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8 sept. 2009

À DERIVA

Un film brésilien, donc en portugais, avec Vincent Cassel et Camilla Belle, ça sentait la coproduction foireuse ou le film opportuniste permettant aux intéressés de passer des vacances tout frais payés non loin de Rio de Janeiro. En fait, pas du tout : À deriva est un film absolument sérieux, chronique d'un été dans une famille en décomposition et recomposition permanente. Le film d'Heitor Dhalia adopte principalement le point de vue de Filipa, 14 ans, pour qui ce sera l'été de toutes les découvertes. D'abord celle de l'amour, ou de ce que l'on définit comme tel à cet âge-là, c'est-à-dire une course au baiser avec la langue qui peut même mener plus loin mais finit forcément par faire souffrir. Mais aussi celle de la trahison de son père (Cassel, dont le portugais semble être la langue natale), qui fricote avec la belle voisine américaine demeurant non loin de là. Le tout permettra à la jeune héroïne de conclure que la vie est souvent un jeu de dupes, et qu'il faut en tenir compte pour mener à bien son existence future.
Dhalia met ces histoires en scène avec une délicatesse infinie et une patience d'ange, captant avec précision les atermoiements et états d'âme de la jeune fille, mais aussi les désaccords qui rongent le couple formé par Vincent Cassel et Debora Bloch, et qui vont bien au-delà d'une histoire d'adultère. Les problèmes d'argent, qui dévastent le foyer, nuisent d'autant plus à l'équilibre familial que le père dispose d'une solution simplissime pour y remédier : vendre les droits d'un roman à succès dont il est l'auteur à un producteur moyennement réputé dans le métier. D'où une réflexion en filigrane sur le statut de l'artiste et celui de l'homme, tiraillé entre des principes moraux et des besoins vitaux.
La force de À deriva, c'est que son traitement apparemment superficiel - amours de vacances et petites trahisons - cache un vrai film fort proposant des sentiments contrastés émergeant au final dans une belle unité. Le tout est transcendé par la photographie absolument magnifique de Ricardo Della Rosa, qui part d'un Brésil façon carte postale et le transforme peu à peu en une fournaise presque suffocante. C'est tout le sel de ce film en perpétuelle mutation, du juvénile au sensuel, du bleu pastel au rouge baiser, qui fait d'Heitor Dhalia un cinéaste à suivre.





À deriva de Heitor Dhalia. 1h41. Sortie : 09/09/09.
Critique publiée sur Écran Large. Autre critique sur Laterna magica.

16 juin 2009

LASCARS

Avant même l'avènement du téléchargement (illégal ou non), les épisodes de la série Lascars furent parmi les premiers à s'échanger sur support numérique et sous le manteau. Je vous parle d'un temps que les moins de 30 ans ne peuvent que connaître : difficile pour qui n'a pas vécu son adolescence reclus et solitaire d'avoir échappé aux fameux Baston de regard ou La drogue c'est de la merde. Toute la jeunesse pouvait se reconnaître dans ce programme court d'animation, qui même s'il décrivait principalement la vie d'habitants d'une cité, évitait toute ghettoïsation en s'intéressant avant tout aux étapes importantes et inévitables de la vie d'ado (surtout mâle). Vocabulaire, attitudes, aspirations : rien n'était laissé au hasard.
Des années plus tard, Lascars le film est emprunt de la même modernité (réactualisée) et de la même envie de montrer le djeunz tel qu'il est - c'est-à-dire souvent médiocre et irresponsable - mais aussi de lui rendre hommage. Échappant à toute diabolisation mais ne versant pas non plus dans l'angélisme, Lascars est avant tout une bonne tranche de rigolade, une aventure rythmée et emballante dans laquelle chacun pourra trouver son compte. Très street, l'esthétique est particulièrement réussie, piochant dans les atouts de la 3D tout en respectant parfaitement les origines de la série, à savoir une 2D modeste, étrangement colorée, simple et efficace afin de privilégier gags et situations. C'est très réussi : on ne perd pas son temps à s'ébahir - et il y aurait de quoi - car le style n'est pas la finalité du film.
S'il demeure quelques réminiscences de la série, Lascars bénéficie d'un scénario original et bien construit, qui a le mérite de ne pas reprendre les bonnes vieilles recettes des meilleurs épisodes. Ce n'est pas une succession de sketches, mais un vrai long-métrage, avec une histoire qui tient la route et une construction façon film choral où tous les personnages finissent par se retrouver à la fin. Un final totalement décoiffant, qui clôt l'ensemble sur une note totalement enthousiasmante. Tout ce qui précède était déjà très emballant, malgré quelques légères baisses de rythme : bénéficiant d'identités vocales fortes (le doublage est globalement excellent), les personnages sont attachants, faciles à cerner sans être trop schématiques, et surtout d'une drôlerie à toute épreuve. Bons mots façon banlieue - mieux vaut connaître quelques rudiments de verlan et d'argot - et situations cocasses sont à la base de ce divertissement formidable, qui prouve que l'animation française et l'humour de banlieue ne sont pas des gros mots. Condé-sur-Ginette, cent minutes d'arrêt.




