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20 nov. 2008

MESRINE - L'ENNEMI PUBLIC N°1

Dans L'instinct de mort, Jacques Mesrine était décrit comme un personnage complexe, avec un passé, des états d'âme, et notamment un amour de l'humour qui ne l'empêchait pas, au final, d'être un sale con. Bien que L'ennemi public n°1 en soit la suite directe, on ne retrouve pas ce Mesrine-là. Le héros de ce second film est un Scarface version franchouille, qui multiplie les bons mots et les cadavres tout en faisant rêver la ménagère et l'amateur de petites vannes. Il faut reconnaître à Jean-François Richet le talent d'avoir su livrer deux films bien différents, tant dans les points de vue présentés que côté mise en scène. Mais pourquoi diable réduire en bouillie les beaux efforts du premier volet, qui faisait de Mesrine un type détestable avant tout, mais rendu plus riche que cela par la multiplicité des personnalités qui le composent ? Si l'on ôte à cette deuxième partie ses nombreuses fusillades et les nombreuses petites blagues du bonhomme, il ne reste plus rien ou presque. On comprend bien que la fin de la vie de Mesrine ne fut que braquages et coups de force, et que les hésitations des débuts n'ont plus lieu d'être. Mais était-ce bien la peine de nous infliger ces deux heures dix répétitives, qui n'apportent finalement rien au dossier Mesrine si ce n'est une glorification involontaire ? Nul doute que, comme Scarface avant lui, le Mesrine de L'ennemi public n°1 va faire rêver les petits cons (et les plus grands, aussi, d'ailleurs), qui verront en lui un modèle. Pensez donc : fric facile, gonzesses à gogo, adrénaline à plein tube, et multiples bras d'honneur adressés aux institutions du pays. Le rêve, en somme. Évidemment, le portrait dressé par le film n'est pas aussi catégorique : oui, Mesrine est une brute qui ne pense qu'à la gloire et au fric ; oui, il utilise des prétextes politiques alors qu'il n'y comprend absolument rien... Mais prenez une salle de cinéma, observez-la, et vous n'entendrez que des rires et des murmures d'admiration. Regrettable.
Impossible donc de voir en L'ennemi public n°1 autre chose que deux heures d'action débridée. Et s'il faut avouer que Richet n'est pas manchot derrière une caméra, le traitement choisi est lui aussi inférieur à celui de L'instinct de mort. Ici, la réalisation semble plus "française", ce qui semble assez illogique étant donné que le film a une intrigue plus "ricaine" que le précédent. Même les interprètes semblent moins habités (sauf Cassel, toujours aussi impeccable) : Ludivine Sagnier se plante en beauté, tout comme Gérard Lanvin (mais lui c'est étonnant). Quant à Olivier Gourmet, son commissaire Broussard semble un peu terne et absent, et ne restera pas dans les annales. L'ennemi public n°1 est donc un gros divertissement bien bourrin, qui multiplie les rebondissements improbables (mais possibles puisque véridiques) et pourra donc emmener le spectateur dans son sillage spectaculaire. Concernant le portrait de Jacques Mesrine, on se contentera allègrement du premier volet.
5/10

29 févr. 2008

DISCO

Grisés par les 5 millions d'entrée d'un Camping assumant sympathiquement son statut de film beauf et populaire, Fabien Onteniente et Franck Dubosc ont remis ça. Disco entend surfer sur ce qui fut un phénomène de société et demeure aujourd'hui encore comme l'un des symboles récurrents de la nostalgie à la française. On espérait un hommage tendre à une culture musicale qui anima la jeunesse des quadras et quinquas ; Onteniente nous livre un film vulgaire et pas drôle, qui mise absolument tout sur la seule personnalité de Dubosc. Ce dernier n'étant pas vraiment aussi drôle que Will Ferrell, le ratage est complet.
Disco signe la faillite du système Dubosc, qui fut un temps un espoir de l'humour à la française avant de rapidement s'enfermer dans un seul et unique personnage et de ressasser encore et encore les mêmes vannes, comme une vieille cassette tournant en boucle. La vacuité du scénario met en avant les limites du bonhomme, qui n'a plus que quelques slips kangourou et autres tenues ringardes pour tenter de nous arracher un sourire. Pathétique. Et malgré l'abattage de quelques comédiens qui gardent miraculeusement la tête hors de l'eau (notamment Béart et Le Bihan, à l'origine des rares séquences supportables), on sera bien en peine de trouver un quelconque potentiel comique dans ce marasme. L'absence de gags (même mauvais) est criante, et la plupart des scènes sentent le remplissage.
Et l'esprit disco dans tout ça ? Quelques tubes pas trop démodés pour vendre des B.O., trois pauvres scènes de danse vite expédiées, et puis c'est tout. Onteniente n'exploite même pas à fond l'idée déjà vue mais souvent efficace du concours de danse. Mieux vaut revoir dix fois un Podium plus ambitieux et réussi sur tous les plans (comédie, disco attitude, portrait d'un ringard se cachant derrière sa passion) que de s'infliger ce sinistre spectacle qui ne manquera pas d'attirer en masse les fans transis d'un rigolo plus has been que les personnages qu'il défend.
1/10
(sortie le 2 avril)
(également publié sur Écran Large)

