
En résulte un film très simple - mais pas laid - sur la forme, qui reste droit dans ses bottes et décrit à merveille la passion qui étreint les deux personnages. Une alchimie inexplicable, imprévisible, faite de coups de sang, de coups de folie, d'indécision et d'instabilité. Kahn dépeint la fragilité de la relation, fragilité dont les deux protagonistes ont conscience, mais qui ne les empêche pas de foncer tête baissée vers un avenir potentiellement partagé. Leur obstination teintée d'égoïsme fait plus peur qu'envie. Et l'on retrouve çà et là le Cédric Kahn de L'ennui, chef d'oeuvre sur le désir, la jalousie et l'attente.
Plus le film avance et plus le Mathieu Lievin des Regrets fait penser au Martin de L'ennui : ils semblent tous deux liés par une bestialité toujours à deux doigts de devenir de la folie furieuse. Possessifs et exclusifs, ils sont prêts à aller jusqu'au bout pour posséder la femme qui les hante. Le film monte en puissance et finit par devenir tétanisant lorsque les divergences s'installent entre les deux héros et créent un tumulte de plus en plus assourdissant. Gagnant en épaisseur avec les années, Yvan Attal est une nouvelle fois impressionnant et confirme son statut de grand parmi les grands. Forcément plus effacée, mais d'une intensité discrète, Valeria Bruni-Tedeschi est une partenaire idéale : excellente idée de casting que d'avoir choisi une femme plutôt ordinaire au lieu d'une quadra pétillante au charme immédiat et dévastateur, puisque la chimie amoureuse va bien au-delà de la simple apparence. Même s'il manque un rien d'ampleur pour être totalement prenant, Les regrets confirme en tout cas que Cédric Kahn, après un incident en forme d'Avion, fait toujours partie des cinéastes français qui comptent.

Les regrets de Cédric Kahn. 1h45. Sortie : 02/09/2009.
Critique publiée sur Écran Large.