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22 juin 2009

TELLEMENT PROCHES

Jouer la carte de l’identification avec le spectateur, lui permettre de faire le lien entre ce qui se trame à l’écran et sa propre vie de famille : tel est le moteur du cinéma du duo Nakache – Toledano, qui s’est spécialisé dans le divertissement familial / sympa / chaleureux (aucune mention inutile). C’est à la fois la force et la limite de ce Tellement proches qui ne manquera pas de nous parler à un moment ou à un autre, mais qui manque parfois aussi de fond ou de liant. On ne va pas faire la fine bouche : voici un film exécuté avec ardeur par deux jeunes mecs qu’on sent absolument désireux de toucher les gens, sans calcul mais avec beaucoup d’intentions. Avec une ambition supplémentaire, à savoir inverser les schémas classiques de la chronique familiale.
Contrairement à bien d’autres films du genre, réussis ou non, Tellement proches débute (ou presque) par le récit d’un dîner en famille réunissant deux sœurs, leur frère, les pièces rapportées et quelques gamins. Ceux-ci sont d’ailleurs en dehors de la norme, puisque décrits soit comme de vrais démons (le petit Lucien fait passer le lapin Duracell pour un grabataire) ou comme des bêtes à concours d’un ennui mortel (pratiquant douze activités, parlant quatre langues mais n’ayant aucune personnalité). Toledano et Nakache ont donc choisi de réunir les personnages avant de les séparer et de les confronter à leurs problèmes individuels, lesquels ne tarderont pas à devenir collectifs. Le léger hic, c’est qu’après ce dîner très réussi, le film peine un peu à retrouver ses marques – sans jamais cesser d’être drôle, notamment grâce à ses comédiens.
Il faut dire qu’ils sont tous bons, d’un Vincent Elbaz toujours épatant en éternel ado (pas loin de devenir un vieux beau) à une Audrey Dana belle et hilarante dans le rôle le plus excessif du lot. Tellement proches ne fait pas toujours dans la dentelle – les scènes avec Jean Benguigui sont assez poussives – mais ne dilapide jamais son capital sympathie grâce à une énergie de tous les instants. On rit franchement, et plus d’une fois, aux mésaventures tendres et cocasses de cette famille agaçante, désespérante même, mais qui ressemble de si près à la nôtre qu’on ne peut que s’y attacher. Plein d’émotion, le final pourtant casse-gueules est extrêmement touchant et donne envie de faire des gosses, de les aimer et de les regarder grandir. Si ce n’est pas la marque d’une réussite…




Tellement proches d'Olivier Nakache & Éric Toledano. 1h42. Sortie : 17/06/2009.
Critique publiée sur Écran Large. Autre critique sur Sur la route du cinéma.

21 nov. 2008

MUSÉE HAUT, MUSÉE BAS

Un peu de hors-sujet : traditionnellement réservées au cinéma, ces lignes vont, une fois n'est pas coutume, parler d'autre chose. Car Musée haut, musée bas n'est pas un film : c'est juste une sinistre blague d'une heure et demie, un pur ramassis de connerie à réserver aux plus réactionnaires des réactionnaires. À l'image de ce que fait Jean-Michel Ribes dans la vie de tous les jours, c'est une succession de faux bons mots dont la trivialité n'a d'égale que la platitude, une accumulation de petites thèses bien couillonnes qui prétendent offrir un autre regard sur le monde. Le monde de l'art est ici particulièrement visé : ainsi donc, ceux qui fréquentent les musées sont soit des beaufs sans nom, soit les pires snobinards de l'univers, qui gobent sans broncher n'importe quelle arnaque qui se présente comme une oeuvre d'art. Et le ton comique (?) n'excuse pas tout : c'est bien de mépris pur et simple dont il s'agit. Que môssieur Ribes n'aime pas les musées, très bien ; qu'il crache dessus parce qu'il n'est pas capable d'apprécier ce qui se présente autrement que sous la forme d'un bête tableau, non.
Succession de sketches se répétant à l'envi, Musée haut, musée bas pratique plusieurs genres d'humour. D'abord, Ribes nous inflige dix mille maximes à la minute, transformant les "Brèves de comptoir" qu'il adapta pour la télévision en "brèves de musée". Ne leur manque que le naturel et la drôlerie, c'est-à-dire l'essentiel. Mais l'autre grand dada du monsieur, c'est le running gag. On n'en a jamais vu autant en moins de cent minutes. Encore et encore, sans jamais fléchir, une série de quatre ou cinq petits gags miteux vont se répéter sous nos yeux ébahis. Donner de grandes leçons en étant soi-même au ras des pâquerettes : il ne faut pas avoir grande fierté pour proposer un tel spectacle.
Au milieu de ce marasme, une trentaine d'acteurs connus s'emploie à défendre des textes imbitables et sans tempo, filmés par une caméra amorphe. Et c'est là que se produit le déclic. Mais, morbleu, Musée haut, musée bas n'est que la gigantesque adaptation de ces fameuses publicités pour plusieurs enseignes de banques et assurances, qui emploient tout un tas d'acteurs pour appâter le chaland (l'une de ces séries de pub s'inspire même directement de Palace, série de... Jean-Michel Ribes). Comme dans ces navrants spots télévisés, chacun vient faire sa panouille pendant cinq minutes, avant de disparaître en coulisses pour aller toucher son chèque. La différence, c'est que Musée haut, musée bas dure une heure et demie et qu'il est impossible de zapper. Le soulagement est grand lorsque, enfin, le musée disparaît littéralement sous les eaux : cette conclusion symbolique, qui boucle ce gigantesque naufrage, vient également mettre un terme à nos souffrances. À fuir absolument.
0/10
(également publié sur Écran Large)

