Affichage des articles dont le libellé est Emmanuelle Devos. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Emmanuelle Devos. Afficher tous les articles

14 juin 2009

LES BEAUX GOSSES

Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, précédé d'un buzz pharaonique, bénéficiant de l'aura de son réalisateur (auteur de BD acides et réjouissantes, notamment sur la condition de l'ado), Les beaux gosses était donné gagnant avant même sa sortie. Il est vrai que le film de Riad Sattouf remet les choses à leur place et montre qu'il y a plus drôle, plus réaliste et moins bourgeoise que Lol. Même s'il fait évidemment dans l'excès et la caricature pour tenter de faire rire, Sattouf a le ton juste pour décrire ces jeunes types d'une quinzaine d'années qui se débattent pour choper de la meuf mais devraient penser avant tout à s'acheter de l'Eau Précieuse, du déo, des fringues décentes et un bon peigne. Et accessoirement se forger une culture ou une singularité leur permettant de sortir du lot par leurs atouts et non par leurs nombreuses tares. Les beaux gosses restranscrit à merveille l'état d'excitation frustrée qui anime nos jeunes, et pas forcément que les mâles.
On comprend finalement assez bien le pourquoi de cette sélection à la Quinzaine : même s'il n'a peut-être pas été conçu comme tel, Les beaux gosses est d'abord un document sociologique précieux pour comprendre ce drôle d'individu qu'est le jeune, ainsi qu'une contribution au devoir de mémoire afin d'empêcher que les adultes oublient qu'eux aussi ont été des queutards avec plus de sébum que de neurones. Ce qui est moins réussi en revanche, c'est le côté comédie pure du film. Même s'il déborde de situations rocambolesques et insolites, le film de Sattouf peine à provoquer l'hilarité et à aligner des gags. Étonnant de la part d'un artiste capable de faire rire à la dernière case de chaque planche de certains de ses ouvrages. Là, une fois assimilée l'improbable dégaine du héros Hervé et de son pote Camel (voir l'affiche), le scénario se limite trop souvent à une série de scènes balisées, excellemment dialoguées mais un peu déjà vues. La relation de Hervé avec la jolie Aurore est très représentative de ce mal : cousue de fil blanc, elle nous montre l'opposition classique entre le mec qui veut toucher partout ou c'est possible et la fille qui souhaite prendre son temps et baigner dans le romantisme à coups de baisers bien baveux. C'est un peu court, jeune homme.
Loin d'être l'incroyable fou rire promis, Les beaux gosses est au demeurant un film fort sympathique, qui bénéficie d'une excellentissime bande originale et d'une mise en scène alerte. Et, last but not least, remet au goût du jour le mythe de la MILF à travers trois personnages féminins éminemment attirants : Emmanuelle Devos en principale sexy et juvénile, Irène Jacob en ancien mannequin La Redoute (de l'époque où on voyait tout à travers les sous-vêtements), et surtout Valeria Golino dans ce qui est peut-être la meilleure scène du film : une parodie de vidéo X mettant en exergue la MILF et les clichés inhérents au genre. Une séquence hénaurme mais qui, comme le reste de ce bon divertissement, manque de ce petit mordant qui fait les excellentes comédies.




Les beaux gosses de Riad Sattouf. 1h30. Sortie : 10/06/2009.
Autre critique sur Tadah ! blog.

