
La crudité est de mise, Nicloux ne nous épargnant aucune cicatrice ni aucun cadavre, et si les images sont impressionnantes, cela sent tout de même la gratuité. Agaçant, tout comme l'utilisation systématique des acteurs dans des contre-emplois, comme si leur donner la tronche la plus dégradée du monde allait les rendre plus crédible. Assez vite, La clef finit par ressembler à une galerie de tronches plus qu'à un film. Et puis les noeuds de l'intrigue se relâchent, et l'on comprend une fois de plus que l'on s'est légèrement fait berner. Nicloux possède un talent incontestable pour créer des ambiances, pour appâter le chaland en lui promettant des aventures intrigantes et angoissantes. Seulement voilà : derrière cette atmosphère prenante, on réalise une nouvelle fois qu'il n'y a rien. On sort de La clef comme d'un dîner gargantuesque à l'issue duquel on aurait encore faim : immensément frustré, sans vraiment comprendre pourquoi tout cela n'a pas tenu au corps.
Avant de vouloir à tout prix révolutionner le polar français (et il en est capable), Guillaume Nicloux devrait d'abord revenir à des projets plus intimes et moins tordus, histoire d'engager une vraie relation avec le public, et peut-être de prendre conscience que la simplicité a parfois du bon. Sans être désespérante, cette Clef, avec son lot d'acteurs bien hétérogène (Paradis et Rochefort pas mal, Balasko à fuir) a tout de même des allures de gâchis. Si cela pouvait servir de leçon...
5/10
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