Affichage des articles dont le libellé est Armin Mueller-Stahl. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Armin Mueller-Stahl. Afficher tous les articles

16 mai 2009

ANGES & DÉMONS

Lapidés à Cannes il y a trois ans avec Da Vinci code, Ron Howard et Tom Hanks nous reviennent (mais pas en ouverture du festival) avec une suite qui n’en est pas une, puisque les évènements décrits dans Anges & démons sont antérieurs à la calamiteuse aventure parigote de ce cher Robert Langdon. Des considérations temporelles qui n’ont que bien peu d’importance, étant donné que le seul point commun des deux films est ce héros inébranlable, toujours bien peigné même lorsqu’il frôle la mort, et dont l’évolution psychologique est absolument inexistante (alors que son évolution capillaire est foudroyante). En revanche, l’important, c’est que Anges & démons est un bien meilleur film que Da Vinci code. Allons même plus loin (car être meilleur que Da Vinci code s’apparente à être moins chauve que Kojak ou plus honnête que Patrick Balkany, soit l’évidence même) : c’est un divertissement certes pas révolutionnaire, mais plutôt charmant à suivre, deux heures dix d’une course contre la montre pas haletante mais en tout cas pas ennuyeuse.
Si Ron Howard n’est toujours pas un grand metteur en scène, pas plus qu’un grand metteur en images (quelques scènes en fin de film faisant subsister l’espoir), il faut bien reconnaître que sa dernière pondaison est plutôt bien fichue parce qu’assez excellemment rythmée. Plus que le monteur, c’est le scénariste qu’il convient d’applaudir : monsieur David Koepp, spécialiste des cas désespérés, est cette fois venu prêter main forte au mauvais Akiva Goldsman, dont la filmographie est pour le moins édifiante. Sous sa plume, le pavé de Dan Brown a visiblement subi un vrai travail d’adaptation : coupé, réarrangé, resserré pour ne pas risquer de saturer ou affliger le spectateur comme l’avait fait Da Vinci code. De fait, on n’a guère le temps de bailler tant les péripéties s’enchaînent avec une relative fluidité. Relative car seul Langdon (Hanks, assez à l’aise) semble comprendre les rouages de la machination complexe qui se trame et à saisir le sens des indices obscurs s’offrant à lui dans diverses lectures et œuvres d’art éparpillées dans Rome. C’est ce qui empêche le film d’être réellement addictif, alors que sa courte unité de temps (une demi-journée, avec la menace de voir un cureton mourir toutes les heures) aurait pu en faire un 24 version grand écran : on ne pige pas tout et on en vient à lever les yeux au ciel lorsque le héros, en traçant quelques points au marqueur sur une carte, parvient à trouver le lieu du prochain crime.
Qu’à cela ne tienne : étrangement, on en vient à se moquer complètement du manque de crédibilité de cette jolie promenade romaine qui offre son lot de morceaux de bravoure assez bien foutus. Notamment dans la dernière demi-heure, la meilleure du film, qui nous réserve une série de rebondissements et de révélations dont seul Dan Brown a le secret. La scène de la simili-apocalypse, avec le ciel brillant de mille feux, est grandiose car excessive en diable et parfaitement tirée par les cheveux. Le twist final autour des tenants et aboutissants de l’affaire (Illuminati, camerlingue et tutti quanti) est lui aussi réussi : absolument hénaurme, mais servi avec une bonne foi et une efficacité qui pourraient presque laisser admiratif. Agaçant et pas franchement profond, Anges & démons brille surtout par comparaison avec un Da Vinci code qui ratait consciencieusement toutes ses scènes-clés et gâchait son potentiel de grand-guignol. Celui-là assume pleinement son statut de blockbuster moyennement futé, et c’est sur cet aspect qu’il semble plutôt réussi.




Anges & démons (Angels & demons) de Ron Howard. 2h20. Sortie : 13/05/2009.