23 avr. 2009

COCO AVANT CHANEL

S'écartant de son univers habituel (chabrolien et sensuel), Anne Fontaine est aux commandes de ce film... de commande, qui s'intéresse à l'époque où Coco Chanel s'appelait encore Gabrielle, orpheline multipliant les petits boulots tout en rêvant du grand monde. Coco n'aime pas spécialement les hommes, et le crie haut et fort : « ce que je préfère dans l'amour, c'est faire l'amour ; dommage qu'il faille un homme pour ça ». Visiblement Coco ignore l'existence d'autres variantes, mais c'est une autre histoire. Coco Chanel raconte donc comment cette future figure phare du monde de la mode s'est forgé ce caractère bien trempé et s'est mis en tête de révolutionner le quotidien de la femme en lui offrant liberté, oxygène, ampleur.
Problème : en un quart d'heure, tout est joué. On a parfaitement compris que les hommes sont des pourris doublés d'obsédés et que seul le travail importe ; que cette pauvre petite fille n'accepte d'être hébergée et lutinée par un riche compiégnois que pour en tirer un bénéfice social ; qu'elle ne va pas tarder à rencontrer l'amûûûûr, le vrai, celui qui fait fondre les coeurs les plus rocailleux. Cela se produira en effet un peu plus tard avec l'apparition d'un Alessandro Nivola à côté de ses baskets, si concentré sur son français assez impeccable qu'il en oublie un peu de jouer (c'est pourtant un acteur très intéressant). Fontaine étire alors qu près de deux heures une sorte de triangle amoureux joué d'avance, où le personnage de Benoît Poelvoorde (excellent) est le dindon de la farce, mais où les deux autres ne sont pas certains non plus de trouver leur compte.
Il y avait là tant de thèmes à exploiter, un manifeste féministe en puissance, une symphonie de tissus et de textures ne demandant qu'à être filmés, un drame passionnel au classicisme délicieusement suranné... Pourtant, comme tétanisée par le poids de la commande (et pressée par les producteurs afin de sortir le film avant celui de Jan Kounen, consacré à Coco pendant Chanel), Anne Fontaine n'en fait rien, cédant aux sirènes d'un biopic lisse, peu engageant, au filmage sans ampleur et au scénario sans idée. On en vient à se moquer de cette histoire et à rêver du film de Kounen, avec Anna Mouglalis et Mads Mikkelsen en Igor Stravinsky, qui sera irrémédiablement moins plat et plus profond que ce film ressemblant à une mise en images (et pas mise en scène) d'une double page de Point de vue - Images du monde. Vivement le retour d'Anne Fontaine à un style plus tortueux.
3/10

(autre critique sur In the mood for the cinema)

21 janv. 2009

PLUS TARD TU COMPRENDRAS

Sorti en salles ce mercredi, Plus tard tu comprendras a fait l'objet d'une diffusion télévisée la veille au soir sur France 2. Cette double exposition est à l'origine du premier des nombreux problèmes du film, l'un des moins réussis de son auteur. Gitai est en effet pris entre deux feux : on le sent à la fois désireux de réaliser le film dans son style habituel (longs plans-séquences, silences, etc.) et respectueux des contraintes imposées par une diffusion à 20h35 sur le service public. Ça donne un film à la mise en scène on ne peut plus bâtarde, qui tente plein de choses mais ne va jamais au bout, et qui à force d'hésitations ne provoque qu'un seul sentiment : l'ennui. Car si le livre de Jérôme Clément est paraît-il passionnant et émouvant, Gitaï n'a vraisemblablement pas su retranscrire les bouleversements qui naissent dans la tête du personnage principal. Audacieux, il refuse la facilité d'une voix-off pour l'expliciter ; à la place, on doit subir de longs blancs n'exprimant à peu près rien.
Plus tard tu comprendras est un film qui parle peu, mais dont les prises de parole sont en plus assez maladroites. La scène au cours de laquelle le héros tente de cuisiner sa mère sur son passé témoigne de l'épaisseur du trait, la vieille dame ne cessant d'esquiver le sujet avec des répliques aussi inspirées que « ça manque de sel » ou « j'ai fait brûler les haricots ». Pire : les consternantes prestations de certains acteurs secondaires parviennent même à désamorcer ce qui aurait pu être de beaux morceaux d'émotion (voir la scène où Hippolyte Girardot retrouve le lieu-clé de l'histoire de ses grands-parents, instant plombé par le jeu plus faux tu meurs de l'acteur qui "joue" son guide). Dommage pour la belle histoire de Clément ; dommage aussi pour Jeanne Moreau, dans son meilleur rôle depuis des lustres, et pour un Hippolyte Girardot pas tout à fait à l'aise, mais que l'on sent terriblement ému par le récit de ces destins tragiques. Une émotion qui ne traversera malheureusement pas l'écran.
3/10
(également publié sur Écran Large)

