
Succession de sketches se répétant à l'envi, Musée haut, musée bas pratique plusieurs genres d'humour. D'abord, Ribes nous inflige dix mille maximes à la minute, transformant les "Brèves de comptoir" qu'il adapta pour la télévision en "brèves de musée". Ne leur manque que le naturel et la drôlerie, c'est-à-dire l'essentiel. Mais l'autre grand dada du monsieur, c'est le running gag. On n'en a jamais vu autant en moins de cent minutes. Encore et encore, sans jamais fléchir, une série de quatre ou cinq petits gags miteux vont se répéter sous nos yeux ébahis. Donner de grandes leçons en étant soi-même au ras des pâquerettes : il ne faut pas avoir grande fierté pour proposer un tel spectacle.
Au milieu de ce marasme, une trentaine d'acteurs connus s'emploie à défendre des textes imbitables et sans tempo, filmés par une caméra amorphe. Et c'est là que se produit le déclic. Mais, morbleu, Musée haut, musée bas n'est que la gigantesque adaptation de ces fameuses publicités pour plusieurs enseignes de banques et assurances, qui emploient tout un tas d'acteurs pour appâter le chaland (l'une de ces séries de pub s'inspire même directement de Palace, série de... Jean-Michel Ribes). Comme dans ces navrants spots télévisés, chacun vient faire sa panouille pendant cinq minutes, avant de disparaître en coulisses pour aller toucher son chèque. La différence, c'est que Musée haut, musée bas dure une heure et demie et qu'il est impossible de zapper. Le soulagement est grand lorsque, enfin, le musée disparaît littéralement sous les eaux : cette conclusion symbolique, qui boucle ce gigantesque naufrage, vient également mettre un terme à nos souffrances. À fuir absolument.
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(également publié sur Écran Large)