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12 oct. 2009

FrightFest 2009 : TRIANGLE

Fait troublant, Triangle est un film circulaire. Une oeuvre géométrique et vertigineuse où explose Christopher Smith, jusque là relégué au rang de sympathique faiseur. La suprême réussite de son troisième long tient tout d'abord de sa surprenante mutation : qui venait voir un simple thriller maritime sera frustré de prime abord, puis totalement ravi d'avoir été ainsi blousé. Voilà un grand film de genre, impeccable de part en part, qui crée une telle sensation d'addiction que le spectateur n'a qu'une envie : prendre le projectionniste en otage afin de le revoir une deuxième, puis une troisième fois. Car la puissance scénaristique est grande, très grande : Triangle est un twist permanent, où chaque scène alimente la suivante. Un puzzle dont chaque pièce s'emboite idéalement avec les autres, sans jamais que cette perfection apparente devienne ennuyeuse ou routinière. On est pris à la gorge dès les premières minutes, et cela ne s'arrête jamais.
Le mieux pour voir et apprécier ce Triangle est de ne rien en connaître et de se laisser guider par un script exigeant et chiadé, qui pousse à la réflexion sans jamais égarer personne. Un monument de précision qui change régulièrement de direction sans jamais s'égarer. Tout juste peut-on en raconter le début : une mère à problèmes part en virée avec ses amis sur un bateau de plaisance, mais un naufrage soudain contraint le groupe à se réfugier sur un navire étrangement désert. Ou presque. S'ensuit un déferlement de violence digne de certains grands slashers, où les apparences sont trompeuses et la confiance un vain mot. La révélation qui suit sera propice à un enchaînement de scènes assez traumatisantes et d'images magnifiques et souvent inédites.
Smith a en effet mis toutes les chances de son côté : son script est non seulement intelligent et efficace, mais il est de plus idéal dans le cadre d'un exercice de mise en scène. Là où ses précédents films - Creep et Severance - étaient correctement exécutés, celui-ci est d'une rare exigence visuelle, ménageant à la fois la cohérence et le suspense. Les couloirs et pièces du bateau sont autant d'éléments labyrinthiques favorisant l'utilisation du hors-champ et de l'arrière-plan. Les séquences à l'extérieur ne sont pas en reste. La dernière demi-heure, absolument virtuose, fait encore monter le film en intensité, annihilant étonnamment tout possible effet de redondance. Grisant, perturbant, impressionnant, Triangle est un petit bijou, propulsant en un instant dans la cour des grands celui qu'on peut désormais appeler cinéaste et celle qu'on n'avait jamais vraiment remarquée en tant qu'actrice. Dans un rôle franchement ardu, Melissa George rappelle les grandes héroïnes hitchcockiennes, donnant à son personnage une dimension tragique rarement atteinte dans ce genre de film.




Triangle de Christopher Smith. 1h35. Sortie : 1h30.
Critique publiée sur Écran Large.

28 sept. 2009

FrightFest 2009 : DEAD SNOW

La Norvège, l'autre pays du gore qui tache ? Après un Cold preyz, slasher de qualité supérieure suivi d'un Cold preyz 2 presque aussi brillant, Dead snow vient confirmer la forme olympique d'un pays plus connu jusqu'ici grâce à des cinéastes tragi-comiques tels que Bent Hamer. Le cocktail neige-sang est décidément à la mode, puisque comme dans Cold preyz, les sports d'hiver sont au coeur de l'intrigue. Ce qui, accessoirement, permet à chaque fois d'inscrire les films dans une identité nationale et de les distinguer de leurs homologues américains. Rouge sur blanc, tout fout le camp : esthétiquement, le mélange des deux couleurs est absolument imparable et ravit l'oeil avec une facilité déconcertante.
La première partie de Dead snow ressemble à un slasher assez classique, avec cette bande de jeunes étudiants en médecine venus s'enfermer dans un chalet de haute montagne afin de s'y ressourcer en groupe et de s'éclater sur les pentes. La mise en place est déjà vue mais plutôt efficace, et l'on se satisferait presque de la relative routine dans laquelle semble s'inscrire le film. Sauf que l'attraction principale réservée par le réalisateur Tommy Wirkola n'arrive qu'au bout de trois bons quarts d'heure tranche considérablement avec ce qui précède. Pas de surprise étant donné que l'affiche ne fait pas de mystère sur l'irruption de zombies en costumes nazis, revenus à la (plus ou moins) vie après une soixantaine d'années passée à hiberner sous la glace. C'est à ce moment que le film prend réellement son envol et gagne ses galons de comédie horrifique à tendance guignolesque. C'est également à ce moment que le charme opère totalement, faisant regretter que Wirkola n'ait pas déclenché les hostilités plus tôt.
Après une série de morts délicieusement horribles, le dernier acte est un festival gore et burlesque autour des actes de bravoure répétés d'une bande de pleutres devenus des héros malgré eux. Face à la gigantesque armada de zombies se présentant face à eux, ils n'ont guère d'illusion sur la fin qui les attend, mais livrent un combat sans merci et sans temps mort, bricolant des armes farfelues à l'aide d'objets plutôt inattendues. Filmant clair, filmant large, le réalisateur tire à nouveau un grand profit des paysages enneigés, et s'impose comme un disciple nordique de Sam Raimi, capable de créer un délire consistant et plutôt varié à partir d'une idée originale. Bien vu.




Dead snow (Dod sno) de Tommy Wirkola. 1h30.
Critique publiée sur Écran Large.

27 sept. 2009

FrightFest 2009 : FRAGMENT

Alors bon, c'est l'histoire d'un type, il part à la guerre pour faire des photos, mais comme la guerre c'est moche il prend un fragment d'uranium dans la tronche, et du coup quand il rentre au pays il est tout chamboulé, alors après il a des visions, et puis en plus quand il prend des photos ou quand il filme des gens bah ils ont l'air de mourir, ou alors c'est quand il filme des morts qu'ils reviennent à la vie, ça dépend des fois, mais le mec au départ il s'en fiche un peu vu qu'il est mourant, sauf qu'il est vachement humain, tu vois, et que du coup il culpabilise un peu.
Évidemment, tout film résumé de cette façon peut passer pour un gros navet. Mais Fragment, de l'australien Andrew Miles, en est un, parce que sa narration est à peu près aussi grossière et son style aussi rudimentaire. D'une telle intrigue, le réalisateur a visiblement voulu tirer un film torturé, cousin éloigné de L'échelle de Jacob. Malheureusement, le ridicule prime de part en part tant l'ensemble frise l'amateurisme. Mêlant de façon plus que maladroite des sous-intrigues inconciliables (snuff-movies, réminiscences de la guerre, appareil tueur), le film ressemble à un téléfilm de troisième zone, comme ceux que l'on trouve à 2 heures du matin sur de mauvaises chaînes du câble.
Difficile de désigner ce qu'il y a de plus sinistre dans tout cela : les apparitions sanguinolentes et grandiloquentes de l'esprit qui hante le héros, les considérations bassement psychologiques sur l'imminence de sa mort et la cruauté de la guerre, la noirceur de l'image (pas de budget lumière, ou quoi ?). Ou peut-être les dialogues. Entrant dans un vidéo-club pour tenter de trouver un snuff-movie, le personnage principal demande au vendeur ce qu'il sait sur le sujet. Réponse : « Jamais entendu parler ». Alors qu'il se dirige vers la sortie de la boutique, le loueur le rattrape : « Attends. C'était un test, maintenant je sais que t'es pas un flic ». La messe est dite : Fragment n'a aucun intérêt et ne fait pas grand effort pour le devenir.




Fragment d'Andrew Miles. 1h30.
Critique publiée sur Écran Large.

26 sept. 2009

FrightFest 2009 : THE HUMAN CENTIPEDE (FIRST SEQUENCE)

Nul besoin de le connaître depuis des années pour se permettre d'affirmer que Tom Six est un grand malade. Son premier film, The human centipede en est la preuve irréfutable, et l'assurance de ses grands talents de créateur de buzz. Car le mille-pattes humain du titre n'est pas une vue de l'esprit : le film montre en effet comment un chirurgien allemand légèrement barré se met en tête de créer cette étrange bestiole à base d'êtres humains. La recette est simple : couper quelques nerfs dans les jambes pour empêcher les sujets de pouvoir marcher, coudre l'anus de la première personne à la bouche de la deuxième, et l'anus de la deuxième à la bouche de la troisième. Puis contempler amoureusement ce mutant qui tente de se mouvoir et ne sait plus pourquoi il survit. Faut-il ajouter qu'une telle opération chirurgicale (tout à fait faisable dans la vraie vie selon le réal, qui a bossé avec un vrai chirurgien pour s'assurer de la viabilité du projet) a pour effet de réunir les trois tubes digestifs en un seul ?
Oui, c'est dégoûtant. Oui, c'est sinistre. Mais Tom Six est visiblement un petit malin. Plutôt que de foncer tête baisser dans la dégueulasserie chirurgicale et de s'y vautrer pendant une heure et demie, il commence par titiller les nerfs des trois futures victimes (entre Haneke et Craven), nous explique ensuite le principe de cette opération ambitieuse (dont le résumé ci-dessus est extrêmement sommaire), passe assez vite sur celle-ci et se régale ensuite à voir déambuler ce trio inséparable malgré lui. Soit le sadisme sous toutes ses formes, doublé d'un humour à froid qui provoque les rires scandalisés de l'assistance. Le souci du film, c'est qu'il se cantonne à cela, exploitant son phénomène de foire sans but artistique apparent. Le personnage du chirurgien, joué par un Dieter Laser délicieusement sinistre (et super connu en Allemagne pour des rôles bien moins tordus), manque par exemple d'une dimension psychologique plus fouillée. Là, c'est juste un psychopathe qui fait joujou avec des corps humains.
Cités plus haut, Michael Haneke et Wes Craven ne risquent pas d'être inquiétés par le réalisateur hollandais, qui manque de toute façon de style et d'ambition scénaristique. The human centipede est un plaisir coupable, mais qui provoque également une gigantesque impression de frustration tant on imagine ce que certains esprits déviants (Stuart Gordon ou autres) auraient pu faire d'un tel sujet. Et lorsque Tom Six explique çà et là que The human centipede (second sequence) traitera de la création d'un mille-pattes composé de quinze jeunes gens, il suscite à la fois une certaine curiosité et une légère indifférence. Si le seul bonus par rapport au premier film est l'allongement de la chaîne, mieux vaut sans doute s'arrêter là, non ?