5 oct. 2008

COLUCHE, L'HISTOIRE D'UN MEC

C'est l'histoire d'un mec qui nous fit pas mal rire pendant les années Nulle part ailleurs, avant de se lancer dans une carrière de réalisateur. En huit ans et quatre films, Antoine de Caunes nous a malheureusement démontré qu'il n'était pas le plus doué des metteurs en scène. Sans être déshonorant, Coluche en est le dernier exemple en date.
Réalisation très carrée, reconstitution soignée et même très amusante, foultitude de gueules connues et pas dénuées de talent : L'histoire d'un mec est a priori irréprochable tant il est exécuté avec envie et passion. Une passion que de Caunes peine malheureusement à nous communiquer : l'euphorie puis la désillusion qui entourèrent la candidature coluchienne aux présidentielles de 1981 ne sont pas assez travaillées pour émouvoir. Un manque d'étincelles qui rend ce spectacle un peu fade et définitivement pas enthousiasmant.
Alors évidemment, il y a François-Xavier Demaison, qui livre une prestation étonnante, ne tombant jamais dans l'imitation (au contraire de l'interprète du professeur Choron, par exemple). Il est un Coluche touchant, dont la relation avec sa femme Véronique (Léa Drucker, épatante) offre au film ses plus beaux moments (même si l'intéressée semble très insatisfaite du résultat). Les nombreux autres seconds rôles sont plus effacés et souvent inutiles, comme si de Caunes avait cherché à caser le plus possible de personnages célèbres dans son film sans pour autant savoir quoi leur faire dire.
Le réalisateur souhaitait éviter de tomber dans les travers du simple biopic et se concentrer uniquement sur une partie cruciale de la courte vie de Coluche. Pourquoi pas : encore eut-il fallu avoir une thèse à défendre, un propos politique à apporter, ou encore une vraie vision de cinéaste. Ici, le parcours de Coluche en 1980 et 1981 se limite à une montée en puissance pleine de rigolade (avec gags dispensables à intervalles réguliers) et une dégringolade forçant sur le pathétique. Si Coluche a trouvé son interprète, il lui manque ici un auteur capable de lui donner une vraie dimension.
6/10
(également publié sur Écran Large)

29 févr. 2008

DISCO

Grisés par les 5 millions d'entrée d'un Camping assumant sympathiquement son statut de film beauf et populaire, Fabien Onteniente et Franck Dubosc ont remis ça. Disco entend surfer sur ce qui fut un phénomène de société et demeure aujourd'hui encore comme l'un des symboles récurrents de la nostalgie à la française. On espérait un hommage tendre à une culture musicale qui anima la jeunesse des quadras et quinquas ; Onteniente nous livre un film vulgaire et pas drôle, qui mise absolument tout sur la seule personnalité de Dubosc. Ce dernier n'étant pas vraiment aussi drôle que Will Ferrell, le ratage est complet.
Disco signe la faillite du système Dubosc, qui fut un temps un espoir de l'humour à la française avant de rapidement s'enfermer dans un seul et unique personnage et de ressasser encore et encore les mêmes vannes, comme une vieille cassette tournant en boucle. La vacuité du scénario met en avant les limites du bonhomme, qui n'a plus que quelques slips kangourou et autres tenues ringardes pour tenter de nous arracher un sourire. Pathétique. Et malgré l'abattage de quelques comédiens qui gardent miraculeusement la tête hors de l'eau (notamment Béart et Le Bihan, à l'origine des rares séquences supportables), on sera bien en peine de trouver un quelconque potentiel comique dans ce marasme. L'absence de gags (même mauvais) est criante, et la plupart des scènes sentent le remplissage.
Et l'esprit disco dans tout ça ? Quelques tubes pas trop démodés pour vendre des B.O., trois pauvres scènes de danse vite expédiées, et puis c'est tout. Onteniente n'exploite même pas à fond l'idée déjà vue mais souvent efficace du concours de danse. Mieux vaut revoir dix fois un Podium plus ambitieux et réussi sur tous les plans (comédie, disco attitude, portrait d'un ringard se cachant derrière sa passion) que de s'infliger ce sinistre spectacle qui ne manquera pas d'attirer en masse les fans transis d'un rigolo plus has been que les personnages qu'il défend.
1/10
(sortie le 2 avril)
(également publié sur Écran Large)
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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