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

21 mai 2008

UN CONTE DE NOËL

Roubaix!, c'est le drôle de sous-titre du dernier Desplechin, et c'est à la fois fort compréhensible (puisque tout le film s'y déroule) et parfaitement dans le ton (un point d'exclamation placé au bout d'une ville grise, ça sent la comédie bergmanienne ou le drame zavattesque). Ce petit signe de ponctuation, c'est la cerise sur une filmographie-gâteau qui n'en finit plus d'étendre son emprise sur le cinéma français. Et plus si affinités ? Pas sûr. Car bien que traitant de sentiments et de situations tout à fait universels, Un conte de Noël s'inscrit dans une culture, un mode de vie, une façon de penser tout à fait frenchie. Oeuvre la plus accessible de Desplechin, elle est pourtant aussi foisonnante, intelligente et profonde que ses précédents films. C'est fou comme les grands cinéastes parviennent à refaire encore et encore le même film et à construire des films à partir des précédents, comme un gros tas de briques - mais en plus intéressant. Un conte de Noël signe à la fois la synthèse de la filmo de Desplechin et une nouvelles voie explorable pour les années à venir. Accessoirement, c'est un film magnifique.
Comme souvent chez l'auteur, il faut un tout petit peu de volonté pour entrer dans ce tourbillon fait film. Une bonne demi-heure de présentation, de tâtonnements, d'hésitations. Sentiment comparable à celui qu'on éprouve lorsqu'on entre dans une famille qui n'est pas la sienne : impossible de connaître immédiatement et en détail tous les membres de la smala, leur histoire personnelle, leurs petites coupures. Eux-mêmes vivent ensemble depuis toujours mais n'y sont toujours pas parvenus. De cette acclimatation forcée mais nécessaire naît ensuite le plus gigantesque des plaisirs. Avec une fluidité plus évidente que dans ses films précédents (à la mise en scène parfois plus brillante mais sans doute moins touchante), Desplechin détruit avec bonheur l'univers du film familial, du film de Noël, sans pour autant jouer la carte du contre-emploi et du règlement de comptes destroy. La façon d'approcher des thèmes mille fois vus pour en tirer quelque chose d'"autre" ne rappelle personne (sauf peut-être Wes Anderson, dont La famille Tenenbaum, bien qu'à mille lieues de ce film-ci, possède plus d'un point commun avec lui). Le ton employé n'a pas d'égal. Les situations potentiellement convenues ne nous mènent jamais vraiment où on le croyait. Les trajectoires des personnages se confondent, se séparent, comme dans un monde mathématique où rien ne serait ni vrai ni faux. Les mathématiques, d'ailleurs, occupent un temps l'arrière-plan du film : scène poignante et cruelle de calcul de l'espérance de vie de Junon (Catherine Deneuve, actrice qui vieillit bien). Car c'est aussi cela, Desplechin : un type ultra-cultivé, aussi littéraire que scientifique, un pur philosophe qui sait se faire modeste pour aller piocher dans le mélo ou le drame familial. Cent ans après l'invention du cinéma et quelques milliers après celle de l'amour, il parvient encore à nous apprendre des choses sur ces deux thèmes. Comment fait-il ? On n'en sait rien, et c'est de là que vient le plaisir.
Chez Desplechin, une mère n'est pas obligée d'aimer son fils (et réciproquement), on peut renoncer à celle qu'on aime pour qu'elle soit mieux aimée, on peut dire les choses en face comme jamais dans la vraie vie. C'est juste beau à chialer, notamment dans ces quelques scènes entre Chiara Mastroianni (sans doute la meilleure de tous ces acteurs si prodigieux) et Laurent Capelluto (Simon, le cousin, qui boit pour oublier qu'il n'est qu'une tapisserie). Un conte de Noël se construit par bribes, qui se font et se défont. C'est un festival de petites confidences contenues, de hurlements d'enthousiasme, de gueules de bois plus ou moins joyeuses... C'est aussi un film grave et léger à la fois, qui peut parler de don de moelle osseuse et de maladie sans jamais tomber dans le pathos. C'est un film qui bénéficie de l'amour de son metteur en scène : lui qui n'a jamais su finir ses films boucle en boucle enfin un à la perfection. Il rend même Anne Consigny supportable voire émouvante, lui laissant le soin d'apporter la conclusion de ce Conte de Noël galvanisant et thérapeutique qui vaut à coup sûr tous les Indiana Jones du monde.
9/10