The human centipede (first sequence) de Tom Six. 1h32.
Critique publiée sur Écran Large.

22 sept. 2009

FrightFest 2009 : HIERRO

Sans doute grâce à l'essor d'une génération menée par Alejandro Amenábar et Mateo Gil, le cinéma fantastique espagnol ne cesse de bien se porter, multipliant les révélations pour se construire un univers solide et cohérent, mais n'évitant certes pas la redite. Hierro a peut-être le tort d'arriver après la bataille, J.A. Bayona et son Orphelinat étant notamment passés par là. Le film de Gabe Ibáñez parle en effet d'une mère éplorée suite à la disparition de son fils, que tout le monde pense mort noyé, mais dont elle refuse évidemment de faire le deuil. L'histoire virera tôt ou tard au fantastique, se focalisant notamment sur la quête désespérée d'une jeune femme seule dans sa vie et dans sa tête, qui n'existe plus qu'à travers cette terrible obsession.
Le développement de l'intrigue a cependant de quoi surprendre, Hierro révélant au fur et à mesure sa véritable nature. Ibáñez ne semble pas franchement fasciné par le potentiel d'effroi de son script, lequel aurait pu donner un film de fantômes pas forcément original mais sans doute très efficace. À cela, il préfère explorer un registre plus dramatique, offrant notamment un magnifique portrait de femmes. Au long de sa quête, l'héroïne rencontrera en effet une autre mère orpheline de fils, chacune trouvant une résonance dans le parcours de l'autre. Plus que la peur, c'est la déprime qui l'emporte, l'atmosphère tristoune et l'absence d'effets menant le film toujours plus loin du fantastique.
Une fois n'est pas coutume : le chemin de croix de María sera l'occasion pour elle d'envisager un nouveau départ après avoir croisé et aidé des personnages partageant sa détresse. Une conclusion en douceur qui tranche avec les habituels twists tagada tsoin tsoin qui font d'habitude office de clou du spectacle. La mise en scène est à l'unisson : couleurs pastels, univers marin et sobriété à tous les étages sont au programme de ce Hierro dont le profil bas est un atout indéniable. À l'unisson, la prestation d'Elena Anaya fait office de lumière tamisée pour éclairer ce spectacle toujours en demi-teinte et aux deux tiers convaincants, qui émeut gentiment à défaut d'offrir un bouleversement durable.




Hierro de Gabe Ibáñez. 1h31.
Critique publiée sur Écran Large.

21 sept. 2009

FrightFest 2009 : SMASH CUT

À l'heure où tout ce qui fait à peine sourire et trembloter est étiqueté "comédie horrifique", un type nommé Lee Demabre vient remettre les pendules à l'heure et montrer qu'il s'agit bien d'un vrai genre, pas d'un fourre-tout où ranger toutes les merdasses mal ficelées par des abonnés aux rangs inférieurs des étagères de video-clubs. Smash cut est une comédie horrifique, une vraie, de celles qui vous font vous tordre de rire mais ne lésinent jamais sur le gore, aussi peu crédible celui-ci soit-il. La scène d'ouverture suffit à nous convaincre : dans une salle qu'on imagine puant le pop-corn trop riche en beurre, des spectateurs regardent avec effarement le dernier navet d'horreur pondu par un type faisant passer Ed Wood pour Stanley Kubrick. Une sorte de Chucky revisité, mais avec un clown en peluche recyclé en marionnette et avec une voix pourrie pour seul effet spécial. S'opère alors une chouette résonance entre l'hilarité de la salle qui regarde le film dans le film et celle qui secoue également le vrai public qui regarde le vrai film - c'est pourtant simple. D'une jovialité communicative, Smash cut est plein d'idées comme celle-ci, et ne cesse de nous régaler.
L'intrigue est centrée sur le réalisateur sans talent, qui décide pourtant de sortir de sa médiocrité en tuant des gens pour de vrai afin d'utiliser leurs membres arrachés dans ses films, et ainsi d'obtenir de bons effets gore pour pas un rond. Et, quitte à perpétrer meurtre sur meurtre, autant en profiter pour se débarrasser d'une critique impitoyable et détestable, d'un directeur de la photo casse-bonbons ou d'un coscénariste tatillon... Le jeu de massacre est complet, joussif, parfaitement réussi grâce à un dosage subtil entre comédie et hémoglobine. Le genre de film qui semble tout à fait facile à réaliser, alors que c'est sans doute le fruit d'un travail très poussé.
L'affiche un rien racoleuse montre Sasha Grey, jeune porno star et icône de l'intelligentsia américaine, dans un costume d'infirmière semblant indiquer un probable déferlement d'érotisme et d'uniformes moyennement orthodoxes. Il n'en est rien : miss Grey s'acquitte avec grande qualité d'un rôle tout ce qu'il y a de plus correct, son personnage se faisant embaucher sur le tournage du film afin d'enquêter sur ces étranges disparitions. Cela n'empêche pas Lee Demabre de s'amuser à jouer avec l'image de la demoiselle, dont le visage est subitement aspergé d'un fluide corporel... qui n'est, rassurez-vous, que du sang. Un clin d'oeil rigolard parmi tant d'autres, parfois à deux doigts du vulgaire sans jamais y tomber, et qui achève de ravir notre coeur lorsqu'il rend hommage à Hershell Gordon Lewis, prince du film gore, roi de la terreur, qui effectue deux apparitions fort remarquées. Un film fait par des gens qui aiment l'horreur (et la vie) pour des gens qui aiment l'horreur (et la vie) : c'est Smash cut, divertissement fauché mais chaleureux, au très fort capital séduction.




Smash cut de Lee Demabre. 1h30.
Critique publiée sur Écran Large.

19 sept. 2009

FrightFest 2009 : THE HOUSE OF THE DEVIL

Faire du neuf avec du vieux et s'attirer les comparaisons flatteuses, sans jamais sombrer dans le déjà vu : voilà le petit exploit réalisé par Ti West, jeune réalisateur plein de promesses, avec ce petit bijou qu'est The house of the devil. D'un résumé lu mille fois (une jeune baby-sitter découvre qu'elle a atterri dans une maison possédée par le diable), il tire un film d'ambiance angoissant et passionnant, qui ménage ses effets mais déborde d'idées. Le genre d'oeuvre qui prouve si besoin qu'un film de genre peut être totalement réussi sans pour autant tenter de faire sursauter le spectateur toutes les deux secondes ou de le faire hurler d'effroi scène après scène. Pas de déferlement gore ou de démons tronçonneurs : l'optique de West est radicalement différente, et le plaisir d'autant plus fort.
Jusqu'au dernier quart d'heure, le film paraîtrait finalement assez sage s'il n'était empreint d'une tension permanente et presque inexplicable, puisque les ficelles de ce tour de magie sont totalement invisibles. On partage le malaise de la jeune héroïne, contrainte sans menace ni violence de passer la nuit dans une maison qui l'effraie, et qui tente de passer le temps et de penser à autre chose afin de faire passer la pilule plus rapidement. The house of the devil a d'autant plus d'emprise qu'il propose une reconstitution absolument parfaite des années 70, du moindre accessoire jusqu'aux décors. On se retrouve alors projeté en arrière dans une décennie qui compta quelques monuments comme La nuit des masques ou Le locataire.
Références pas innocentes puisque le film de West se situe quelque part, et sans avoir à en rougir, entre les chefs d'oeuvres de Carpenter et Polanski. Imaginez Halloween dégraissé en Michael Myers, mais avec cette musique crispante et incessante et cette mise en scène inventive, réfléchie, créant une impression de climax permanent. Rappelez-vous le malaise du pauvre petit locataire, sans doute trop gentil pour supporter durablement les étranges attaques d'un bâtiment et de ses habitants moyennement bien intentionnés. Face au toujours crispant Tom Noonan, la mimi Jocelin Donahue explose en scream queen qui ne screams guère, digne héritière d'un personnage comme celui de Laurie Strode. Au vu du respect éternel qu'impose The house of the devil, pas sûr en revanche qu'on ait envie qu'une suite - pourtant fort envisageable - vienne souiller ce qui pourrait devenir une référence en cas d'exposition médiatique suffisante...




The house of the devil de Ti West. 1h29.
Critique publiée sur Écran Large.

