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7 juil. 2009

BANCS PUBLICS (VERSAILLES RIVE DROITE)

On reconnaîtrait entre mille le style Podalydès, situé quelque part entre Sempé, Tati et Desproges. Bancs publics n'échappe pas à la règle, affichant sa singularité et son originalité à la face d'un cinéma français souvent monolithique. Poda réécrit la comédie humaine sous forme d'un film à sketches, à moins que ce ne soit une pièce en trois actes : la construction mêle habilement les genres, se jouant des conventions avec une candeur rigolarde. Et c'est parti pour un défilé de gueules connues - une trentaine -, ce qui ne manquera pas de faire penser au triste Musée haut, musée bas de Jean-Michel Ribes. Le schéma est d'ailleurs un peu le même, puisque le film papillonne d'un groupe de personnages à un autre, insistant sur quelques unes de leurs obsessions.
La comparaison s'arrête là : Podalydès possède un talent inné pour faire vivre les situations et écrire des dialogues brillamment à côté de la plaque. Très foisonnant, le film peine cependant à trouver une vraie cohérence et à imposer son rythme, entrant de temps à autre dans une léthargie heureusement éphémère car rapidement interrompue par l'irruption d'une scène hilarante ou d'un trait de génie visuel. Problème : dans tout film "choral" qui se respecte, certains segments sont plus convaincants que d'autres. C'est vrai ici comme ailleurs, et le monologue plein de lapsus tendancieux de Pierre Arditi ou l'intervention courte mais affligeante de Thierry Lhermitte font partie de ces moments absolument indignes de leur auteur.
Le premier tiers de Bancs publics se déroule dans un bureau, le deuxième dans un jardin public à l'heure du déjeuner. Mais c'est véritablement le troisième qui donne au film toute sa saveur : situé dans un magasin de bricolage, il confirme la filiation Poda/Tati, orchestrant une chorégraphie burlesque et parfois inquiétante autour du ballet des clients et des vendeurs. Cette dernière partie offre au film ses moments les plus drôles et surréalistes, et prouve une fois encore que Bruno Podalydès n'est pas qu'un cinéaste attirant : c'est aussi un acteur renversant, avec une gouaille teintée de douceur. Son frère Denis n'est pas mal non plus. Et l'on quitte avec regrets cette longue déclaration d'amour à l'humain. Regrets que le film n'ait pas su éviter les coups de mou. Regrets de quitter certains personnages. Une impression contrastée pour un film cependant bien difficile à oublier.




Bancs publics (Versailles rive droite) de Bruno Podalydès. 1h50. Sortie : 08/07/2009.
Critique publiée sur Écran Large. Autre critique sur Laterna Magica.

1 juil. 2009

LE HÉRISSON

« Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? », s'interrogeait Pedro Almodóvar il y a un quart de siècle. Une question toujours d'actualité, notamment pour qui vient de gâcher une centaine de minutes devant Le hérisson, libre adaptation - paraît-il assez fidèle - du best-seller surprise de Muriel Barbery. Si le roman avait divisé, le film devrait logiquement faire l'unanimité tant il déploie une vacuité constante de la première à la dernière image. Ça commence avec cette petite fille supérieurement intelligente et donc suicidaire, qui se met en tête de faire un film sur ceux qui l'entourent - et qu'elle méprise. On sait dès l'annonce de ce suicide programmé qu'elle ne passera jamais à l'acte ; et on le regrette âprement, tant le personnage n'est qu'une baudruche et tant son interprète ressemble à un plaidoyer pour la vasectomie. Que la petite Paloma soit une gosse surdouée, soit ; que ça l'autorise à débiter des phrases interminables et absolument factices, non.
Le hérisson ne raconte pour ainsi dire rien du tout, si ce n'est la rencontre en triangle de Paloma, de la concierge taciturne de son immeuble et d'un nouveau locataire d'origine japonaise. Ce dernier est le moins inintéressant car il parle peu. Face à lui, une Josiane Balasko toujours aussi persuadée que porter une tignasse bien crasseuse est une condition nécessaire et suffisante pour être convaincante (rappelez-vous Cette femme-là). Les échanges des 3 personnages sont d'une banalité absolue, le seul et unique message semblant être le très rengaine « méfiez-vous des apparences ». Alors oui, certes, on veut bien aller au-delà de l'enveloppe physique, mais pourquoi faire ? Pour découvrir que la concierge a lu plein de bouquins, ce qui semble immédiatement faire d'elle quelqu'un de très bien ? Le film ne va pas plus loin que ça, et c'est assez consternant.
La forme est elle aussi assez agaçante. Très souvent, l'action est vue à travers la caméra de la jeune fille, qui déblatère en voix off contre le monde entier. L'image est d'une laideur assez terrible - le reste du temps elle n'est qu'ordinaire - et la voix assez inaudible. Comme si le calvaire n'était pas suffisant... Et puis il y a la fin. Comme souvent dans les films qui n'ont rien à raconter, elle est pire que tout, histoire de créer un semblant de surprise chez le spectateur bien déterminé à comprendre pourquoi il a payé son ticket. Le dénouement du Hérisson est plus idiot que tout ce qui précède, versant tout à coup dans le lacrymal le plus total. La dernière impression est la bonne : celle d'un film manipulateur et manichéen, qui réjouira peut-être deux ou trois petites vieilles mais ne manquera pas d'en consterner plus d'un.




