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6 sept. 2009

FrightFest 2009 : LA HORDE

Après Mutants il y a quelques mois, le cinéma français poursuit son exploration d'un genre trop peu traité sur nos terres : le film de zombies. Décrire ainsi La horde serait par trop réducteur, le premier long de Yannick Dahan et Benjamin Rocher (prolongement de leur court Rivoallan) ayant également des allures de polar, puisqu'il met en scène l'alliance forcée de flics et de mafieux face à un ennemi commun. Situé dans un immeuble truffé de zombies, La horde s'annonçait donc comme un mix ambitieux de Nid de guêpes et de [Rec]. Mais c'était peut-être trop en attendre qu'espérer à l'éclosion d'une nouvelle référence du genre : la montagne a en effet accouché d'une souris, divertissement franchement pas désagréable, mais gangréné par un manque évident de moyens et par l'étonnante fébrilité de ses réalisateurs. Ceci expliquant peut-être cela.
Les premières minutes laissent même craindre le pire, la présentation des personnages semblant exagérément solennelle et inutilement compliquée. Tout cela pour aboutir au final à une simple histoire de rivalité entre des gangsters sans état d'âme et des policiers avides de vengeance après l'assassinat de l'un des leurs. Mais les premières fusillades, brutales et assourdissantes, font heureusement oublier ces débuts bien balourds. Puis arrivent sans prévenir les fameux zombies, qui emmènent alors le film là où tout le monde l'attendait de pied ferme. La déception est relative mais bel et bien présente : correctement mises en scène, les scènes d'affrontement sont aussi peu nombreuses que vite bouclées, quelques coups de feu ou un enchaînement pieds-poings suffisant généralement à éliminer les assaillants.
La horde manque en fait de tout un tas de petites choses qui auraient pu en faire un film réellement convaincant : davantage d'inventivité dans le choix des situations, des séquences s'inscrivant dans la durée, un réel sentiment d'urgence. Au lieu de quoi Dahan & Rocher s'abandonnent trop souvent à la facilité en laissant le champ libre à des acteurs certes irréprochables, qui s'affrontent principalement à grands coups de dialogues fleuris, parfois très drôles, fréquemment too much. L'immeuble aurait pu être un formidable terrain de jeu, avec ses nombreux étages et ses recoins inquiétants, mais il n'est jamais exploité à sa juste valeur. En fin de course, quelques séquences franchement réussies font des zombies une masse grouillante et irrespirable à travers laquelle les humains peinent à évoluer. C'est ce que le film aurait dû être dès le début : un survival de tous les instants, aussi bourrin que possible et riche en adrénaline. Le résultat n'est pas désespérant mais est tout de même plus que rageant.




La horde de Yanick Dahan & Benjamin Rocher. 1h30. Sortie 2010.
Critique publiée sur Écran Large.