16 sept. 2009

FrightFest 2009 : THE HILLS RUN RED

Grande thématique du FrightFest 2009, le septième art est notamment au coeur de The hills run red, puisqu'il met en scène un étudiant en cinéma qui tente de retrouver le « film d'horreur le plus effrayant de l'histoire », un truc qui fait plus vrai que vrai mais dont il ne reste curieusement qu'une bande-annonce salement flippante (pour lui, en tout cas). Et c'est parti pour un voyage au fin fond d'une Amérique boueuse et crasseuse, caméra au poing, afin d'en retracer la genèse et d'en récupérer une copie. C'est surtout parti pour une heure et demie accumulant les pires clichés du genre, et ne créant que l'ennui là où on était en droit d'attendre une bonne dose de malaise et d'inconfort.
Mené par une bande d'acteurs ayant le charisme d'une clé à molette, The hills run red met toutes les chances de son côté pour devenir un bon gros navet, mais ne parvient jamais à basculer dans la si savoureuse catégorie nanar. La mise en scène est indigente, façon téléfilm de seconde zone ; le scénario est poussif et même pas assez excessif ; quant à l'horreur, il y en a, avec une poignée de scènes de snuff movie assez dégueulasses. Mais celles-ci sont dépourvues de toute épaisseur psychologique et ne suscitent en fait que l'indifférence : dépassionnées, vides de sens, les images n'apparaissent clairement comme de petites démonstration de technique gore. Ce spectacle n'aurait absolument aucun intérêt s'il n'y avait cette sacrée bombe de Sophie Monk, bimbo absolue se rêvant actrice, et se promenant à poil pendant une bonne moitié de film histoire de maintenir une partie de l'audience éveillée. Comme argument de vente, c'est tout de même assez maigre.
Pire, The hills run red apparaît comme un plagiat sans talent de quelques-uns des monuments du cinéma de genre américain. Une pincée de Vendredi 13 pour le background du psychopathe redneck, deux cuillerées de La maison des 1000 morts pour le portrait de cette famille mêlant crasse, sexe et violence, trois louches de La dernière maison sur la gauche pour les poursuites en forêt et les faux airs hippie... Le tout pourrait avoir l'air d'un hommage, mais ne sonne que comme une copie éhontée de la part de Dave Parker, qui n'est pourtant pas un débutant. Ultime coup de grâce : le réalisateur confie s'être inspiré de La conspiration des ténèbres, pavé génial et cinéphile de Theodore Roszak, pour écrire The hills run red. Il y a vraiment des claques qui se perdent...




The hills run red de Dave Parker. 1h21.

15 sept. 2009

FrightFest 2009 : GIALLO

Il n’y a plus guère de doute possible : Dario Argento a perdu toute sa fierté. Il ne fallait déjà pas en avoir beaucoup pour nommer son dernier navet en date en référence à un genre qu’il a contribué à populariser dans les années 70. La justification du titre Giallo vaut à elle seule son pesant de cacahuètes : giallo est le mot italien pour jaune, qui en anglais se dit Yellow, qui est le sobriquet du tueur en série du film, nommé ainsi car il a la jaunisse, celle-ci étant à l’origine de sa envie de tuer de belles femmes. Giallo met en parallèle le calvaire d’un mannequin séquestré par Yellow et la course-poursuite menée par sa sœur obstinée et un inspecteur blessé par la vie. Course-poursuite est un bien grand mot : bien que les heures de la pauvre donzelle soient comptées, personne n’a l’air réellement pressé de la retrouver. Emmanuelle et Adrien préfèrent visiblement aller boire des Campari pour échanger des banalités à propos de leur passé, ou aller s’aventurer au fin fond d’un marché de poissons lorsqu’ils ont besoin de se faire traduire trois mots de japonais. C’est tellement plus classe.
Même en décrivant une à une les innombrables aberrations contenues dans ce qu’il est difficile de nommer scénario (pas d’enchaînement dramatique, aucun rebondissement, et une étrange absence de fin), il est impossible de décrire l’ampleur du massacre. Giallo surpasse aisément en nullité tous les nanars précédemment réalisés par Argento, faisant de la réplique foireuse un sacerdoce et du plan improbable un leitmotiv. Si Elsa Pataky est à peu près potable en scream queen (elle n’a pas grand-chose d’autre à faire que crier), le duo Brody – Seigner semble se livrer à un concours de surenchère dans le non-jeu. Difficile de garder son sérieux devant ce festival permanent de répliques gratinées, énoncées par l’un ou l’autre en regardant l’horizon pour se donner l’air triste. On croyait que ça n’existait que dans les parodies – et encore, les parodies peu inspirées – mais Dario est heureusement là pour remettre ce style délicieux au goût du jour.
La poilade est totale mais le mystère demeure : et si, par perversité ou par dépit, Argento avait délibérément conçu son film comme un massacre absolu, un puits de néant et de bêtise engendré pour faire perdre deux heures de leur vie à des spectateurs désireux de rire un bon coup ? Très sincèrement, on doute qu’il puisse en être autrement, tant la présence conjointe de Brody (acteur sérieux) et Seigner (actrice discutable mais souvent bien conseillée par son époux) semble indiquer qu’il n’y avait pas que de gros bœufs sans cervelle sur le plateau. Il est toujours douloureux de voir des artistes qu’on aime bien, ou qu’on a beaucoup aimés à l’époque, se fourvoyer et atteindre d’irréversibles et indépassables sommets de ridicule. Il serait donc temps qu’Argento prenne sa retraite, ou qu’il avoue enfin que ses dernières œuvres, en particulier celle-ci, n’étaient que du foutage de gueule volontaire.




Giallo de Dario Argento. 1h30.
Critique publiée sur Écran Large.

13 sept. 2009

FrightFest 2009 : BEWARE THE MOON

Il a fallu trois ans de travail à Paul Davis et son équipe pour mener à terme leur projet de documentaire sur Le loup-garou de Londres, entreprise d'autant plus difficile que le film s'est tourné en 1970, à une époque où les making-of n'existaient quasiment pas. D'où assez peu d'images d'archives, et des souvenirs brouillés avec les années. Le résultat est donc d'autant plus satisfaisant : en une centaine de minutes, Beware the moon parvient à effectuer un tour d'horizon complet du film de John Landis, de sa genèse à sa sortie en salles, dans un déferlement d'émotion et de curiosité.
Construit comme un making-of classique, le doc suit globalement l'ordre chronologique des étapes de la fabrication d'un film, commençant par en explique l'idée de départ pour s'achever, une centaine de minutes plus tard, sur les petits problèmes de distribution du film, dus à des censeurs pas franchement cohérents. Entretemps, Beware the moon aura multiplié les entretiens et tout expliqué de A & Z. Le panorama semble exhaustif : aucun interlocuteur ne manque, sauf une poignée de vieux techniciens décédés depuis ; chaque scène fondamentale ou un peu amusante est décrite, disséquée, et toujours accompagnée d'une anecdote croustillante. Même le film porno projeté dans la salle de ciné londonienne où les deux héros finissent par se retrouver a droit à sa petite histoire.
Il faut dire que Paul Davis n'est pas tombé sur l'équipe la plus mutique qui soit : chacun semble ravi de passer en revue ses vieux souvenirs, et l'ensemble des témoignages fait état d'une ambiance à la fois studieuse et détendue, dans une entente pas parfaite mais globalement saine. On croit réellement à tout cela, le film semblant dégraissé de l'aspect promotionnel qui plombe parfois les making of « c'est le plus beau tournage de toute ma vie », « quelle belle famille le cinéma », « qu'est-ce qu'on mangeait bien à la cantine ». Il faut dire que le film de Landis n'a plus guère besoin de ce genre de publicité...
Les deux héros du film se nomment John Landis... et Rick Baker. Le réalisateur se montre affable, généreux et amoureux de son art. Il donne une impression de fierté teintée d'une modestie sincère, et nous régale en contant de sa grosse voix une série de petites histoires absolument irrésistibles, qui donnent envie de remonter le temps et d'aller faire un tour sur le plateau. Quant au spécialiste des effets spéciaux, il impressionne lui aussi par sa modestie, ainsi que par sa passion pour les taches les plus ardues. À cet égard, la partie dans laquelle il explique en détail l'animation du loup-garou - et notamment la première scène de transformation - est une belle leçon de technique, mais également une leçon de vie, sur la persévérance et la détermination.
Ponctué de façon pas trop encombrante par des images de la promenade du réalisateur sur les décors d'alors, qui ont globalement peu changé mais semblent nettement plus engageants, Beware the moon est un cri du coeur lancé au Loup-garou de Londres et à son metteur en scène, qui donne envie de se ruer sur une ressortie ou un DVD - ou un Blu-ray, dont l'arrivée imminente va ravir les fans du support - afin d'en goûter à nouveau, et peut-être plus que jamais, les nombreux plaisirs.




Beware the moon de Paul Davis. 1h38.
Critique publiée sur Écran Large.

12 sept. 2009

FrightFest 2009 : INFESTATION

Quelquefois, l'absence de budget entraîne une certaine indulgence vis-à-vis du film en question. Ce qui est, il faut bien le reconnaître, un peu injuste. En revanche, lorsqu'un film fait de son côté cheap un pur atout, sans en faire un moyen d'attendrir le spectateur mais en l'assumant pleinement quitte à en rajouter, cela peut devenir absolument jubilatoire. C'est exactement ce qui se produit avec cet Infestation, qui se présente comme un successeur d'Arachnophobie et Arac attack, mais va finalement bien plus loin dans la déconne et le style drive-in movie. Les premières minutes donnent le ton : alors qu'ils font mumuse au lieu de travailler, des employés de bureau plus que branleurs sont tout à coup envahis par des vilains bébêtes qui les enroulent dans des cocons dégueulasses et étouffants. Pourquoi ? Comment ? On n'en sait rien, et on s'en fiche : l'important, c'est que ces drôles de textures et ces bestioles répugnantes ont tendance à faire dégobiller les êtres humains.
Qu'on se rassure : Infestation ne restera pas longtemps dans une veine scato-vomi, trimbalant son humour ravageur dans d'autres registres toujours léger mais sans cesse différent. Interprété par le savoureux Chris Marquette (Fanboys), le héros est un branleur de première qui pense qu'une invasion d'insectes géants est le meilleur moyen d'emballer l'une des deux filles qui l'entourent. Son personnage ne s'arrête jamais, toujours enclin aux blagues potaches ou aux comportements médiocres. Et lorsque la lassitude pointe le bout du bout de son nez, le scénario fait entrer en scène le personnage de son père, absolument barré et totalement irrésistible.
Les dialogues souvent ciselés et les situations amusantes s'enchaînent avec une telle fluidité qu'on en oublierait presque qu'on était venu voir des monstres pleins de pattes et de poils ; Infestation n'est en fait pas si riche en scènes d'action, mais cela ne se ressent guère. Et comme les nuisibles sont en partie utilisés à des fins humoristiques, aucun déséquilibre ne se fait sentir. En revanche, lorsqu'il s'agit d'envoyer du lourd, Kyle Rankin s'en acquitte avec une énergie et un savoir-faire indéniables pour ne frustrer personne. Infestation donne en fait l'impression d'être un film faussement fauché, qui joue sur cette sensation pour créer la jubilation, mais aurait sans doute pu être plus carré et plus riche en moments de bravoure si son réalisateur l'avait souhaité. Mais tant mieux : plus singulier comme ça, le film est un moment de plaisir ininterrompu comme les grosses machineries américaines peinent de plus en plus à nous offrir.