Le hérisson de Mona Achache. 1h45. Sortie : 03/07/2009.
Critique publiée sur Écran Large. Autre critique sur Sur la route du cinéma.

21 nov. 2008

MUSÉE HAUT, MUSÉE BAS

Un peu de hors-sujet : traditionnellement réservées au cinéma, ces lignes vont, une fois n'est pas coutume, parler d'autre chose. Car Musée haut, musée bas n'est pas un film : c'est juste une sinistre blague d'une heure et demie, un pur ramassis de connerie à réserver aux plus réactionnaires des réactionnaires. À l'image de ce que fait Jean-Michel Ribes dans la vie de tous les jours, c'est une succession de faux bons mots dont la trivialité n'a d'égale que la platitude, une accumulation de petites thèses bien couillonnes qui prétendent offrir un autre regard sur le monde. Le monde de l'art est ici particulièrement visé : ainsi donc, ceux qui fréquentent les musées sont soit des beaufs sans nom, soit les pires snobinards de l'univers, qui gobent sans broncher n'importe quelle arnaque qui se présente comme une oeuvre d'art. Et le ton comique (?) n'excuse pas tout : c'est bien de mépris pur et simple dont il s'agit. Que môssieur Ribes n'aime pas les musées, très bien ; qu'il crache dessus parce qu'il n'est pas capable d'apprécier ce qui se présente autrement que sous la forme d'un bête tableau, non.
Succession de sketches se répétant à l'envi, Musée haut, musée bas pratique plusieurs genres d'humour. D'abord, Ribes nous inflige dix mille maximes à la minute, transformant les "Brèves de comptoir" qu'il adapta pour la télévision en "brèves de musée". Ne leur manque que le naturel et la drôlerie, c'est-à-dire l'essentiel. Mais l'autre grand dada du monsieur, c'est le running gag. On n'en a jamais vu autant en moins de cent minutes. Encore et encore, sans jamais fléchir, une série de quatre ou cinq petits gags miteux vont se répéter sous nos yeux ébahis. Donner de grandes leçons en étant soi-même au ras des pâquerettes : il ne faut pas avoir grande fierté pour proposer un tel spectacle.
Au milieu de ce marasme, une trentaine d'acteurs connus s'emploie à défendre des textes imbitables et sans tempo, filmés par une caméra amorphe. Et c'est là que se produit le déclic. Mais, morbleu, Musée haut, musée bas n'est que la gigantesque adaptation de ces fameuses publicités pour plusieurs enseignes de banques et assurances, qui emploient tout un tas d'acteurs pour appâter le chaland (l'une de ces séries de pub s'inspire même directement de Palace, série de... Jean-Michel Ribes). Comme dans ces navrants spots télévisés, chacun vient faire sa panouille pendant cinq minutes, avant de disparaître en coulisses pour aller toucher son chèque. La différence, c'est que Musée haut, musée bas dure une heure et demie et qu'il est impossible de zapper. Le soulagement est grand lorsque, enfin, le musée disparaît littéralement sous les eaux : cette conclusion symbolique, qui boucle ce gigantesque naufrage, vient également mettre un terme à nos souffrances. À fuir absolument.
0/10
(également publié sur Écran Large)

