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9 juin 2008

AFFAIRE DE FAMILLE

On a beau essayer, encore et toujours, de défendre le cinéma français lorsqu'il produit des films tout à fait regardables, il faut bien constater qu'il est souvent très en retard par rapport à celui des américains ou des asiatiques. Affaire de famille en est une preuve criante : son scénario joliment tordu n'est jamais exploité au mieux, faute d'une mise en scène solide et d'une direction d'acteurs convaincante. Bigrement sympathique, le premier long de Claus Drexel n'a cependant pas le style nécessaire pour être comparé aux premiers John Dahl ou aux meilleurs Sidney Lumet.
Le script est pourtant assez ambitieux : Drexel a construit son film en chapitres, pour autant de points de vue différents sur une même affaire policière. Un procédé qui semble déjà vu mille fois, si ce n'est que ces points de vue font l'objet d'un savant décalage temporel. De ce fait, on ne revit une scène plusieurs fois que si c'est nécessaire, et chaque nouveau chapitre apporte réellement une pierre à l'édifice polardeux, loin des nombreux films qui dissimulent mal leur vacuité derrière un construction alléchante. Les rebondissements sont fréquents, assez crédibles, et plutôt inattendus dans l'ensemble (mis à part l'éternel coup du "oh les salauds, ils ont mis du papier journal dans le sac de billets"). Et jusqu'à l'épilogue, on tenter de démêler cet écheveau si bien troussé.
Sur le papier, donc, plein de promesses. Mais la mise en scène façon téléfilm ne vient malheureusement pas transcender ce scénario très ludique, que Drexel a choisi de traiter sur un mode presque léger. Pourquoi pas, mais ça ne justifie pas la paresse du cadre. Quant aux acteurs, ils nous la jouent un peu trop planplan, et notamment André "oeil qui frise" Dussollier, dont le jeu ne varie pas d'un iota. La satisfaction est à aller chercher du côté des jeunes, et notamment Hande Kodja, qui s'affirme de film en film. Elle seule semble avoir bien compris qu'un tel film a besoin de dynamisme et de style pour convaincre pleinement. À Drexel d'en retenir la leçon.
6/10
(également publié sur Écran Large)

15 févr. 2008

CAPITAINE ACHAB

Difficile, lorsqu'on n'a pas lu Moby Dick, de repérer dans Capitaine Achab ce qui reste d'Herman Melville et ce qui naît de Philippe Ramos. Qu'importe : voici un film plein, rythmé, maîtrisé, que l'on imagine très respectueux du matériau de départ. Fasciné par l'oeuvre de Melville et surtout par le capitaine Achab, Ramos livre un portrait admirable car refusant toute psychologie et se méfiant cordialement de la poésie. Il offre un cinéma de l'épure, de l'humain, où chacun peut (et doit) se faire sa propre idée de chacun, simplement à partir de ses gestes et attitudes les plus ordinaires en apparence.
La construction en cinq chapitres clairement découpés, narrés en voix off par cinq des personnages que rencontre Achab sur son chemin, décuple la fascination éprouvée pour ce petit bonhomme déterminé, transformé trop vite en un marin torturé et malheureux. D'un chapitre à l'autre, on change totalement d'univers, et surtout de protagonistes, puisqu'à part Achab aucun n'apparaît pendant plus d'un chapitre. D'où cette narration chorale, faisant de ce héros maudit un mystère ambulant sur lequel tout le monde a un point de vue biaisé mais pas de vue d'ensemble. Le jeune Virgile Leclaire, puis l'incroyable Denis Lavant sont deux incarnations hors pair de cet homme si fascinant. La distribution, foisonnante et judicieusement choisie, est à l'unisson. Carlo Brandt et Jean-François Stévenin sont vraiment des acteurs trop rares.
La relative froideur du cinéma de Ramos trouve un peu ses limites vers la fin, lorsque le film se focalise (de façon pas trop appuyée) sur la relation d'Achab et Moby Dick. Là, le réalisateur pioche un peu, versant subitement dans la poésie qu'il avait violemment rejetée jusque là. D'où quelques courts moments au bord de l'onirisme, pas détestables en soi, mais qui auraient gagné à être davantage suggérés. Cela n'altère pas en tout cas la beauté de Capitaine Achab, voyage intérieur et solitaire au coeur d'un mythe ne demandant qu'à être exploré.
7/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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