1974, Jean Eustache tournait Mes petites amoureuses, en grande partie à Narbonne, et avec une majorité d'acteurs amateurs engagés sur le tas dans cette ville de l'Aude. Trente ans après, le réalisateur Henri-François Imbert boit un pot à Narbonne, croise un type qui ressemble à Eustache, et fait connaissance avec l'homme qui l'accompagne, un nommé Hilaire Arasa. Coïncidence, Hilaire était l'un des ados de Mes petites amoureuses. Un type attachant, qui donne à Imbert l'envie de faire un documentaire sur lui, sur Narbonne en 74, sur Eustache et son film. Une genèse particulière pour un film qui ne l'est pas moins : si Le temps des amoureuses est une oeuvre agréable, tour à tour poétique, drôle et rafraichissante, on peine à saisir les intentions réelles du réalisateur.
Outre quelques moments assez touchants (la séquence d'ouverture, filmée dans une voiture, est vraiment très belle), le principal intérêt du Temps des amoureuses est son évocation de Jean Eustache, cinéaste dont on sait finalement assez peu de choses. Au détour de quelques photographies ou anecdotes extrêmement courtes, Imbert recueille quelques informations, qui concernent notamment le tempérament de l'artiste (patient et paisible avec ses acteurs, parfois abominable avec le reste de l'équipe). Le portrait n'ira jamais bien loin : curieusement, comme obsédé par l'idée de faire un film "différent", Imbert préfère aller filmer Hilaire au café, Hilaire qui répète avec son groupe, Hilaire qui chante sur scène... Un type sympathique mais somme toute assez ordinaire, qui écrit des chansons affreuses et démago en caressant (bien qu'il affirme le contraire) le rêve d'être un jour reconnu pour sa musique.
Il y a dans Le temps des amoureuses un travail intéressant sur le vieillissement et la perte des illusions. Mais pourquoi avoir choisi Hilaire et ses copains plutôt que n'importe quel autre échantillon de la population ? Bonne question. La fascination d'Imbert pour ce personnage restera un mystère, et son amour d'Eustache et de ses films n'est pas plus communicatif. Les déclarations de Jim Jarmusch, fan ultime du cinéaste, sont bien plus engageantes que ce film semblant passer volontairement à côté de son sujet.
5/10
(également publié sur Écran Large)

MES PETITES AMOUREUSES

À l'occasion de la sortie du documentaire Le temps des amoureuses de Henri-François Imbert, retour sur le film de Jean Eustache dans lequel il prend sa source : Mes petites amoureuses.

Étonnant de constater que La maman et la putain et Mes petites amoureuses, tournés respectivement en 1973 et 1974, sont les deux seuls longs-métrages de Jean Eustache, cinéaste pourtant réputé et maintes fois cité (Jim Jarmusch en est fou). Pour autant, l'oeuvre du réalisateur ne se limite pas à ces deux films, puisqu'il faut y ajouter une dizaine de court et moyens métrages, parmi lesquels Le père Noël a les yeux bleus.
Bien moins connu que La maman et la putain, monument d'une durée de quatre heures, Mes petites amoureuses est aussi un film plus sobre, plus discret, mais pas moins appréciable. On y suit Daniel, jeune garçon vivant chez sa grand-mère, et ravi d'être accepté au collège à la rentrée prochaine. Mais sa mère en décide autrement, l'emmenant vivre avec elle à Narbonne, où il est contraint de devenir apprenti. On ignore si Daniel est un bon élève ; tout ce que l'on sait, c'est qu'il aimerait étudier mais qu'on ne lui en donne pas les moyens. D'où une chronique un rien désabusée sur la nouvelle vie d'un garçon désorienté, sans repères sociaux ou affectifs. Car à cette déperdition scolaire s'ajoute une situation familiale instable (la mère vit avec un vague type dont on sent bien qu'il est interchangeable) et sa difficulté à assimiler les codes de la séduction adolescente. Comment aborder une fille, comment lui faire la conversation, comment l'embrasser : autant de questions qui hantent Daniel encore un peu frêle pour ces choses-là.
Si Eustache vaut mieux que Claude Pinoteau, c'est évidemment par la singularité de son traitement. Ayant toujours refusé de tracer une frontière entre acteurs et vraies gens, entre réalité et fiction, il a engagé en majeure partie de jeunes narbonnais, choisis sur le tas quelques jours à peine avant le tournage, dans un souci aigu de réalisme et de naturel. La direction d'acteurs fait le reste. Pour le reste, Mes petites amoureuses fait penser à une version masculine (et juvénile) du À nos amours de Pialat, le ton pouvant être assez dur par endroits, voire même un peu cru. L'une des premières scènes annonce le début de tempête qui se crée dans la tête de Daniel : tandis qu'on le voit dans son aube blanche s'avancer dans l'allée de l'église le jour de sa communion solennelle, on l'entend en voix off évoquer l'émotion que lui procure sa voisine de devant, et donc le durcissement de son sexe. Ces bases posées, Eustache n'aura plus à insister lourdement sur le trouble sexuel qui anime son jeune héros, tout ayant été dit au préalable et en quelques mots.
La même économie de paroles caractérise les autres thèmes abordés, et notamment les relations qu'il entretient avec les adultes (la mère, le beau-père, le patron...). D'où un joli contraste avec le très bavard La maman et la putain, dans lequel Jean-Pierre Léaud disséquait avec emphase les faits, gestes et émotions qu'il observait chez lui comme chez les autres. L'ensemble témoigne en tout cas de la grande valeur de la courte filmographie eustachienne, qui mérite d'être explorée en détails, et pourquoi pas complétée par le documentaire Le temps des amoureuses, qui sort ce mercredi.
8/10