29 janv. 2008

CORTEX

Fléau semblant se répandre plus que de raison, aux symptômes les plus angoissants qui soient, la maladie d'Alzheimer est un sujet éminemment cinématographique. Côté drame, Zabou Breitman (Se souvenir des belles choses) et Sarah Polley (Loin d'elle) s'y sont essayées, avec un net avantage à la Canadienne. Nicolas Boukhrief n'est pas tout à fait le premier à utiliser Alzheimer comme moteur d'un polar : il y eut notamment, La mémoire du tueur, film imparfait mais fascinant du belge Erik van Looy, et Memento, puzzle s'appuyant également sur un montage allant à rebours de l'ordre chronologique. Comme le personnage incarné par Guy Pearce, dans une version légèrement plus pantouflarde, André Dussollier incarne un ancien flic qui va tenter d'être temporairement plus fort que sa maladie pour parvenir à démonter les rouages d'un crime. Né de la volonté de Boukhrief de travailler en huis-clos et avec ceux que l'on appelle dorénavant des seniors, Cortex est conçu comme un polar délicat (c'est l'auteur qui le dit), jouant avec le suspense du whodunit mais ne gaspillant pas ses forces à coups de scènes d'action inutiles et malvenues.
Première constatation : le réalisateur a visiblement choisi de faire profil bas sur la forme, filmant simplement et calmement les errances et les interrogations de son héros. Elle est loin, la frénésie inquiète de l'impeccable Convoyeur : malgré un sujet pas marrant pour tout le monde, Cortex ne brusque personne. Si l'on peut saluer l'effort du metteur en scène pour s'adapter à son sujet, on peut également railler le manque total d'ambition filmique et de personnalité d'un long-métrage filmé de façon plus qu'ordinaire. Mais après tout, si l'essentiel du film réside dans ce Cluedo en clinique, pourquoi pas. Rien de tel que ce confort routinier pour mettre les neurones à disposition.
Si le rythme n'est pas trépidant, Cortex procure tout de même un certain plaisir immédiat. Il est toujours excitant de se laisser embarquer par un auteur qui semble être le seul à savoir où il va. L'enquête policière au centre du film ne monte pas vraiment en puissance, mais cet encéphalogramme presque plat parvient à vriller les nerfs de façon assez efficace. Seulement voilà : le scénario de Boukhrief et Frédérique Moreau est de ceux où le personnage principal en sait plus que le spectateur. Mais quand celui-ci est atteint de la maladie d'Alzheimer et qu'il est capable de rayer de sa mémoire des indices-clés ou même le nom du coupable, cela devient embêtant. Comment en effet se désoler de voir cet homme oublier des choses si l'on ignore leur importance et leur teneur? Comment se réjouir au final de cette résolution finale arrivant comme un cheveu sur la soupe et qui fait reconsidérer l'ensemble à la baisse?
L'impression finale laissée par Cortex est des plus négatives, tant les intentions de Boukhrief paraissent floues. La conclusion, bâclée et simpliste, laisse entendre qu'il se moque du côté polar ; quant à la pathologie décrite, elle n'est ni traitée de façon frontale, ni exploitée à d'autres fins. De ce monument de frustration émerge une réelle satisfaction, celle de voir André Dussollier jouer enfin autre chose que les gendres idéaux. Dans la peau de ce Charles Boyer (non, pas l'acteur), avec une vingtaine de kilos de moins que ces dernières années, il livre une prestation habitée et tétanisante qui confirme son grand talent de comédien ainsi que celui de Boukhrief en tant que directeur d'acteurs. Pour le reste, ce monument de frustration ne risque certainement pas de convaincre ceux qui attendaient la confirmation d'un Convoyeur qui en avait fait le petit prince du polar français.
5/10

2 nov. 2007

CHRYSALIS

On a suffisamment reproché au cinéma français sa frilosité pour blâmer totalement l'équipe de Chrysalis, polar futuriste ambitionnant de faire mieux que l'habituelle (et ronronnante) qualité France. L'image est l'attrait principal du film : prêtant à chaque plan une attention particulière, Julien Leclercq livre un film aux couleurs étonnantes, une mer de gris assez glaçante et absolument admirable. Artistiquement, Chrysalis est assez irréprochable, Leclercq s'en sortant au moins aussi bien que ses modèles (dont le Spielberg du très faiblard Minority report).
Là où le film nous rappelle à une dure réalité, c'est d'abord au niveau de son scénario, à la fois simpliste et incompréhensible, qui eine à dégager des enjeux et à faire monter la tension. Très vite, on se contrefout du sort de Mélanie Thierry et Albert Dupontel pour se contenter d'admirer le joli savoir-faire technique. Il est tout de même assez consternant que des artistes et producteurs aient su créer patiemment et avec application un tel univers visuel sans se soucier une seconde de l'inanité du scénario. On croirait revoir le triste (mais bien fait) Renaissance, tentative esthétique mais foirée d'animation à la française.
Comme si ça ne suffisait pas, Julien Leclercq s'est flanqué d'un acteur principal en perte de vitesse, Albert Dupontel, qui livre des prestations plus pathétiques les unes que les autres. À force de trop se prendre au sérieux et de se reposer sur son capital talent, Dupontel est une nouvelle fois caricatural, monolithique, lourdingue. On ne croit pas une seconde à son désespoir ou à son amnésie, et on a presque envie de le voir périr sous les coups du gros méchant de service (l'impressionnant Alain Figlarz). Heureusement, la casting féminin est mieux fourni (l'épatante Estelle Lefébure en tête) (si si). Détails face au nouvel échec de l'ambition française, comme s'il fallait désormais se résoudre à ce que seuls les Américains (et les Asiatiques) soient capables de faire du divertissement haut de gamme et de qualité. C'est triste.
4/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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