Lascars d'Albert Pereira-Lazaro & Manu Klotz. 1h36. Sortie : 17/06/2009.
Autre critique sur Sur la route du cinéma.

20 nov. 2008

MESRINE - L'ENNEMI PUBLIC N°1

Dans L'instinct de mort, Jacques Mesrine était décrit comme un personnage complexe, avec un passé, des états d'âme, et notamment un amour de l'humour qui ne l'empêchait pas, au final, d'être un sale con. Bien que L'ennemi public n°1 en soit la suite directe, on ne retrouve pas ce Mesrine-là. Le héros de ce second film est un Scarface version franchouille, qui multiplie les bons mots et les cadavres tout en faisant rêver la ménagère et l'amateur de petites vannes. Il faut reconnaître à Jean-François Richet le talent d'avoir su livrer deux films bien différents, tant dans les points de vue présentés que côté mise en scène. Mais pourquoi diable réduire en bouillie les beaux efforts du premier volet, qui faisait de Mesrine un type détestable avant tout, mais rendu plus riche que cela par la multiplicité des personnalités qui le composent ? Si l'on ôte à cette deuxième partie ses nombreuses fusillades et les nombreuses petites blagues du bonhomme, il ne reste plus rien ou presque. On comprend bien que la fin de la vie de Mesrine ne fut que braquages et coups de force, et que les hésitations des débuts n'ont plus lieu d'être. Mais était-ce bien la peine de nous infliger ces deux heures dix répétitives, qui n'apportent finalement rien au dossier Mesrine si ce n'est une glorification involontaire ? Nul doute que, comme Scarface avant lui, le Mesrine de L'ennemi public n°1 va faire rêver les petits cons (et les plus grands, aussi, d'ailleurs), qui verront en lui un modèle. Pensez donc : fric facile, gonzesses à gogo, adrénaline à plein tube, et multiples bras d'honneur adressés aux institutions du pays. Le rêve, en somme. Évidemment, le portrait dressé par le film n'est pas aussi catégorique : oui, Mesrine est une brute qui ne pense qu'à la gloire et au fric ; oui, il utilise des prétextes politiques alors qu'il n'y comprend absolument rien... Mais prenez une salle de cinéma, observez-la, et vous n'entendrez que des rires et des murmures d'admiration. Regrettable.
Impossible donc de voir en L'ennemi public n°1 autre chose que deux heures d'action débridée. Et s'il faut avouer que Richet n'est pas manchot derrière une caméra, le traitement choisi est lui aussi inférieur à celui de L'instinct de mort. Ici, la réalisation semble plus "française", ce qui semble assez illogique étant donné que le film a une intrigue plus "ricaine" que le précédent. Même les interprètes semblent moins habités (sauf Cassel, toujours aussi impeccable) : Ludivine Sagnier se plante en beauté, tout comme Gérard Lanvin (mais lui c'est étonnant). Quant à Olivier Gourmet, son commissaire Broussard semble un peu terne et absent, et ne restera pas dans les annales. L'ennemi public n°1 est donc un gros divertissement bien bourrin, qui multiplie les rebondissements improbables (mais possibles puisque véridiques) et pourra donc emmener le spectateur dans son sillage spectaculaire. Concernant le portrait de Jacques Mesrine, on se contentera allègrement du premier volet.
5/10

