Filmant avec simplicité (le style épuré rappelle celui de Kitano), Kurosawa n'en rajoute ni dans le pathos ni dans le misérabilisme, s'autorisant même un peu d'humour notamment dans ses descriptions du désœuvrement paternel. Le chef de famille est sans aucun doute le personnage le plus fascinant de l'ensemble, vivant dans le mensonge tout en prônant dans son foyer la rigueur et l'honnêteté intellectuelle. Ses mémorables colères ne feront d'ailleurs qu'aggraver les choses. Elles donnent lieu à quelques-unes des scènes les plus fortes du film, tant par leur violence psychologique que par ce qu'elles révèlent de la médiocrité de l'esprit humain, capable d'énoncer de grands principes tout en se comportant de la pire des façons.
Comme la plupart des films de Kurosawa (en tous cas ceux sortis en France, puisque une douzaine reste inédite), Tokyo sonata fonctionne dans la durée, prend son temps, n'hésite pas à répéter plusieurs fois le même évènement, à y revenir si besoin. Et, comme on ne se refait pas, finit par tomber dans un surréalisme déconcertant car flirtant volontairement avec le grotesque. Une rupture de ton qui lui donne à la fois un nouveau souffle et un nouveau profil, en faisant beaucoup plus que l'oeuvre classique et un peu monotone à laquelle on pouvait avoir l'impression d'assister. Extrêmement prolifique, Kurosawa a visiblement beaucoup de choses à raconter sur la façon, aussi juste mais singulière, dont il voit son cher pays.
8/10
(également publié sur Écran Large)
(autre critique sur Tadah ! Blog)
2 commentaires sur “TOKYO SONATA”
La famille, c'est comme le piano, ça peut se réaccorder :)
Mauve, ton commentaire, c'était vraiment le mot de la fin. Bon bah sinon, j'ai trop kiffé aussi:
http://www.playlistsociety.fr/2009/04/tokyo-sonata-de-kiyoshi-kurosawa-810.html
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