25 janv. 2008

FRONTIÈRE(S)

Le voilà donc, le film qu'on annonçait comme le monument trash de l'année, celui qui allait révolutionner le cinéma de genre français... Autant le dire tout de suite, Frontière(s) ne remplit pas vraiment son contrat, provoquant plus de frustration que d'exaltation. Il y a de quoi perdre espoir et se résoudre au fait que, décidément, la France ne saura jamais produire autre chose de bon que des films intellos. C'est que, réflexion faite, le film de Xavier Gens penche plus du côté de Kim Chapiron (réalisateur d'un Sheitan attachant mais foireux) que de celui de Tobe Hooper et Wes Craven. Pour celui que l'on imaginait devenir le pape de l'horreur malsaine made in hexagone, voilà qui fait tache.
Frontière(s) part mal, très mal, nous imposant des personnages comme autant de clichés ambulants. Plombées par des dialogues artificiels, les relations entre ces racailles (pour reprendre un mot cher à notre président chéri) sonnent faux, tant et si bien que l'on se moque rapidement de ce qu'il risque de leur arriver. Comme dans À l'intérieur, autre grosse déception du genre, le scénario nous impose un contexte vaguement politique, celui des émeutes en banlieue, s'emparant de faits divers récents avec un opportunisme assez putassier. Le traitement est démago, et cet enrobage pseudo-sociologique n'a de plus aucun intérêt dans l'avancée du récit.
La famille de freaks chez laquelle atterrit notre bande de djeunz est composée de bons gros nazis faisant du renouvellement de la race aryenne un objectif majeur. Pourquoi pas. Mais Gens se prend pour un auteur, tentant de mêler à cela l'ombre d'avril 2002, des émeutes de 2005, et du troisième Reich. On se serait volontiers passé de cet arrière-plan franchement dispensable, d'autant qu'il nous est imposé avec une légèreté de bûcheron. Le personnage du patriarche, accent germanique prononcé et goût certain pour les tortures d'antan, fait sourire : on s'attendrait presque à ce que son bras soit pris de spasmes proches du salut hitlérien, façon Dr. Folamour. Sauf qu'on n'est pas là pour rigoler.
C'est lorsque Frontière(s) rentre enfin de plein fouet dans l'horreur pure que Gens se montre le plus à son aise : si la dégueulasserie n'atteint pas tout à fait le niveau promis, les sévices sont nombreuses et vicieuses, et le sang gicle comme il se doit. Dans ses meilleurs moments, le film a de quoi faire penser à Massacre à la tronçonneuse ou La dernière maison sur la gauche. Trop rarement hélas, mais ces instants-là ont de quoi faire jubiler. D'autant que le casting de cette famille de barjos a de quoi impressionner : tous ou presque se montrent très justes dans leurs excès, contribuant au malaise ambiant. Confirmant un réel tempérament d'actrice, Estelle Lefébure irradie le film en salope sanguinaire (il n'y a pas d'autre mot). C'est l'une des bonnes nouvelles d'un film assez rageant, qui souffre malheureusement d'une mise en scène souvent trop franchouillarde et d'un vrai manque de souffle côté scénar. D'habitude, ce genre de critique se termine par un message d'espoir destiné à encourager les jeunes cinéastes qui osent afin qu'ils persistent dans leur quête de style et de réussite. Goutte d'eau faisant déborder le vase, Frontière(s) donne plutôt envie de se décourager totalement.
5/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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