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20 janv. 2009

WALKYRIE

Le Mal. Le sujet favori de Bryan Singer, celui qui a donné lieu aux plus belles scènes de sa filmographie. D'Un élève doué au prologue de X-men, on sentait tout particulièrement poindre la fascination morbide du metteur en scène pour le nazisme et l'imagerie qui va avec. Fascination qui contaminait le spectateur le plus pervers, ravi de voir sujet aussi délicat traité avec autant d'ambiguïté. D'où un total ravissement à l'idée de voir Singer plonger dans les arcanes du nazisme, pour ce qui s'annonçait comme un film-somme sur la trahison, le combat idéologique et la délicate odeur de putréfaction semée un peu partout par ce régime. Enfer et damnation : Walkyrie, ce n'est pas ça du tout. Walkyrie, c'est deux heures de cinéma aussi manichéen que peu spectaculaire, où de gentils nazis discutent pendant des heures de la stratégie à adopter pour venir à bout des méchants nazis.
Si le film semble assez difficile à caractériser, on pourrait en revanche dresser une très longue liste pour décrire ce qu'il n'est pas. Fin, ambigu, spectaculaire, crédible, haletant, bien filmé, homogène. Rien que ça. Le propos politique se résume à un simple « Hitler n'est pas l'homme qu'il faut à l'Allemagne » (oui, certes, mais encore ?), rapidement relayé par d'interminables considérations tactiques. Bavard sans raison, Walkyrie montre rapidement ses limites ; c'est au contraire dans ses rares silences qu'il est le plus impressionnant. Quelques courtes scènes où les personnages doivent attendre - une explosion, un verdict, un appel - renferment plus de tension que l'ensemble des dialogues. Rapidement, le nazisme ne devient qu'une sorte de McGuffin un peu vague que les scénaristes auraient très bien pu remplacer par un autre régime.
Le tout s'inscrit dans une pure logique de suspense, qui là encore ne tient pas debout très longtemps. Oui, évidemment, l'attentat contre Hitler finira par échouer. Mais un grand cinéaste aurait réussi à captiver l'audience en contant les circonstances de cet échec, voire même en nous faisant oublier que l'issue est connue. Singer échoue totalement à créer un quelconque suspense, d'autant qu'il manque de cohérence dans ses intentions. Entre deux scènes se voulant réalistes s'insèrent maladroitement des séquences romanesques et téléphonées, concernant notamment la mise en place de l'attentat. Il y a là-dedans quelques rebondissements et raccourcis fort ridicules, avec notamment la sacoche la plus drôle du monde.
Heureusement, la direction d'acteurs est juste, avec notamment un Tom Cruise épatant de sobriété. Planqué derrière son bandeau de pirate, il est l'instrument idéal pour permettre à Singer d'exprimer sa fascination pour la monstruosité, avec des plans réguliers sur ses moignons (il n'a plus que trois doigts) et son oeil de verre. C'est là la seule vraie idée de mise en scène d'un film à la réalisation bizarrement impersonnelle, vieillotte et sans partis pris. Et comme John Ottman est de retour au montage et à la musique, c'est le coup de grâce pour un film qui n'en avait pas besoin. Pas détestable mais juste très plat, Walkyrie est une belle déception, qui prouve que Singer est pétri de bonnes intentions mais continue à avoir du mal à les coucher sur la pellicule.
4/10

(autre critique sur CineManiaC)