Infestation de Kyle Rankin. 1h33.
Critique publiée sur Écran Large.

10 sept. 2009

FrightFest 2009 : THE HORSEMAN

Fallait pas toucher à sa fille. Le héros de The horseman est un homme brisé, ne rêvant que de vengeance depuis que de gros dégueulasses ont contraint sa progéniture à jouer dans un porno amateur et que celle-ci a trouvé la mort sur le tournage. Avec sa boîte à outils pour seul compagnon, le père de famille sillonne les routes à la recherche de ceux qui ont fait ça, responsables directs ou indirects de cette perte irremplaçable. Le premier long de Steven Kastrissios est un vigilante movie pur et dur, de ceux qui érigent la loi du talion en sacerdoce et la torture en art de vivre.
L'avantage de The horseman par rapport à un Death sentence sentencieux, explicatif et au final ridicule, c'est qu'il ne s'encombre pas de fioritures et de psychologie de bazar. D'une froideur aussi impressionnante que délectable, le héros veut juste faire le ménage. Sans trop se poser de questions. C'est l'un des atouts du film, qui se casse les dents la seule fois où il va justement à l'encontre de ce principe. Le scénario introduit en effet une fille de substitution pour le personnage, en la personne d'une jeune auto-stoppeuse qu'il prend sous son aile et qui finira par être exposée aux mêmes dangers que sa fille. Ce parallèle grossier gâche le plaisir en fin de course : on se serait volontiers contenté d'enquiller les scènes de vengeance.
Celles-ci sont d'une cruauté assez jubilatoire, Kastrissios préférant visiblement les préliminaires à l'acte en lui-même. On tourne longtemps autour de la cible, puis le héros sort sa boîte à outils et y choisit patiemment les éléments nécessaires à une bonne mise à mort. Et c'est fou ce qu'on peut faire avec une pompe à vélo ou des hameçons, le tout étant généralement destiné aux parties intimes de la victime. Que les âmes trop sensibles se rassurent : une fois commencée la séance de torture, le film ne s'appesantit pas, refusant un trop plein de voyeurisme qui aurait été malvenu. Moralement violent, réaliste en diable, The horseman est heureusement traversé de pics d'humour dus au sadisme et à l'imprévisibilité de notre vengeur pas masqué, pas vraiment sympathique mais pourtant très attachant. Avec une surprenante économie de mots, le film parvient en effet à rendre palpable la détresse de ce père orphelin, qui fait son deuil comme il peut, et n'ayant sans doute pas fini de souffrir.




The horseman de Steven Kastrissios. 1h50.
Critique publiée sur Écran Large.

9 sept. 2009

FrightFest 2009 : COFFIN ROCK

« Le nouveau Wolf creek », qu'ils disaient. N'importe quoi, évidemment : Coffin rock n'a rien à voir, si ce n'est le nom de son producteur et ses origines australiennes. Pour le reste, c'est plutôt du côté de tous ces bidules nommés Obsession fatale ou J.F. partagerait appartement qu'il faut aller voir, avec un soupçon de La main sur le berceau pour corser le tout et de grosses déflagrations de violence froide en fin de parcours. Coffin rock raconte en effet le calvaire d'une femme qui, alors qu'elle n'arrive pas à faire un gosse avec son régulier, couche un soi avec un jeunot qui passait par là. Visiblement fertile, l'étalon apprend rapidement que sa petite graine a fait son chemin. Subitement amoureux fou de la madame, il va tout faire pour l'emmener et élever avec elle sa future progéniture. Soit un bon thriller en mode psychopathe, avec son méchant d'autant plus effrayant qu'il ne paie absolument pas de mine.
Sur ce canevas classique, Coffin rock ne fait globalement pas trop de vagues mais installe cependant une atmosphère savamment délétère par le biais de son bad guy plus insistant que le plus lourd des dragueurs de boîte de nuit. Avec sa jolie petite frimousse de gentil étudiant sans aspérité, Evan (imparable Sam Parsonson) est l'attraction première du film de Rupert Glasson, tant il est difficile de soupçonner quel degré de violence il est capable d'atteindre. Filmé sous un angle réaliste, ancré dans un univers modeste et au départ rassurant (une petite ville de pêcheurs), le film va au bout de son idée avec une détermination évidente.
Reste qu'il manque à l'ensemble un peu de nouveauté, et surtout un peu d'épaisseur psychologique. Visiblement marqué par des problèmes familiaux, Evan téléphone régulièrement à son père pour lui dire des horreurs... sauf qu'on réalise très vite (trop vite) que le fil du combiné pendouille dans le vide et que ces appels sont purement imaginaires. C'est à peu près tout ce que nous apprendra le scénario sur ce personnage ressemblant un peu trop à un boogeyman juvénile et pas assez à un vrai sociopathe en chair et en os, son background étant bien trop léger pour être réellement accrocheur. Derrière la caméra, Glasson a du style, sait se montrer efficace et insuffler du rythme ; muscler très légèrement son stylo pourrait lui permettre d'être beaucoup plus performant que cela.




Coffin Rock de Rupert Glasson. 1h27.
Critique publiée sur Écran Large.

8 sept. 2009

Frightfest 2009 : SALVAGE

On est souvent un peu plus indulgent avec des films au budget minuscule qu'avec certaines superproductions ayant coûté mille fois plus cher mais pas forcément mille fois plus performantes. De fait, on pardonne beaucoup à ce Salvage fauché comme pas deux, quasi huis clos situé dans un pavillon quelconque d'une banlieue british plus grise que la moyenne. Et on oublie notamment que ce film parlant d'un assaut de bestioles (zombies, aliens, ou un truc du genre) en montre très peu, des bestioles. Seule une poignée de plans viennent nous prouver de temps à autres que non, le réalisateur Lawrence Gough n'est pas juste un dramaturge en devenir, mais un véritable cinéaste de genre.
À quelques détails près, facilement aménageables, Salvage aurait pu être une pièce de théâtre formidable, tant tout se joue sur l'angoisse qui s'empare de quelques personnages lorsqu'ils se retrouvent placés en quarantaine par l'armée pour une raison inconnue. La principale force du film, c'est l'extrême force du dialogue qui s'installe entre cette mère en crise et son amant de passage, absolument opposés sur la façon de surmonter cette épreuve inattendue. L'une ne pense qu'à sa fille, recluse quelque part dans une maison voisine, qu'elle souhaite aller retrouver ; l'autre songe aussi à ses gosses, en sécurité à des lieues de là, pour lesquels il aimerait survivre - en restant calfeutré loin de tout danger. Le drame qui se joue entre les deux héros est réellement intense, à tel point qu'on en oublie rapidement la mise en scène rudimentaire et l'absence de rebondissements.
Mais Gough sait que le public ne se satisfera pas d'enjeux dramatiques certes bien fichus, et finit par lâcher l'artillerie lourde dans les vingt dernières minutes. Toujours avec aussi peu de moyens, il privilégie donc la fulgurance à la longueur pour des scènes d'action d'une violence assez inouïe et d'une sécheresse folle. Idéal pour combler l'appétit et justifier une attente longue mais pas interminable, et faisant de Salvage un film fauché mais pas mensonger, qui donne envie de voir son auteur à la base de projets plus conséquents.




Salvage de Laurence Gough. 1h20.
Critique publiée sur Écran Large.

7 sept. 2009

FrightFest 2009 : NIGHT OF THE DEMONS

Adam Gierasch avait prévenu : en tournant Night of the demons, son objectif premier était de travailler avec un certain nombre de filles bien carrossées. Cette remarque d'une finesse folle caractérise assez bien le film, et ce de deux façons. Premièrement, il regorge effectivement de pépées court vêtues, risquant à tout moment d'attraper une pneumonie dans ce manoir mal chauffé. Deuxièmement, Gierasch semble s'être éclaté comme un petit fou sur le plateau. Nous, moins. Film d'épouvante aux accents potaches, Night of the demons semble en effet avoir été plus marrant à faire qu'à voir, tant l'humour y est poussif et le rythme salement saccadé. Le genre de film qui tourne en boucle autour d'une poignée d'idées, qui casse une ambiance horrifique à la seule fin d'insérer une scène de baiser lesbien, qui parle de nichons et de chattes comme s'il s'agissait d'une haute innovation comique.
Night of the demons est un peu comme ces bimbos repoussant les limites de la vulgarité : il est difficile de s'empêcher de les reluquer, mais il est surtout impossible de déceler d'autres qualités que leur physique. S'il est proche du zéro côté beauté intérieure, le film d'Adam Gierasch bénéficie en revanche d'une esthétique absolument réussie, et surtout d'effets spéciaux renversants, surtout pour une production au budget plutôt modeste. Les démons et autres créatures qui traversent le film sont d'une crédibilité totale, pas vraiment terrifiants parce que ce n'est pas l'objectif, mais en tout cas extrêmement réussis. La scène où l'une des héroïnes s'enfonce un tube de rouge à lèvres dans le sein et le fait ressortir par son entrejambe - oui oui, vous avez bien lu - est fort représentative du film, car aussi gratuite sur le fond que médusante sur la forme.
Niveau casting, Gierasch a choisi des interprètes assez interchangeables, parmi lesquels une Shannon Elizabeth ayant peu évolué depuis American pie. En revanche, c'est l'occasion de revoir Edward Furlong, que l'on croyait mort ou presque, et qui vient se rappeler à notre bon souvenir avec une énergie faisant plaisir à voir. Le gamin maigrichon de Terminator 2 est bien loin, et a laissé place à un jeune homme bouffi avec les yeux moyennement en face des trous ; mais, dans un rôle de dealer de coke (on ne se refait pas), Furlong s'éclate et révèle des talents insoupçonnés d'acteur comique. Gierasch a la bonne idée de faire durer son personnage assez longtemps pour que l'on puisse apprécier ce come back inespéré dans un film certes assez moyen, qui serait même totalement oubliable s'il n'était empreint d'une identité visuelle forte - l'une des scènes finales, avec les nombreux bras qui sortent des murs, est fabuleuse.