Film sorti le 18 décembre 1974. DVD disponible sur le site du CNDP.

10 mars 2009

JE TE MANGERAIS

Voilà un premier film bigrement maladroit, qui tente tant bien que mal de faire naître l'ambiguïté et d'instaurer une tension érotique et psychologique mais se révèle bien trop lisible et prévisible pour créer quoi que ce soit. En une dizaine de minutes, Je te mangerais semble avoir abattu ses cartes, impression qui ne fera que se confirmer par la suite. Une fois établie l'attraction sexuelle existant entre les deux héroïnes, Sophie Laloy (dont c'est le premier long) semble ne plus savoir quoi faire de ses personnages, les condamnant à une longue série de rebondissements sur le thème « je t'aime moi non plus ». Le problème, c'est qu'on a l'impression permanente d'avoir un quart d'heure d'avance sur une intrigue au rythme binaire.
Bien vite, Je te mangerais devient donc insupportable, d'autant que ni la mise en scène ni l'interprétation ne viennent sauver le scénario. On ne croit pas un seul instant au couple Isild Le Besco / Judith Davis, dont les corps-à-corps sonnent faux. Pour citer le grand Dédé Manoukian, « ça sent trop le savon et pas assez la foufoune » : l'intensité sexuelle reste définitivement bloqué à zéro. Et l'on se prend à penser à un film comme La tourneuse de pages, qui mêlait piano et tentations saphiques sans génie mais avec bien plus de finesse dans le traitement des situations et une aptitude à ménager la surprise.
Ce n'est clairement pas le cas ici : à part dans quelques scènes de conservatoire (avec la géniale Edith Scob en prof de piano), Je te mangerais ne convainc jamais, et s'enlise dans un dénouement aussi prévisible que crétin. Cumulant tous les défauts possibles d'un premier long-métrage, le film de Sophie Laloy est malheureusement un ratage complet, de ceux que l'on peut mettre sur le compte de la jeunesse. En espérant que ce soit la seule raison et que la réalisatrice nous reviendra mieux armée dans les années à venir.
2/10
(également publié sur Écran Large)

(autre critique sur Tadah ! Blog)

POUR UN FILS

Pour un fils part d'un fait divers réel mais étonnant, qui rappelle par certains aspects le postulat de L'échange : quelques années après la disparition de son fils, une mère a la surprise de le voir réapparaître. La différence avec le film d'Eastwood, c'est qu'on sait dès la première scène qu'il ne s'agit pas du fils, mais d'un usurpateur. Donner une longueur d'avance au spectateur pour lui permettre de se concentrer sur autre chose : telle est la bonne idée d'Alix de Maistre, qui met son intrigue en place de façon assez convaincante. Le problème, c'est que cette mise en place semble se prolonger encore et encore et que le film tarde à entrer dans le vif du sujet, c'est-à-dire la rencontre entre le faux fils et une famille chamboulée.
Si, du prégénérique choc jusqu'à la dernière image, on est impressionné par la prestation inquiétante de Kevin Lelannier, le reste a malheureusement tendance à se déliter autour de lui. Le point de départ aurait pu être bien mieux exploité, et la vague étude sur l'influence de ces "retrouvailles" sur les personnages n'a finalement que peu d'intérêt. Se focaliser sur l'affabulateur aurait peut-être eu tendance à transformer le film en thriller, ce qu'il n'est pas ; mais c'était là la piste la plus intéressante, d'autant que l'autre personnage réussi est celui du flic torturé, joué avec toujours autant de justesse par Olivier Gourmet.
Au final, on peine à voir où Alix de Maistre voulait en venir, la conclusion de Pour un fils laissant totalement circonspect. Cette fin sans âme ni épaisseur est parfaitement représentative d'un film qui gâche en grande partie les belles promesses de son sujet, ne créant ni malaise ni angoisse. Dommage pour les acteurs cités plus haut ainsi que pour une Miou-Miou toujours plus touchante, et qui mène depuis quelques années une deuxième carrière lui allant comme un gant.
4/10
(également publié sur Écran Large)
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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