17 oct. 2008

TONNERRE SOUS LES TROPIQUES

Ça n'est pas vraiment une découverte : les blockbusters d'aujourd'hui sont devenur de véritables produits marketing, qui font l'objet dès leur écriture d'une conception mercantile. Il faut songer aux contenus du futur DVD, aux éventuels produits dérivés, aux featurettes promotionnelles... Tonnerre sous les tropiques raille ce principe, mais tombe malheureusement la tête la première dans ce qu'il dénonce. C'est qu'il faut être aveugle ou dépourvu de connexion Internet pour avoir réussi à échapper aux fausses bandes-annonces, aux courts-métrages publicitaires et aux versions longues du film dans le film. En résultent plusieurs réactions possibles : les uns, consommateurs dans l'âme ou gros curieux, ont l'impression d'avoir vu le film avant même d'être entrés dans la salle, tandis que les autres, raisonnables ou concentrés sur le film lui-même, en sortent avec l'impression d'avoir raté une partie de la blague. Un effet désastreux pour un film difficile à juger pour lui-même, tant il semble n'être que l'une des parties d'un grand tout.
Mais il y a tout de même cent dix minutes de pelloche, et de quoi se mettre sous la dent. L'auteur de ces lignes faisant partie de ceux qui fuient comme la peste les bandes-annonces et autres vidéo promotionnelles, il a goûté avec joie les faux trailers qui ouvrent le film (tandis que d'autres, qui les avaient déjà vus vingt fois, attendaient patiemment la suite). Avec joie, mais pas avec hilarité : Stiller et son coscénariste Justin Theroux (meilleur acteur qu'auteur) parodient allègrement quelques genres, sans aller cependant jusqu'au bout de leurs délires. Dès son prologue, Tonnerre sous les tropiques annonce la couleur : ce sera un film frustrant, un giga brouillon à 92 millions de dollars, épisodiquement drôle mais jamais vraiment convaincant. Une fois encore, on a l'impression d'assister à une sorte de gros résumé du film, la version longue et drôle étant réservée à l'édition colelctor du DVD. Ainsi donc, l'idée de plonger une bande d'acteurs dans un lieu où la guerre fait réellement rage a quelque chose de brillant et excitant. Bien dosés, le comique et le doux-amer forment souvent une alliance de choix. Cela donne en effet quelques moments délicieusement cruels, bien menés par un Stiller qui s'est réservé les meilleurs morceaux du film. Car ses compères ne sont pas aussi bien servis : Robert Downey Jr. est génial en acteur modèle (et néo-black), mais il n'a finalement pas grand chose à défendre ; pire, Jack Black en est réduit à se rouler par terre pour montrer qu'il supporte mal son sevrage, et ce en boucle pendant une bonne partie du film. On attendait un trio de choc, et on ne récolte que les miettes.
C'est finalement du côté des troisièmes rôles qu'il faut chercher : chacune des apparitions de Tom Cruise est un régal, et Nick Nolte n'est pas mal non plus dans un genre qu'il a rarement abordé dans sa sombre carrière. Mais l'hétérogénéité amplifie l'impression de morcellement donnée par Tonnerre sous les tropiques : c'est un enchaînement de vignettes, de qualité très variable, plus que l'Apocalypse now dopé au gaz hilarant qui nous était promis depuis des lustres. On en ressort de bonne humeur, mais pas aussi grisé que prévu, avec l'envie tout de même d'aller se bâfrer de tout le matériel promotionnel proposé actuellement sur le net comme sur le DVD.
5/10

21 nov. 2007

LIONS ET AGNEAUX

Difficile de tirer un avis net et précis de ce Lions et agneaux, le septième film de Robert Redford et sans doute le plus déconcertant. S'inscrivant dans la mouvance actuelle des films qui critiquent la dernière guerre en Irak et en Afghanistan et tout ce qui l'entoure, le film épouse un audacieux parti pris, celui de faire de la guerre le simple sujet de conversations de bureau, où la rhétorique prend le pas sur les armes. Un choix nuancé par les quelques scènes se déroulant sur le terrain. Le côté ambigu de la chose est qu'on ne comprend jamais vraiment si Redford approuve cette façon de voir la guerre comme un placement financier doublé d'un jeu de stratégie, ou s'il condamne absolument cette façon de penser. Connaissant les opinions politiques du monsieur, on se doute qu'il est plus près du personnage qu'il interprète (un professeur d'université opposé à la guerre) que de celui de Tom Cruise (un sénateur républicain prêt à tout pour faire la nique aux ennemis). Seulement voilà : dans le film, ce n'est jamais tout à fait clair.
Il y a dans Lions et agneaux un décalage notable entre ce que le spectateur ressent sur le moment et ce qu'il emmènera avec lui à la sortie de la salle. Entre le prof et son étudiant, tout comme entre le sénateur et une journaliste tenace, s'installe un dialogue souvent futé et bien tourné qui stimule l'esprit. Les personnages se renvoient la balle avec brio, on pèse le pour et le contre, et on attend la séquence suivante avec une impatience palpable (surtout lorsqu'il faut patienter avec des scènes de guerre, indispensables au propos mais complètement ratées). Jusqu'à réaliser que ce que nous propose Redford ressemble moins à un film de cinéma qu'à un bête cours de vulgarisation politique, scolaire en diable, avec les titres de ses grandes parties soulignés en rouge et les diapos PowerPoint pour que tout le monde comprenne. Cela pourra satisfaire ceux qui ont passé les dix dernières années dans une grotte, mais quiconque a un tant soit peu suivi l'actualité n'apprendra finalement pas grand chose.
Reste que les acteurs sont parfaitement à l'aise et rendent le spectacle assez agréable. Comme d'habitude, Meryl Streep est très pro (mais comme d'habitude, presque un peu trop) ; face à elle, Tom Cruise se révèle franchement épatant dans un rôle parfait pour lui. On rêve de le voir jouer des hommes politiques plus régulièrement : il possède la même décontraction, le même charisme, le même regard un peu faux mais capable de convaincre des foules entières. Quant à Redford, s'il joue un enseignant, c'est bien lui qui parle à travers ses répliques. Tous les regrets du monde sont là. Ceux d'avoir perdu des proches à la guerre. De n'avoir pas su empêcher ça. De ne rien avoir fait de plus "important" que du cinéma. Cette amertume-là est palpable et émouvante ; elle ne parvient pas cependant pas à faire oublier l'académisme qui se dégage d'un Lions et agneaux qu'on aurait souhaité plus subversif.
6/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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