Night of the demons d'Adam Gierasch. 1h30.
Critique publiée sur Écran Large.

6 sept. 2009

FrightFest 2009 : LA HORDE

Après Mutants il y a quelques mois, le cinéma français poursuit son exploration d'un genre trop peu traité sur nos terres : le film de zombies. Décrire ainsi La horde serait par trop réducteur, le premier long de Yannick Dahan et Benjamin Rocher (prolongement de leur court Rivoallan) ayant également des allures de polar, puisqu'il met en scène l'alliance forcée de flics et de mafieux face à un ennemi commun. Situé dans un immeuble truffé de zombies, La horde s'annonçait donc comme un mix ambitieux de Nid de guêpes et de [Rec]. Mais c'était peut-être trop en attendre qu'espérer à l'éclosion d'une nouvelle référence du genre : la montagne a en effet accouché d'une souris, divertissement franchement pas désagréable, mais gangréné par un manque évident de moyens et par l'étonnante fébrilité de ses réalisateurs. Ceci expliquant peut-être cela.
Les premières minutes laissent même craindre le pire, la présentation des personnages semblant exagérément solennelle et inutilement compliquée. Tout cela pour aboutir au final à une simple histoire de rivalité entre des gangsters sans état d'âme et des policiers avides de vengeance après l'assassinat de l'un des leurs. Mais les premières fusillades, brutales et assourdissantes, font heureusement oublier ces débuts bien balourds. Puis arrivent sans prévenir les fameux zombies, qui emmènent alors le film là où tout le monde l'attendait de pied ferme. La déception est relative mais bel et bien présente : correctement mises en scène, les scènes d'affrontement sont aussi peu nombreuses que vite bouclées, quelques coups de feu ou un enchaînement pieds-poings suffisant généralement à éliminer les assaillants.
La horde manque en fait de tout un tas de petites choses qui auraient pu en faire un film réellement convaincant : davantage d'inventivité dans le choix des situations, des séquences s'inscrivant dans la durée, un réel sentiment d'urgence. Au lieu de quoi Dahan & Rocher s'abandonnent trop souvent à la facilité en laissant le champ libre à des acteurs certes irréprochables, qui s'affrontent principalement à grands coups de dialogues fleuris, parfois très drôles, fréquemment too much. L'immeuble aurait pu être un formidable terrain de jeu, avec ses nombreux étages et ses recoins inquiétants, mais il n'est jamais exploité à sa juste valeur. En fin de course, quelques séquences franchement réussies font des zombies une masse grouillante et irrespirable à travers laquelle les humains peinent à évoluer. C'est ce que le film aurait dû être dès le début : un survival de tous les instants, aussi bourrin que possible et riche en adrénaline. Le résultat n'est pas désespérant mais est tout de même plus que rageant.




La horde de Yanick Dahan & Benjamin Rocher. 1h30. Sortie 2010.
Critique publiée sur Écran Large.

5 sept. 2009

FrightFest 2009 : MACABRE

Premier volet de la revue de détails du FrightFest 2009 (compte-rendu ici) en critiques.

Il y a certains scénarios qu'on a l'impression de connaître par coeur. Et puis il y a certains réalisateurs qui parviennent à nous faire oublier qu'on a sans doute déjà vu cent films avec le même point de départ. Les Mo Brothers sont de ceux-là, donnant un coup de jeune - ou plutôt un coup de sang - à cette fameuse histoire de la bande-de-jeunes-hébergée-pour-la-nuit-par-des-inconnus-trop-gentils-pour-être-honnêtes. La mise en place laisse d'ailleurs craindre le pire, puisqu'il faut passer par une bagarre inutile en night club avant d'entrer dans le vif du sujet et de pénétrer dans la belle bâtisse habitée par la famille de la jolie Maya, croisée sur le chemin du retour par une bande de fêtards pas vraiment conscients de ce qui les attends.
On comprend pourtant vite ce qui va se produire, puisque la mère de Maya, maîtresse de maison accueillante et zélée, présente un intérêt manifeste et excessif pour la femme enceinte du groupe. Faut-il ajouter à cela qu'elle a un inquiétant visage de gamine, comme si elle venait de piquer à Ivanna Trump le record du monde du nombre de liftings ? On nage en terrain connu, mais déjà l'inquiétude est là, tant les faciès des hôtes ont quelques chose de terriblement angoissant. Jusqu'au premier incident, qui ne cessera d'en entraîner d'autres, pour une réaction en chaîne assez terrible qui va rendre cette nuit bien sanglante. Du sang, du sang, du sang : il y en a des litres et des litres dans ce Macabre aux fortes dominantes rouges, qui ne lésine jamais sur l'hémoglobine et en ajoute de plus en plus à chaque bobine. À tel point que les sols de la maison finissent par en être recouverts, contraignant les personnages à y patauger sans arrêt, voire à y glisser malgré eux. Belle idée, scénaristique et esthétique.
Macabre est une succession de scènes gore absolument réalistes et totalement convaincantes, menées la plupart du temps par cette femme sans âge absolument terrifiante car semblant coulée dans un alliage indestructible. Michael Myers et le T-1000 vous semblaient indestructibles ? Attendez un peu de rencontrer cette inoubliable Dara. Les Mo Brothers orchestrent un jeu de massacre réjouissant et presque écoeurant, à la faveur d'une mise en scène à la fois classieuse et efficace. Macabre bénéficie qui plus est d'une idée de scénario à la fois modeste et géniale, qui l'empêche de s'essouffle là où bien des films de ce genre peinent à ne pas se traîner : faire intervenir en milieu de parcours une nouvelle brochette de personnages à décimer. Soit un sacré paquet de chair fraîche à éclater par des moyens divers et variés, pour le plus grand plaisir d'amateurs de gore au coeur bien accroché. Joli spectacle.




Macabre des Mo Brothers. 1h35.
Critique publiée sur Écran Large.

4 sept. 2009

FrightFest : le compte-rendu que le monde attendait

Quatre journées et demie de festival, vingt-deux films vus, quatorze virgule sept litres de Diet Coke sirotés, trois Whopper et quatre Bacon Double Cheese engouffrés, dix-neuf Caramel Macchiato et treize muffins à la myrtille. Voilà le bilan chiffré de mon FrightFest 2009, qui s'est déroulé du jeudi 27 au lundi 31 août à l'Empire Cinema de Londres. Comme un gros flemmard un peu fatigué depuis qu'il est revenu à la vraie vie, je me contenterai de compiler ci-dessous les 4 comptes-rendus écrits à des heures fort tardives pour le compte du site Écran Large. Les photos, en revanche, sont une totale exclu du blog. Mais c'est peut-être parce qu'elles sont moches.

En revanche, et parce que les critiques, c'est mon dada, le mois à venir verra se succéder l'intégralité des critiques des films vus à l'occasion du festival, soit vingt-deux, plus un autre projeté lors du FrightFest mais vu en France avant mon départ. Soit vingt-trois avis sur de grandes découvertes horrifiques, de vrais nanars absolument inénarrables, et autres curiosités hyper dégueulasses, hyper drôles ou même les deux.

C'est parti pour le récit d'un FrightFest qui, je l'espère, en appellera d'autres.




Compte-rendu n°1 (jeudi 27 & vendredi 28)

Troupeaux de geeks, armées de freaks : qui débarque à Leicester Square peut difficilement ignorer la tenue du 10ème Film4 FrightFest de Londres, qui se déroule désormais au sein du gigantesque Empire Cinema. Le dress code y est sensiblement différent de celui de Cannes ou Venise, par exemple : t-shirts à l'effigie d'improbables slashers, gobelets de soda king size, objets promotionnels en poche... Le FrightFest est avant tout un festival fait par des fans du genre pour les fans du genre, est cela se voit. Même s'il est un peu frustrant pour les quelques journalistes présents de ne pas avoir d'accès privilégié aux artistes venus présenter leurs films, il faut bien avouer que le FrightFest, bien qu'ayant gagné en ampleur au fur et à mesure des années, a su rester un festival proche des gens et fait avant tout pour procurer le maximum de plaisir au plus grand nombre. « Merci d'éteindre vos tronçonneuses avant la projection », précise un panneau avant chaque film. Il faut donc s'exécuter et débrancher sa Husqvarna, avant d'apprécier les courts-métrages désopilants replaçant les deux organisateurs du festival dans l'univers du Loup-garou de Londres... puis de découvrir enfin les films tant attendus.