23 oct. 2007

DEUX VIES PLUS UNE

Il y a des films qui ne dépareraient pas un mercredi soir sur le service public, leur quantité de bons sentiments étant inversement proportionnelle à leur qualité cinématographique. Deux vies plus une est de ceux-là : si on peut difficilement nier la sincérité totale avec laquelle Idit Cebula a construit son film, on peut également s'en battre l'oeil, ennuyé par une histoire mille fois vue ailleurs et choqué par un filmage sacrément brouillon. En fait, il est difficile de saisir quelles sont les intentions de la réalisatrice. Car Deux vies plus une n'est ni assez drôle pour être une comédie, ni assez profond pour tenir au corps.
Le scénario du film ressemble à l'adaptation d'un Je Bouquine, ces petits bouquins pour ados regorgeant de crises familiales, d'anecdotes plus ou moins captivantes et de vieilles mémés complètement zinzins. Sauf que le film vise apparemment un public adulte, qui trouvera difficilement sa place devant ce festival de scènes sans épaisseur. On se console comme on peut avec les prestations des seconds rôles, peu exposés mais parfois amusants : Jocelyn Quivrin est décidément un acteur plein de promesses, et la seule présence de Jackie Berroyer peut suffire à sauver un film. Au premier plan, Emmanuelle Devos et Gérard Darmon montrent quant à eux des signes de léthargie profonde, comme si eux-mêmes n'étaient pas convaincus par le propos d'un film désespérément plat comme un journal d'écolière.
3/10
(également publié sur Écran Large)

6 sept. 2007

CEUX QUI RESTENT

Il est de bon ton d'applaudir des deux mains lorsqu'un sujet potentiellement putassier est traité avec une retenue inattendue. Alors bravo à Anne Le Ny, qui pour son premier film a su trouver le ton juste et raconter une histoire d'hôpital sans jouer la carte du misérabilisme et des violons. Ceux qui restent se focalise sur les proches des malades, et eux uniquement, qui souffrent en silence, convaincus que se plaindre de leur sort serait indécent vu ce que subissent les autres. Le Ny organise la rencontre de deux êtres paumés, à la recherche d'une épaule et d'une paire d'oreilles. C'est là qu'un petit miracle se produit : elle parvient à parler de métastases et d'anus artificiels sans que cela provoque hilarité idiote ou pleurnicheries de la ménagère.
Si elle évite en permanence les écueils du genre, Anne Le Ny n'a cependant rien d'une cinéaste frileuse : derrière son postulat, Ceux qui restent a une vraie histoire à raconter. Ce qui aurait pu n'être qu'un film d'auteur pour public averti devient alors un film âpre et poignant, capable de chambouler tout un chacun. La réalisatrice doit beaucoup à son couple vedette : après La moustache, Devos et Lindon montrent à nouveau leur parfaite entente, à l'origine de la réussite relative du film. Relative car au bout du compte, quelques facilités (la soeur fâchée, la belle-fille à problèmes) et un léger sentiment d'inabouti empêchent Ceux qui restent de laisser une empreinte définitive dans le coeur de ses spectateurs.
7/10

13 avr. 2007

J'ATTENDS QUELQU'UN

Dans une petite ville, cinq personnages se croisent, se cherchent, se testent. Tout cela sous l'oeil bienveillant d'un jeune meteur en scène bourré de talent. Jérôme Bonnell, donc c'est déjà le troisième film, possède un vrai oeil de metteur en scène, et la finesse de sa description nous fait oublier que le sujet n'a rien de neuf.
On peut voir J'attends quelqu'un comme une comédie teintée de désespoir, ou au contraire comme un film plombant mais parsemé de brèves touches de drôlerie. C'est en tout cas un film rond en bouche, agréable à suivre, beau et triste comme une vie ordinaire. Bonnell sait mettre le doigt sur les petits détails qui font (ou défont) un couple, le pourquoi d'une solitude, le comment d'un ratage. Mais il le fait avec une telle légèreté que la gaieté chasse le cafard dès qu'il s'est installé. Avant que le cafard ne reprenne le dessus (mais pas pour longtemps).
C'est typiquement le genre de film que les détracteurs du cinéma français dit classique vont s'empresser de dénigrer (ou d'éviter). Pourtant, J'attends quelqu'un vaut bien plus que la moyenne. l'originalité qui lui fait défaut est compensée par un style délicat et un casting cinq étoiles, de m'sieur Darroussin (impayable de bonhommie) à la délicieuse Florence Loiret-Caille. Même Emmanuelle Devos est très bien. La preuve que Jérôme Bonnell n'est pas n'importe qui...
8/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
© 2009 TOUJOURS RAISON.. Tous droits réservés
Design by psdvibe | Bloggerized By LawnyDesignz