
Dhalia met ces histoires en scène avec une délicatesse infinie et une patience d'ange, captant avec précision les atermoiements et états d'âme de la jeune fille, mais aussi les désaccords qui rongent le couple formé par Vincent Cassel et Debora Bloch, et qui vont bien au-delà d'une histoire d'adultère. Les problèmes d'argent, qui dévastent le foyer, nuisent d'autant plus à l'équilibre familial que le père dispose d'une solution simplissime pour y remédier : vendre les droits d'un roman à succès dont il est l'auteur à un producteur moyennement réputé dans le métier. D'où une réflexion en filigrane sur le statut de l'artiste et celui de l'homme, tiraillé entre des principes moraux et des besoins vitaux.
La force de À deriva, c'est que son traitement apparemment superficiel - amours de vacances et petites trahisons - cache un vrai film fort proposant des sentiments contrastés émergeant au final dans une belle unité. Le tout est transcendé par la photographie absolument magnifique de Ricardo Della Rosa, qui part d'un Brésil façon carte postale et le transforme peu à peu en une fournaise presque suffocante. C'est tout le sel de ce film en perpétuelle mutation, du juvénile au sensuel, du bleu pastel au rouge baiser, qui fait d'Heitor Dhalia un cinéaste à suivre.

À deriva de Heitor Dhalia. 1h41. Sortie : 09/09/09.
Critique publiée sur Écran Large. Autre critique sur Laterna magica.