La journée de jeudi débute à 18h30 avec la projection en avant-première mondiale de Triangle, le troisième film de Christopher Smith (Creep, Severance). Une entrée en matière impeccable, puisqu'il s'agit de loin du meilleur film du réalisateur anglais, qui met idéalement en images un scénario aux petits oignons, truffé de rebondissements surprenants et d'idées de cinéma scotchantes. Débutant comme un thriller maritime, se muant subitement en slasher, Triangle va au final bien plus loin que tout cela en déployant un dispositif inattendu... et dont il vaut mieux ne rien savoir. Mené par une Melissa George à la fois badass et bouleversante, c'est typiquement le genre de film qu'on a immédiatement envie de revoir, non à cause d'un énième twist remettant tout en jeu à la dernière seconde, mais parce que sa construction ambitieuse nécessite à coup sûr une deuxième vision.





Parti sur les chapeaux de roue, le FrightFest allait-il n'être qu'une succession de grands films et de petites découvertes ? Le film suivant avait au moins le mérite d'apporter une réponse claire et franche : navet n'ayant même pas l'étoffe d'un nanar, The hills run red est une compilation maladroite et terriblement fade d'univers ayant marqué son auteur : tour à tour, on se croit débarqué dans un épisode de Vendredi 13, une scène de La maison des 1000 morts ou une séquence de La dernière maison sur la gauche. À ceci près que la mise en scène est assez catastrophique, que le scénario ressemble à une brochette d'invraisemblances en tous genres, et que l'interprétation est purement risible. Face à un trio de jeunes acteurs sans charisme, le réalisateur Dave Parker a heureusement choisi de placer Sophie Monk, bombe en travaux permanents mais bombe quand même, dont les atouts plastiques sont copieusement mis en valeur ici. C'est tout. Le pire, c'est de lire dans la note d'intention que Parker dit s'être inspiré de La conspiration des ténèbres, roman ébouriffant de Theodore Roszak, pour bâtir ce film ne ressemblant à rien...





Infestation concluait en beauté cette première demi-journée, faisant le bonheur d'un public très sonore et n'hésitant pas à démontrer son enthousiasme à grands coups de cris et de rires parfois forcés. Sur les traces d'Arac Attack, cette comédie-avec-des-insectes-géants-dedans provoque régulièrement (et volontairement) l'hilarité, d'une part grâce à des effets visuels cheap et assumés comme tels, d'autre part grâce à l'abattage de Chris Marquette. Le héros de Fanboys nous régale en effet dans la peau de cet anti-héros complètement potache, qui ne pense qu'à se farcir l'une de ses deux compagnes de route et à remporter haut la main les jeux les plus débiles qui soient. Visiblement fauché, Infestation peut éventuellement frustrer les vrais fans de bébêtes géantes, parfois absentes pendant dix minutes afin de privilégier le côté comédie et de ne pas faire enfler le budget. Mais tout le monde finit par y trouver son compte et apprécier comme il se doit cet imparable drive-in movie.





Vidéo du premier jour, disponible sur le site officiel sur FrightFest :











Quelques heures de sommeil et c'est reparti pour une longue journée de souffrances et de sang. Comme la veille, la journée commence extrêmement bien grâce à la projection de The horseman, premier film américain s'inscrivant dans la plus pure tradition du vigilante movie. Le héros est en effet un père de famille brisé après la mort de sa fille adorée, celle-ci ayant apparemment été contrainte de tourner une vidéo pornographique avant de décéder par étouffement (un concours de gorge profonde qui aurait mal tourné ?). S'ensuit une série de règlements de comptes et de séquences de tortures, notre personnage démarrant en bas de la chaîne (distributeurs de la vidéo) pour mieux la remonter au gré d'indices fournis par ses victimes, et trouver ainsi les responsables directs du drame. Bien qu'un peu linéaire dans sa trame et encombré par un personnage faisant office de fille de substitution pour le héros, The horseman est une réussite, notamment pour l'inventivité mise au service de la vengeance. Pompe à vélo, pince à thé, hameçons : tout y passe pour provoquer la douleur, filmé de façon parfois rigolarde par Steven Kastrissios, lequel semble davantage fasciné par les préliminaires que par l'exécution elle-même. Douloureux mais savoureux.





Place ensuite à un après-midi en forme d'hommage à John Landis, présent sur les lieux (mais difficilement accessible en raison de l'armada de fans accrochés à ses basques du début à la fin de la journée). Avec tout d'abord la projection du documentaire Beware the moon, disponible fin septembre en DVD et Blu-ray, making-of du Loup-garou de Londres réalisé 25 ans après la sortie du film lycanthropique. Sur une construction totalement linéaire (on part de l'origine du projet pour arriver à la sortie du film, le tout dans l'ordre chronologique des évènements), le doc de Paul Davis décortique avec passion les coulisses d'un tournage forcément compliqué, mais sans cesse animé par une envie de faire du bon boulot et de se dépasser sans cesse. Voilà un making-of pas langue de bois, qui met en valeur le travail minutieux de chaque membre de l'équipe sans pour autant passer la brosse à reluire. Ponctué par les interventions souvent drôles de Landis, Beware the moon constitue non seulement une mine d'informations mais aussi un hors d'oeuvre alléchant en vue de la séance suivante.





Car la suite se nomme... Le loup-garou de Londres, projeté dans une version remasterisée en vue d'une sortie Blu-ray à venir. Le spectacle était autant à l'écran que dans la salle, les Landis-maniaques étant visiblement venus en groupe afin de savourer une énième fois un film qu'ils connaissent visiblement par coeur. Un bien beau moment, suivi d'une masterclass du réalisateur, hilarante et émouvante, en présence d'une dizaine de membres de l'équipe d'origine. De quoi faire ressortir si besoin la totale authenticité de ce festival proche des gens et sans calcul aucun.





Retour aux exclusivités avec l'étrange (et raté) Shadow, deuxième réalisation du rockeur italien Federico Zampaglione, avec notamment Karina Testa dans l'un des rôles principaux. Démarrant comme Eden lake, se poursuivant comme Saw, finissant en un plaidoyer anti-guerre bien maladroit, cette curiosité n'est pas exempte d'un certain savoir-faire technique, mais révèle assez rapidement des défauts d'écriture insurmontables. Situations mal mises en place, parallèles peu judicieux, révélations bancales : Zampaglione a encore du progrès à faire, même s'il propose une série d'exactions tout à fait intéressantes. Par exemple une pierrade humaine, le morceau de viande posé sur la pierre étant évidemment en vie au début de sa cuisson ; ou encore un découpage de paupière très seyant, qui permet de relativiser le calvaire bien éphémère du héros d'Orange mécanique.





Puis arrive le moment dont les rares spectateurs français rêvaient depuis le début du festival : la projection de La Horde, film de Yannick Dahan et Benjamin Rocher, dans une version pas encore définitive mais sans doute très proche du résultat final. Peut-être en attendait-on trop, imaginant le cinéma de genre français tiré par le haut grâce à ce film de zombies, mais La Horde déçoit en partie, pour tout un tas de raisons. L'intrigue un rien pataude mène les personnages en haut d'un immeuble cerné par des zombies façon XXIème siècle (peu de maquillage, une vitesse de déplacement saisissante). On se frotte alors les mains à l'idée d'assister à un croisement entre Nid de guêpes (pour le côté film de gangsters forts en gueule) et [Rec] : sauf que le film est plus bavard qu'efficace, alignant des dialogues ultra fleuris voire même too much au service d'un humour certes assez efficace mais pas forcément justifié. On compte les vrais morceaux de bravoure sur les doigts d'une main, et ceux-ci sont généralement expédiés avec un manque d'inventivité criant. Buter du zombie à l'arme à feu, ça va bien 2 minutes, mais qui est rompu au genre attend forcément plus d'imagination ou au moins des gunfights bien gratinés. Mais, porté par un casting impérial et par une photographie plutôt bien léchée, La Horde remplit tout de même son rôle de divertissement. Gentiment.





Pour terminer ce vendredi, un bon gros massacre à l'indonésienne avec un Macabre classique mais d'une efficacité sans borne. Si le thème est apparemment classique (une bande de jeunes adultes est accueillie un soir de pluie par une étrange famille), l'originalité vient du fait que les hôtes en question sont aux antipodes de la redneck attitude : physique (trop) irréprochable, sens inné de l'accueil, politesse jusqu'à l'excès... Tout cela pour mieux détruire un à un les membres du petit groupe dans le but de ravir le bébé encore logé dans le ventre de l'une des jeunes femmes invitées... Ce huis clos jouissif et enlevé a provoqué beaucoup de réactions dans la salle, notamment en raison des quantités industrielles d'hémoglobine déployées ici, et de l'insubmersibilité totale de la méchante en chef, une maîtresse de maison sur qui aucune arme n'a visiblement d'emprise. Après dix heures de projection dans la journée, ça secoue forcément.





Côté courts-métrages, signalons le triomphe réservé à Paris by night of the living dead, épopée touristico-zombiesque réalisée par Grégory Morin, qui reçut un tonnerre d'applaudissements bien que l'horaire fixé (minuit, soit juste avant Macabre) ait privé bien des spectateurs couche-tôt de cet excellent court. Enfin, pour ce qui est des exclusivités, la projection de La horde a été précédée d'une featurette mettant en scène Vincenzo Natali, qui présentait en exclusivité mondiale une scène complète de son étrange Splice. Ce thriller à base de manipulations génétiques mettant en scène Sarah Polley et Adrien Brody a des allures de chef d'oeuvre potentiel, tant tout semble être réuni pour cela : direction artistique éblouissante, acteurs à fleur de peau et effets spéciaux saisissants. Le freak que tentent de faire survivre les deux scientifiques joués par Polley et Brody semble plus vrai que nature, et aussi mignon que terrifiant...Vivement février.