9 mars 2009

L'ENQUÊTE - THE INTERNATIONAL

Il suffit parfois d'une scène pour empêcher un bon film d'être un grand film. Au milieu de L'enquête, il y a en effet une longue scène de fusillade dans laquelle Clive Owen et quelques autres échangent des coups de feu jusqu'à plus soif, réduisant en miettes le musée Guggenheim de New York dans lequel ils se trouvent. Faites confiance à Tom Tykwer, metteur en scène souvent très inspiré (à un Parfum près) : cette scène est techniquement irréprochable, bien découpée, impressionnante et pétaradante. Le problème, c'est qu'il est juste aberrant d'avoir inséré un gunfight aussi bruyant et spectaculaire dans ce qui était jusque là un polar tendu et mutique jouant la carte du réalisme discret. En une seule scène Tykwer abime la haute crédibilité de son film, cassant totalement sa belle mécanique et son faux rythme absolument soufflant. L'enquête ne se relèvera jamais vraiment de cette tache d'huile.
C'est d'autant plus dommage que le début est extrêmement brillant : en une scène, Tykwer plante le décor et nous installe dans un film d'espionnage inquiet, moderne et déprimant, sublimé par une mise en scène au couteau. L'ensemble rappelle le récent (et excellent) Espion(s) par son refus du sensationnel. Clive Owen est au meilleur de sa forme dans une prestation rappelant celle des Fils de l'homme, les deux personnages étant animés par des valeurs pas si éloignées. Mettant en place une intrigue sinueuse créant au départ une perte de repères assez grisante, L'enquête finit par révéler sa véritable nature : sous le polar se cache un film à charge contre les institutions bancaires, le capitalisme, et la façon dont les financiers nourrissent la crise pour en faire un fond de commerce. De quoi mettre le moral à zéro, l'ensemble étant rendu très crédible par un traitement rappelant par endroits Les hommes du président ou les films de Sidney Lumet.
Longtemps, on admire l'évolution des personnages, le refus du passage obligé, l'admirable profil bas d'une Naomi Watts finalement peu présente à l'écran (elle apparaît et disparaît régulièrement, de façon fort compréhensible). On prend un cours d'économie express et une belle leçon de cinéma. Puis patatras, on débarque au Guggenheim, et c'est le début de la fin. Une fois sorti du musée, le film tangue, titube, comme rendu sourd par autant de coups de feu. Et s'il reprend le cours de son propos, il ne retrouvera jamais l'intensité du début, malgré la réflexion finale sur le sacrifice et l'intérêt de faire tomber les grands de ce monde. Un peu ratée, la dernière scène entre Clive Owen et Ulrich Thomsen n'arrange rien : bien que très classe, souvent haletant et regorgeant informations passionnantes, L'enquête ne dépassera finalement pas le stade du bon divertissement stylé. Regrets éternels.
7/10
(également publié sur Écran Large)

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

7 nov. 2007

LES PROMESSES DE L'OMBRE

Les promesses de l'ombre est un bon film. Pas un bon Cronenberg. On pourrait s'arrêter là, les non-fans du réalisateur canadien n'ayant à peu près rien à faire dans les parages tandis que les aficionados risquent de ressentir une profonde frustration.
C'est que la plupart des thèmes chers à Cronenberg sont bel et bien présents ici, mais sous un jour plutôt mineur, n'apportant pas grand chose à l'immense filmographie du cinéaste. Encore une histoire d'identité(s) perdue(s), toujours ces personnages inquiétants dont la seule peau suffit à résumer leur vie... Et tout plein de sang qui gicle, d'incisions gerbantes et de membres broyés. Cette histoire-là est simple, sans doute la plus claire que Cronenberg ait eu à traiter, et sa construction est d'autant plus agréable qu'elle laisse le loisir au spectateur de combler lui-même les ellipses à peine marquées. Mais c'est sans doute du côté de sa mise en scène et de sa direction d'acteurs que le film pêche un brin. On ne retrouve pas vraiment le savoir-faire de Cronenberg, qui d'habitude réinvente ses obsessions de façon permanente en proposant des plans savamment tordus, des jeux de miroir pervers, des installations cliniques. L'image des Promesses de l'ombre est même carrément moche, le réalisateur ne semblant à l'aise que dans les quelques pointes de violence du film.
Même sans être avide d'hémoglobine, on doit bien reconnaître que ce sont dans ces instants où l'homme se transforme en bête et massacre ce qui le menace que le film se fait le plus saisissant. Béni soit Viggo Mortensen, globalement à l'aise, qui prête son corps puissant (et même sa zigounette) au service du film. On ne peut pas vraiment en dire autant de Naomi Watts, assez transparente dans le rôle féminin le plus faible de la filmo cronenbergienne. Son personnage est désespérément unidimensionnel, pétri de bonnes intention, sans aspérité. Dès lors, la confrontation tourne court. En dépit de l'amusante prestation de Vincent Cassel, on subit ces Promesses de l'ombre plutôt intéressantes mais jamais vraiment transcendantes, preuve irréfutable de la lassitude de Cronenberg, qui ne parvient plus à dénicher d'histoires assez singulières pour vraiment s'éclater.
7/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
© 2009 TOUJOURS RAISON.. Tous droits réservés
Design by psdvibe | Bloggerized By LawnyDesignz