8 oct. 2008

CLIENTE

« La vie c’est pas du tiramisu ». Citation extraite de l’un des morceaux d’un rappeur dont on ne veut surtout pas retenir le nom, et qui a écrit (c’est comme ça que ça s’appelle) une partie de la bande originale du nouveau Balasko. Non, c’est vrai, la vie c’est pas du tiramisu, pas plus que Cliente n’est un bon film. Certes, le postulat était courageux, mais le développement a de quoi donner de l’urticaire de par sa tiédeur et sa fréquente grossièreté. On se demande bien ce qui, là-dedans, a longtemps effrayé les producteurs, qui refusèrent tout net de financer un tel projet, contraignant Balasko à en faire un bouquin (à succès) avant de pouvoir en faire un film. Le film a beau parler d’une femme qui se paye des hommes (et surtout un, en l’occurrence), il ne brise aucun tabou, n’apporte aucune information intéressante, n’offre aucune peinture de ce milieu méconnu. Le rapport gigolo - cliente n’est en fait utilisé que pour huiler les ressorts d’un mélodrame pleurnichard et souvent hystérique, qui ne fait pas de mal à une mouche mais peut rapidement exaspérer.
Dès la mise en place du sujet, on sent que ça cloche. N’assumant visiblement pas le sérieux des thèmes abordés, elle dispense çà et là des gags et répliques tagada tsouin-tsouin, qui décrédibilisent aussitôt l’ensemble. Exemple le plus édifiant, ce couple de pédés façon Cage aux folles, qui envisage de regarder Brokeback mountain. Qu’est-ce que ça fait là ? On n’en sait rien. Qu’est-ce que ça provoque ? Un désintérêt total. Mais parce qu’il reste une heure à tenir, on décide de s’accrocher tant bien que mal. Tout ça pour se taper une heure d’atermoiements d’Isabelle Carré, d’allers-retours d’Eric Caravaca (y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, mais à ce point…), et d’apparitions désespérantes des Balasko mère et fille, dans des seconds rôles ni faits ni à faire, aussi inutiles que schématiques.
Heureusement, il y a Nathalie Baye, la classe incarnée, qui s’acquitte plutôt bien du rôle le moins mal taillé du lot. Elle ne parviendra cependant pas à faire oublier la vacuité totale de ce pétard mouillé que sa fin moralisatrice au possible assure d’être diffusé en prime-time sur TF1 d’ici un an et demi. « La vie c’est pas du tiramisu » : on ne sait pas bien ce que ça veut dire, mais ça semble tout à coup plus poétique que le long téléfilm estampillé qualité France que l’on vient de subir pendant pas loin de deux heures.
3/10

19 déc. 2007

LA CLEF

Guillaume Nicloux est vraiment un garçon énervant. Plein de talent, et pas un seul film convaincant à ce jour (enfin si, le délicieux Poulpe, qui commence déjà à dater sérieusement). La clef souffre des mêmes maux qu'Une affaire privée et Cette femme-là, premières pièces d'une trilogie qui n'en est pas une. Au départ, pourtant, Nicloux semble avoir trouvé sa voie. Cette fois, il laisse de côté sa volonté de styliser à tout prix, proposant un filmage plus baroque mais pas moins âpre. L'intrigue est mystérieuse et vraisemblablement alambiquée, mais quelque chose nous pousse à nous accrocher à ce fil d'Ariane. On y retrouve avec amusement les obsessions de l'auteur, du pouvoir symbolique de la cigarette jusqu'au pouvoir dévastateur des liens du sang.
La crudité est de mise, Nicloux ne nous épargnant aucune cicatrice ni aucun cadavre, et si les images sont impressionnantes, cela sent tout de même la gratuité. Agaçant, tout comme l'utilisation systématique des acteurs dans des contre-emplois, comme si leur donner la tronche la plus dégradée du monde allait les rendre plus crédible. Assez vite, La clef finit par ressembler à une galerie de tronches plus qu'à un film. Et puis les noeuds de l'intrigue se relâchent, et l'on comprend une fois de plus que l'on s'est légèrement fait berner. Nicloux possède un talent incontestable pour créer des ambiances, pour appâter le chaland en lui promettant des aventures intrigantes et angoissantes. Seulement voilà : derrière cette atmosphère prenante, on réalise une nouvelle fois qu'il n'y a rien. On sort de La clef comme d'un dîner gargantuesque à l'issue duquel on aurait encore faim : immensément frustré, sans vraiment comprendre pourquoi tout cela n'a pas tenu au corps.
Avant de vouloir à tout prix révolutionner le polar français (et il en est capable), Guillaume Nicloux devrait d'abord revenir à des projets plus intimes et moins tordus, histoire d'engager une vraie relation avec le public, et peut-être de prendre conscience que la simplicité a parfois du bon. Sans être désespérante, cette Clef, avec son lot d'acteurs bien hétérogène (Paradis et Rochefort pas mal, Balasko à fuir) a tout de même des allures de gâchis. Si cela pouvait servir de leçon...
5/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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