Vidéo du deuxième jour :







Compte-rendu n°2 (samedi 29)

Un taux déraisonnable de caféine dans le sang, la panse remplie de burgers et autres cochonneries, c'est dans une forme olympique que les participants du Film4 FrightFest ont vécu une troisième journée charnière, le festival basculant lentement mais sûrement vers un dénouement prévu lundi soir. Week-end oblige, la grande salle de l'Empire n'a jamais été aussi bondée et collante, les seaux de pop corn et le soda renversé ayant fait leur petit effet malgré le travail considérable d'une troupe de bénévoles fort méritants.

Trêve de bons sentiments, entrons dans le vif du sujet avec le récit de cette journée riche en émotions et en hémoglobine. Les programmateurs étant visiblement des gens raisonnables, la première séance de la matinée est agréable et 100% bon esprit afin de ne pas filer la nausée d'entrée à des spectateurs en manque de sommeil et de repas équilibrés. Réalisé par Lee Demabre, Smash cut est une pure comédie aux scènes horrifiques toujours hilarantes, bien loin de ce qu'on pouvait éventuellement attendre à la vue de l'affiche mettant en scène Sasha Grey en infirmière. Petite déception partagée par une partie du public : à aucun moment la belle ne se dévêt, ne nous rappelant la nature de son principal gagne-pain qu'à l'occasion d'une scène où un fluide corporel vient inonder sa jolie frimousse. Qu'on se rassure, il ne s'agit que de sang. À part ça, Smash cut est un excellent divertissement dans lequel un très mauvais réalisateur d'horreur (interprété par l'un des héros de La dernière maison sur la gauche de Wes Craven) tente de sortir de la médiocrité en utilisant de véritables cadavres au lieu d'avoir recours à des pantins trop factices. Et pourquoi ne pas en profiter pour dézinguer dans la bonne humeur quelques emmerdeurs notoires, comme une critique revêche ou un scénariste tatillon ? Avec Hershell Gordon Lewis en guest star, le film de Demabre a inondé ce samedi de sa bonne humeur perpétuelle.





La suite était moins guillerette, l'après-midi s'ouvrant avec le Hierro de l'espagnol Gabe Ibanez. Déjà présenté en sélection parallèle à Cannes, le film s'inscrit dans la plus pure tradition du cinéma fantastique espagnol, avec des enfants disparus, des apparitions, des disparitions, et des mères éplorées. Pas original ? Certes, sauf que la surprise vient de l'économie d'effets choisie par le réalisateur, qui à aucun moment ne tente l'effroi pur, préférant installer une atmosphère légèrement angoissée et surtout terriblement dépressive. Si l'héroïne, dont le fiston s'est évaporé pendant une traversée en ferry, cherche sa progéniture avec obstination et sans jamais envisager le pire, c'est d'abord parce que cette quête va lui apprendre des choses sur elle-même et lui permettre d'aider d'autres personnes en détresse. La présence de ce drame doublé d'un beau portrait de femmes a presque de quoi surprendre tant son potentiel horrifique est nul ; mais un peu de sobriété n'a jamais fait de mal à personne.





Presque aussi étonnante, la présence au programme du premier volet de la trilogie Millénium, sorti chez nous il y a plusieurs mois mais encore inédit outre Manche, fut l'occasion pour moi d'aller jeter un oeil du côté de la deuxième salle réservée au festival. D'une taille extrêmement réduite (moins de 100 places), celle-ci est consacrée à des découvertes et autres films mineurs. Indigence générale de cette programmation parallèle ou mauvais choix de ma part ? En tout cas, l'australien Fragment d'Andrew Miles fut une perte de temps bien rageante à une heure où une sieste dans le gazon de Leicester square n'aura pas été déplaisante. Il s'agit de l'histoire, filmée façon téléfilm, d'un photographe de guerre se sachant condamné après avoir reçu des fragments d'uranium dans le crâne au cours d'un accident. À moins que cela ne raconte ses déboires avec une caméra tueuse mais pouvant aussi ressusciter ses victimes. Ou peut-être est-ce tout simplement le récit d'une enquête dans l'univers des snuff movies... Bref, un gloubiboulga d'intrigues mal ficelées, inconciliables et filmées avec un indéniable manque d'adresse et de talent.





Le pire film de la journée ? Non : il fallait compter sur Dario Argento pour assurer le spectacle et provoquer l'hilarité générale d'un public pourtant assez respectueux de la plupart des films proposés. Consternant de part en part, Giallo est un nanar de la plus pure espèce, un bidule surdialogué où chaque réplique sonne culte pour de mauvaises raisons. De l'avis de ceux qui ont suivi le réalisateur italien jusque dans ses errements récents, c'est de loin ce qu'il a pu commettre de plus indigent. Extrêmement pauvre en effets horrifiques, le film se résume à deux types de scène : d'un côté, Elsa Pataky est séquestrée de façon terriblement passive par un vilain tueur surnommé Yellow (devenu psychopathe à la suite d'une jaunisse chronique) ; de l'autre, Emmanuelle Seigner et Adrien Brody se livrent à un concours d'inepties et de déductions foireuses afin de tenter de débusquer le tueur. Le duel au sommet entre le flic et le méchant n'aura même pas lieu : Giallo, c'est du vide à l'état pur, mais du vide ridicule de fond en comble, faisant douter de la santé mentale du réalisateur de Suspiria et autres (mais rares) merveilles. John Landis, présent pour les séances du soir, en rit encore. Nous aussi.





Après cette avalanche de fous rires en chaîne qui restera à coup sûr comme l'un des grands moments du FrightFest, la soirée s'achève avec Trick 'r treat, premier long de Michael Dougherty (scénariste de X-men 2 et Superman returns), injustement resté dans les cartons de la Warner depuis sa finalisation il y a deux ans. Injustement car le film est un pur régal, oeuvre chorale et déconstruite mêlant serial killers très singuliers, loups-garous inattendus et enfants poussant leurs farces jusqu'à des limites bien extrêmes. Drôle à en mourir, macabre à souhait, c'est Halloween revisité par John Landis (encore lui) et Todd Solondz, un divertissement du samedi soir possédant toutes les qualités requises pour devenir totalement culte. À condition d'en faire encore et encore la promotion afin de sortir le film d'un anonymat immérité. À ce titre, Dougherty a enjoint une assemblée conquise à faire connaître Trick 'r treat par tous les moyens, par exemple en inondant les réseaux sociaux de critiques reflétant l'enthousiasme général. Brian Cox n'en pensait pas moins, lui qui s'est contenté de faire acte de présence en raison d'une grippe tenace qui aurait fait flipper Roselyne Bachelot à coup sûr.





La surprise du jour a eu lieu avant la projection de Hierro : comme Vincenzo Natali la veille, George Romero a présenté par vidéo interposée une scène de Survival of the dead, son nouveau film de zombies. Un cadeau sympathique mais frustrant, la scène proposée étant si courte et si peu révélatrice de la tonalité du film qu'il était bien difficile de se faire une opinion.





Vidéo du troisième jour :







Compte-rendu n°3 (dimanche 30)

Le temps s'est couvert sur Londres, faisant de ce dimanche une journée moyennement engageante pour les touristes en goguette. Le programme dominical du FrightFest était à cette image, ni éblouissant ni catastrophique. Le facteur fatigue y est sans doute pour quelque chose, les plus affamés des festivaliers ayant gobé une vingtaine de films depuis jeudi soir ; mais l'absence de très grands noms et la tiédeur générale du programme est un fait.

Pour autant, pas question de jouer la fine bouche tant les oeuvres présentées pour ce quatrième jour étaient à la fois variées et de facture correcte. Dans la salle principale, les festivités débutent en fin de matinée avec la projection du film norvégien Dead snow, dont la deuxième partie (une lutte délirante et enneigée entre un groupe de skieurs et une horde de zombies nazis) compense largement une première moitié un peu plate. Ayant déjà vu le film de Tommy Wirkola, je retente ma chance dans la deuxième salle, celle consacrée aux découvertes et aux films fauchés (enfin, encore plus fauchés que les autres). Salvage, du british Lawrence Gough, n'a rien d'un chef d'oeuvre mais épate par sa capacité à créer l'effroi avec zéro moyen. Situé dans une résidence pavillonnaire subitement placée en quarantaine sous le contrôle de l'armée, ce quasi huis clos met du temps à dévoiler la véritable nature de la menace qui rôde, mais réussit à se rendre intéressant grâce à des dialogues d'une grande qualité. La dernière demi-heure, violente à souhait, parvient à faire oublier tant bien que mal le budget minuscule du film, le réalisateur privilégiant la qualité des scènes horrifiques plutôt que la quantité.





Se pose alors une question fondamentale : vaut-il mieux avoir le ventre vide ou plein avant d'assister à la projection de The human centipede (First sequence), film anglo-hollandais dont le synopsis a de quoi intriguer les fans de déviances et les curieux en tous genres ? Le héros du film de Tom Six est un chirurgien allemand qui s'adonne dans son sous-sol à des expériences peu orthodoxes, puisque son projet est de créer un mille-pattes humain. Comment ? En capturant (sans les tuer) trois jeunes gens puis en cousant l'anus de l'un avec la bouche du suivant, créant ainsi un animal bizarroïde et mouvant. Avec un tel sujet, Six ne pouvait que livrer un film à la fois drôle et dégueulasse (devinez ce qui se passe quand l'une des victimes ne peut plus retenir son sphincter), et réussit globalement son entreprise en assumant totalement ces deux facettes. Reste qu'une fois passée l'étrangeté de ce mille-pattes humain, l'impression qui domine est celle d'avoir assisté à un spectacle un peu vain, qui peine à aller au-delà de son étrange idée de départ. Petite précision : le First sequence du titre s'explique par le fait que Tom Six compte mettre en scène une suite intitulée Final sequence, dans laquelle le mille-pattes sera composé d'une quinzaine de personnes, le tout sous la forme d'un slasher. Cet homme-là a le sens du buzz, c'est certain.





