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11 avr. 2009

En attendant le film #2 : Auprès de moi toujours / Never let me go

Auprès de moi toujours, c'est le titre d'une chanson qu'écoute en boucle Kath, une jeune fille vivant dans un pensionnat anglais. En apparence, elle et ses copains sont comme les autres : ils ont des amis, des hantises, des besoins matériels auxquels succèderont des besoins physiques... Seulement, