
Des années plus tard, Lascars le film est emprunt de la même modernité (réactualisée) et de la même envie de montrer le djeunz tel qu'il est - c'est-à-dire souvent médiocre et irresponsable - mais aussi de lui rendre hommage. Échappant à toute diabolisation mais ne versant pas non plus dans l'angélisme, Lascars est avant tout une bonne tranche de rigolade, une aventure rythmée et emballante dans laquelle chacun pourra trouver son compte. Très street, l'esthétique est particulièrement réussie, piochant dans les atouts de la 3D tout en respectant parfaitement les origines de la série, à savoir une 2D modeste, étrangement colorée, simple et efficace afin de privilégier gags et situations. C'est très réussi : on ne perd pas son temps à s'ébahir - et il y aurait de quoi - car le style n'est pas la finalité du film.
S'il demeure quelques réminiscences de la série, Lascars bénéficie d'un scénario original et bien construit, qui a le mérite de ne pas reprendre les bonnes vieilles recettes des meilleurs épisodes. Ce n'est pas une succession de sketches, mais un vrai long-métrage, avec une histoire qui tient la route et une construction façon film choral où tous les personnages finissent par se retrouver à la fin. Un final totalement décoiffant, qui clôt l'ensemble sur une note totalement enthousiasmante. Tout ce qui précède était déjà très emballant, malgré quelques légères baisses de rythme : bénéficiant d'identités vocales fortes (le doublage est globalement excellent), les personnages sont attachants, faciles à cerner sans être trop schématiques, et surtout d'une drôlerie à toute épreuve. Bons mots façon banlieue - mieux vaut connaître quelques rudiments de verlan et d'argot - et situations cocasses sont à la base de ce divertissement formidable, qui prouve que l'animation française et l'humour de banlieue ne sont pas des gros mots. Condé-sur-Ginette, cent minutes d'arrêt.

Lascars d'Albert Pereira-Lazaro & Manu Klotz. 1h36. Sortie : 17/06/2009.
Autre critique sur Sur la route du cinéma.