25 oct. 2008

MESRINE - L'INSTINCT DE MORT

Sortir de la première partie d'un diptyque en se disant "vivement la suite" est évidemment une bonne chose, et la preuve que Jean-François Richet a réussi la première moitié de son pari. L'instinct de mort est un portrait réussi du fameux Jacques Mesrine, retraçant avec force et précision le parcours qui a fait de lui l'ennemi public numéro un. Après une présentation un peu balbutiante (humour peu à propos, dialogues gênants), c'est lorsque Mesrine se lance véritablement dans le banditisme que le film prend son essor.
La qualité première du film, c'est d'arriver à montrer le showman que fut Mesrine sans tomber pour autant dans un film spectacle, un peu comme l'ignoble Scarface du surcôté De Palma. Non, Mesrine n'est pas un héros ; oui, c'est une pourriture, qui ne pense qu'à la gloire et à l'adrénaline. Hors de question de l'édifier en légende vivante. Mais le scénario évite habilement les pièges d'une attaque à charge qui aurait été trop simple : on ne tire pas sur une ambulance. On méprise Mesrine mais on a envie de poursuivre la route avec lui, qu'il se sorte de chacune des galères où il se fourre afin de nous procurer quelques frissons supplémentaires. Et on ne peut s'empêcher, très brièvement, d'éprouver une sorte d'admiration malsaine pour cette tête brûlée capable de jeter des grenades sur les voitures de flics et de revenir sur les lieux d'une évasion pour faire sortir ses anciens compagnons d'infortune. Un cinglé total, auquel il serait difficile de croire s'il n'y avait l'estampille "histoire vraie". Et s'il n'y avait la prestation de Vincent Cassel, qui se fond littéralement dans le personnage. Sans guère d'artifices (on évite le sempiternel défilé de postiches), Cassel EST Mesrine, et c'est admirable. Les seconds rôles ne sont pas mal non plus, au passage.
Côté mise en scène, on sent que Richet a bien retenu toutes les leçons apprises pendant le tournage d'Assaut sur le central 13. L'instinct de mort ressemble à un film ricain, mais dans le bon sens du terme : caméra mobile et ample, aux mouvements amibiteux. Malgré quelques effets un peu too much et une reconstitution sentant presque le toc (surtout dans la première demi-heure), Mesrine est un film à la carure de boxeur, inébranlable et difficilement contestable. Il paraît que la suite est meilleure, débarrassée des petits défauts qui parasitent L'instinct de mort. Le mois de novembre va être long...
7/10

7 nov. 2007

LES PROMESSES DE L'OMBRE

Les promesses de l'ombre est un bon film. Pas un bon Cronenberg. On pourrait s'arrêter là, les non-fans du réalisateur canadien n'ayant à peu près rien à faire dans les parages tandis que les aficionados risquent de ressentir une profonde frustration.
C'est que la plupart des thèmes chers à Cronenberg sont bel et bien présents ici, mais sous un jour plutôt mineur, n'apportant pas grand chose à l'immense filmographie du cinéaste. Encore une histoire d'identité(s) perdue(s), toujours ces personnages inquiétants dont la seule peau suffit à résumer leur vie... Et tout plein de sang qui gicle, d'incisions gerbantes et de membres broyés. Cette histoire-là est simple, sans doute la plus claire que Cronenberg ait eu à traiter, et sa construction est d'autant plus agréable qu'elle laisse le loisir au spectateur de combler lui-même les ellipses à peine marquées. Mais c'est sans doute du côté de sa mise en scène et de sa direction d'acteurs que le film pêche un brin. On ne retrouve pas vraiment le savoir-faire de Cronenberg, qui d'habitude réinvente ses obsessions de façon permanente en proposant des plans savamment tordus, des jeux de miroir pervers, des installations cliniques. L'image des Promesses de l'ombre est même carrément moche, le réalisateur ne semblant à l'aise que dans les quelques pointes de violence du film.
Même sans être avide d'hémoglobine, on doit bien reconnaître que ce sont dans ces instants où l'homme se transforme en bête et massacre ce qui le menace que le film se fait le plus saisissant. Béni soit Viggo Mortensen, globalement à l'aise, qui prête son corps puissant (et même sa zigounette) au service du film. On ne peut pas vraiment en dire autant de Naomi Watts, assez transparente dans le rôle féminin le plus faible de la filmo cronenbergienne. Son personnage est désespérément unidimensionnel, pétri de bonnes intention, sans aspérité. Dès lors, la confrontation tourne court. En dépit de l'amusante prestation de Vincent Cassel, on subit ces Promesses de l'ombre plutôt intéressantes mais jamais vraiment transcendantes, preuve irréfutable de la lassitude de Cronenberg, qui ne parvient plus à dénicher d'histoires assez singulières pour vraiment s'éclater.
7/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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