26 mars 2007

ALPHA DOG

Parce qu'un type tarde à leur rembourser l'argent qu'il leur doit, une bande de petits dealers kidnappe son frère pour quelques jours. Forcément, les choses vont mal tourner. Attention les yeux? Même pas. En perpétuelle recherche de lui-même, Nick Cassavetes a bien du mal à marcher sur les traces de son cher papa. Après avoir donné dans le mélo pour le meilleur (She's so lovely) et pour le pire (John Q), le voici qui s'essaie à un autre genre : la chronique d'une adolescence en chute libre.
Alpha dog serait presque honorable s'il n'avait pas dix ans de retard : en une demi-douzaine de films, un vieux grigou nommé Larry Clark a brillamment disséqué les états d'âme et les errances de groupes de jeunes livrés à eux-mêmes. Le côté voyeur de son cinéma se justifiait par le fait que le sexe et la flambe sont les seuls moyens d'expression de ses héros. C'est également le cas des personnages d'Alpha dog, ados ayant grandi trop vite, prenant Scarface pour un modèle et pensant qu'une belle voiture est le prolongement idéal d'un pénis peu satisfaisant.
Quelles différences y a-t-il entre Alpha dog et les films de Larry Clark (y compris le moins bon, Bully, proche de celui-ci sur le plan de l'intrigue mais nettement plus audacieux sur la forme)? La réponse arrive tout net : un vrai point de vue, et du talent. Dès le début, on comprend que Casavetes va rester empêtré dans des filets trop hollywoodiens pour être honnêtes : à la façon d'un mauvais polar, son film débute par l'interrogatoire du père du responsable du drame annoncé. Cela indique illico que l'important pour le metteur en scène n'est pas la montée en puissance que représente son film, mais simplement sa conclusion tragique. Un parti pris pas franchement judicieux, puisque ce qui va se produire est évidemment regrettable mais en aucun cas original. Jamais Larry Clark n'aurait commis ce genre d'erreur, lui qui préfère ne pas terminer ses films plutôt que d'y apporter une conclusion grossière. Et devant des scènes de sexe ausi aspetisées que mal filmées (on se croirait dans un clip de hip-hop pour teenagers), on regrette le léger voyeurisme clarkien.
Il y a néanmoins de jolies choses dans Alpha dog, des scènes bien réglées où éclate le mal-être d'une jeunesse sans repères. A coups de fêtes orgiaques et d'opérations armées, ils tentent de prouver qu'ils existent. Aux autres et à eux-mêmes. Les interprètes rendent justice à ces scènes bien senties, à commencer par Emile Hirsch, futur grand, qui valide son excellente prestation des Seigneurs de Dogtown. Quant à Justin Timberlake, l'attraction du film, il est plutôt convaincant dans un rôle assez secondaire. Des talents malheureusement gachés par un réalisateur trop propret pour faire quelque chose de bien. Ce n'est pas demain que le petit Nick va faire de l'ombre à son papounet.
3/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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