À peine le temps de faire des provisions de café et voilà Coffin rock, de l'australien Rupert Glasson. Annoncé plus qu'un peu vite comme un nouveau Wolf creek, le film ne partage en fait que deux éléments avec le film de Greg McLean : son producteur et son pays d'origine. Dans ce thriller d'une violence sourde, un couple tente désespérément d'avoir un enfant, jusqu'à ce que la femme couche avec le premier venu un soir d'ivresse. Forcément, la voilà enceinte ; forcément, il ne s'agit pas du premier venu mais d'un psychopathe de première, persuadé d'avoir rencontré l'amour de sa vie et souhaitant à tout prix fonder un foyer et élever l'enfant à venir. Les éléments se mettent lentement en place, mais la tension monte petit à petit jusqu'à une escalade de violence pour le moins efficace, qui ne parvient cependant pas à gommer une certaine impression de déjà-vu.





Tout le monde se détend ensuite, comme en témoigne l'atroce odeur de pop corn qui monte subitement dans la salle, pour voir le très léger Night of the demons d'Adam Gierasch. Ce remake du Demon house datant de 1988 est présenté par son réalisateur comme une histoire de démons qui poursuivent des filles à gros seins. Le ton est donné : plein de bombasses (menées par une Shannon Elizabeth un peu trop couverte) et de vilains monstres, c'est un saturday night movie souvent agréable et d'une vulgarité assumée, mais qui entre deux moments extrêmement délirants souffre de temps morts assez dommageables. S'il devait y avoir un prix des effets visuels pour ce Festival, Night of the demons le mériterait sans doute, tant ses bestioles en tous genres sont d'une crédibilité absolue. En revanche, les responsables maquillage ont visiblement oublié de faire quelque chose pour Edward Furlong, qui joue ici un dealer de coke (tiens tiens), et qu'on a du mal à reconnaître tant il est bouffi et plein de gras. Mais le physique, on s'en fout : contrairement à Brad Renfro, Furlong est vivant, et s'acquitte qui plus est de son rôle avec une drôlerie insoupçonnée.





Avant la projection de Black, étonnamment projeté dans le cadre du FrightFest, les derniers frissons de la soirée étaient dus à Clive Barker's Dread, adaptation de l'une des nouvelles contenues dans les fameux Livres de sang de l'auteur. Trois jeunes gens y réalisent un documentaire sur la peur en interviewant des membres de leur campus, jusqu'à ce que l'un d'entre eux décide de pousser l'expérience jusqu'au point de non-retour. Sans doute le meilleur film de la journée, Anthony DiBlasi ayant réussi à capter l'atmosphère barkerienne et à monter un suspense efficace, souvent glaçant, et empreint de grands moments de violence psychologique. Une grosse réserve cependant : la prestation de Shaun Evans, bien loin de convaincre dans le rôle du sociopathe de service, manquant de folie dans le regard et d'intensité dans l'action. Mais DiBlasi a de l'avenir, c'est un fait, d'autant qu'il a visiblement les faveurs de Barker (producteur du film), qui a donné son feu vert pour qu'il adapte une autre de ses nouvelles.





Après Natali vendredi et Romero samedi, on attendait la surprise du jour avec une certaine excitation, et la déception fut à la hauteur. Mais on pardonnera volontiers à Adam Green, l'un des deux programmateurs et chouchous du publics, d'avoir souhaité partager le trailer de son nouveau long, Frozen, qui semble éminemment foireux, puisqu'il met en scène un trio de skieurs bloqués sur un téléphérique pendant la semaine de fermeture d'une station de haute montagne. Une sorte d'Open water en altitude, où les seuls rebondissements semblent être « oups, j'ai fait tomber un gant » et « oh mon Dieu, j'ai froid aux doigts ». Adam a de la chance d'être aussi aimé par le public local... En fait, la vraie surprise est celle qui a précédé Black, John Landis (encore et toujours présent dans la salle de l'Empire) ayant présenté sans prévenir un long making of du fameux clip réalisé pour le Thriller de Michael Jackson. Ayant déjà vu Black, j'avoue avoir raté ça ; mais, n'étant pas spécialement fan du King of Pop, cela ne m'epêchera pas de dormir. Le public a paraît-il apprécié ce moment privlégié avec un mélange d'émotion et d'enthousiasme. Tant mieux pour les admirateurs de la star...





Vidéo du quatrième jour :







Compte-rendu n°4 (lundi 31)

Nul besoin d’aller à Cannes ou Venise pour réaliser qu’un festival est un évènement hors du temps : ce lundi respirait déjà la nostalgie et la mélancolie, les centaines de festivaliers s’apprêtant à retourner voir ce qui se passe du côté de l’existence dite normale, celle où il y a une vie entre deux films. Mais évidemment, le plus à plaindre, c’est moi, moi, et uniquement moi, le seul frenchie de l’assemblée (en tout cas le seul à vivre en France), contraint d’amputer sa dernière journée de projection afin d’aller prendre le dernier Eurostar direction Paris. La vie est vraiment moche.

Semi-consolation : le film de clôture, que je raterai donc, n’est autre que The descent 2, qui sort en France en octobre et qui est précédé d’une réputation plus que mitigée (voir par exemple les notes de la rédac d’Ecran Large). En revanche, il est beaucoup plus difficile d’accepter de passer à côté de Heartless, le nouveau film de Philip Ridley après 14 années d’absence, qui met Jim Sturgess aux prises avec des démons d’une méchanceté absolue.

Mais trêve de râleries : la programmation de début de journée, aussi variée que possible, permettait d’effectuer des adieux en douceur. Cela commençait pourtant de façon bien décevante, avec un Zombie women of Satan qui ne valait que par l’intervention, avant la projection, de la dizaine d’actrices du film, maquillées comme il se doit, et déambulant en petite tenue dans une salle médusée mais à moitié vide – c’était pourtant jour férié en Angleterre. Ressemblant trait pour trait à une production Troma, voilà un film d’un ennui mortel, qui tente en permanence de dissimuler son manque d’idées derrière son tout petit budget. Mais le manque d’argent n’a jamais empêché d’écrire un scénario potable ou des répliques pas trop affligeantes. Torché comme un petit film de potes, le film va de plus en plus loin dans le scato de très bas étage, et exhibe des paires de seins XXL comme si cela suffisait à faire du Russ Meyer. Mais à condition d’aimer les bruits de pets et les gros plans d’une minute sur le visage d’un nain atteint de colique, on peut éventuellement se satisfaire de ce Zombie women of Satan.





La suite était heureusement de très haut niveau : The house of the devil fait incontestablement partie des révélations de ce FrightFest. À la base, une nouvelle histoire de vieille maison servant de théâtre à des rituels sataniques ; sauf que le réalisateur Ti West fourmille d’idées, ayant notamment compris qu’un film d’effroi réussi ne faisait pas forcément dans la surenchère. Sur l’heure et demie que dure The house of the devil, seul le dernier quart d’heure est vraiment bourré d’action et de gore, sauf que l’essentiel n’est pas là : au préalable, West aura décrit avec finesse et sans effet superflu l’angoisse qui monte peu à peu chez l’héroïne du film. Embauchée comme baby-sitter dans un foyer sans enfant (mais avec une vieille dame à la place), étrangement surpayée, la voici contrainte de passer la nuit dans une bicoque peu rassurante et quasi-déserte. Les questions d’après film montraient à quel point le public avait apprécié ce spectacle à la fois modeste et ambitieux : plusieurs fois, les noms de Polanski et Carpenter furent cités, et de façon assez justifiée. Voici un vrai film d’ambiance, entre Le locataire et Halloween, et sans doute l’un des plus captivants du festival.





Avant Heartless (ne remuons pas le couteau dans la plaie) était projeté le film de Christian Alvart, metteur en scène allemand révélé par Antibodies. Réalisé avant Pandorum, dont la sortie française sera pourtant antérieure, Le cas 39 est un thriller assez intéressant sur le thème consacré de l’enfant semant le mal autour de lui. Car si la jeune Lilith (Jodelle Ferland, hallucinante) est présentée au départ comme une pauvre petite fille battue, le scénario montre rapidement qu’elle est loin d’être aussi innocente que son visage d’ange le laisse supposer. S’il se montre évidemment moins zinzin que dans Antibodies (entrée à Hollywood oblige), Alvart se régale cependant par le biais d’une mise en scène inventive et rentre-dedans, notamment à l’occasion de scènes horrifiques de grande qualité. Les bandes-annonces vendent sans doute la mèche, mais l’attrait du Cas 39 vient en partie de ce qu’on ignore sa nature jusqu’aux dernières bobines. La gamine est-elle une envoyée de Satan, une conspiratrice machiavélique ou l’objet de toutes les hallucinations ? Le film tombera-t-il dans le surnaturel ou non ? La réponse est plutôt satisfaisante, même si le dénouement a de quoi décevoir en raison d’un manque de cohérence et d’une intensité en dessous du niveau général.





Il est alors temps de quitter l’Empire Cinema, de dire au revoir à Leicester Square, et de rentrer au bercail en songeant déjà à la onzième édition de ce FrightFest convaincant, ouvert et chaleureux, où l’élitisme et le snobisme n’ont visiblement pas leur place. À l’année prochaine…




Pour finir, ma réponse à une question posée çà et là : mais comment diable me suis-je débrouillé avec l'anglais, moi qui ai fait allemand première langue ? Eh bien, chers amis, ce test grandeur nature m'a permis de vérifier que mon niveau de compréhension de la langue de Shakespeare était tout à fait bon, au point que je ne me suis jamais senti perdu dans l'intrigue de ces films (ça aurait peut-être été différent avec du cinéma d'auteur), mais que j'avais en revanche beaucoup de progrès à accomplir avant de pouvoir émettre des idées pas trop basiques en langue anglaise. C'est fou comme on peut soudain avoir l'impression d'être un débile avec 6 mots de vocabulaire.
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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