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26 janv. 2009

UN HOMME ET SON CHIEN

Il paraît que Francis Huster est un comédien respectable. Difficile à dire pour qui ne l'a vu que dans Le dîner de cons et soigneusement évité dans les séries et téléfilms de TF1. En tout cas, il semblerait que Francis Huster soit un réalisateur épouvantable, et il n'y a nul besoin de voir On a volé Charlie Spencer pour arriver à cette conclusion. Belmondo ou pas Belmondo, Un homme et son chien est un film consternant et lénifiant, qui ne donne ni envie d'être vieux ni de mettre les pieds au cinéma. C'est bien simple : avec sa brochette de stars et d'acteurs connus mais de seconde zone, il ressemble à un gigantesque catalogue de cabotins venus réciter leurs deux lignes, toucher leur cachet, et raconter toute leur vie qu'ils ont « tourné avec Bébel ». Il y en a même certains qui n'ont rien à dire mais se fendent d'apparitions faussement énigmatiques, tel Tchéky Karyo dans le rôle essentiel du « guitariste parc ».
Tout cela donc pour apparaître le temps d'une scène aux côtés de Jean-Paul Belmondo, jadis acteur phare du cinéma français, devenu le plus célèbre légume de France devant Paul-Loup Sulitzer (avec qui il partage l'amour des jeunes femmes avides de fric et un certain besoin de consulter un orthophoniste). Ce n'est pas vraiment de sa faute, mais sa seule présence ici donne envie d'être méchant envers lui, outil numéro un d'un film aussi vilain que manipulateur. Huster semble prendre un malin plaisir à exploiter sa sénilité totale et à rendre aussi pitoyables l'acteur et son personnage. Objectif : attirer en salle les nostalgiques du toc toc badaboum et les curieux lecteurs de tabloids. Tout ce petit monde sera finalement réuni dans la salle, essayant de comprendre les paroles du vieux monsieur, et de saisir l'intérêt de l'ensemble.
Filmant mal du premier au dernier plan, Huster nous la joue « la vie c'est dur » en multipliant les discours tout faits sur les filles-mères, la maladie, la vieillesse, la solitude, la rupture... Ça voudrait être triste et beau, c'est juste idiot, sans cohérence, et donc pollué par les apparitions incessantes de gueules connues. Pire que tout : une fin racoleuse au possible, qui tente en vain de créer un certains suspense en jouant avec la vie de ce type si usé par l'existence qu'il a un peu envie d'en finir. Devinez quoi : c'est son chien, son gentil chien, qui finira par décider pour lui. Parce que les animaux, ma bonne dame, ils ont un coeur, vous comprenez, même qu'on dirait des fois qu'il ne leur manque que la parole. On pensait qu'avec Une chance sur deux et surtout Amazone, Bébel avait fait le film de trop ; cette fois, c'est sûr, Un homme et son chien remplira aisément ce rôle, concluant tristement la carrière de cet acteur si populaire.
1/10

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

25 janv. 2008

FRONTIÈRE(S)

Le voilà donc, le film qu'on annonçait comme le monument trash de l'année, celui qui allait révolutionner le cinéma de genre français... Autant le dire tout de suite, Frontière(s) ne remplit pas vraiment son contrat, provoquant plus de frustration que d'exaltation. Il y a de quoi perdre espoir et se résoudre au fait que, décidément, la France ne saura jamais produire autre chose de bon que des films intellos. C'est que, réflexion faite, le film de Xavier Gens penche plus du côté de Kim Chapiron (réalisateur d'un Sheitan attachant mais foireux) que de celui de Tobe Hooper et Wes Craven. Pour celui que l'on imaginait devenir le pape de l'horreur malsaine made in hexagone, voilà qui fait tache.
Frontière(s) part mal, très mal, nous imposant des personnages comme autant de clichés ambulants. Plombées par des dialogues artificiels, les relations entre ces racailles (pour reprendre un mot cher à notre président chéri) sonnent faux, tant et si bien que l'on se moque rapidement de ce qu'il risque de leur arriver. Comme dans À l'intérieur, autre grosse déception du genre, le scénario nous impose un contexte vaguement politique, celui des émeutes en banlieue, s'emparant de faits divers récents avec un opportunisme assez putassier. Le traitement est démago, et cet enrobage pseudo-sociologique n'a de plus aucun intérêt dans l'avancée du récit.
La famille de freaks chez laquelle atterrit notre bande de djeunz est composée de bons gros nazis faisant du renouvellement de la race aryenne un objectif majeur. Pourquoi pas. Mais Gens se prend pour un auteur, tentant de mêler à cela l'ombre d'avril 2002, des émeutes de 2005, et du troisième Reich. On se serait volontiers passé de cet arrière-plan franchement dispensable, d'autant qu'il nous est imposé avec une légèreté de bûcheron. Le personnage du patriarche, accent germanique prononcé et goût certain pour les tortures d'antan, fait sourire : on s'attendrait presque à ce que son bras soit pris de spasmes proches du salut hitlérien, façon Dr. Folamour. Sauf qu'on n'est pas là pour rigoler.
C'est lorsque Frontière(s) rentre enfin de plein fouet dans l'horreur pure que Gens se montre le plus à son aise : si la dégueulasserie n'atteint pas tout à fait le niveau promis, les sévices sont nombreuses et vicieuses, et le sang gicle comme il se doit. Dans ses meilleurs moments, le film a de quoi faire penser à Massacre à la tronçonneuse ou La dernière maison sur la gauche. Trop rarement hélas, mais ces instants-là ont de quoi faire jubiler. D'autant que le casting de cette famille de barjos a de quoi impressionner : tous ou presque se montrent très justes dans leurs excès, contribuant au malaise ambiant. Confirmant un réel tempérament d'actrice, Estelle Lefébure irradie le film en salope sanguinaire (il n'y a pas d'autre mot). C'est l'une des bonnes nouvelles d'un film assez rageant, qui souffre malheureusement d'une mise en scène souvent trop franchouillarde et d'un vrai manque de souffle côté scénar. D'habitude, ce genre de critique se termine par un message d'espoir destiné à encourager les jeunes cinéastes qui osent afin qu'ils persistent dans leur quête de style et de réussite. Goutte d'eau faisant déborder le vase, Frontière(s) donne plutôt envie de se décourager totalement.
5/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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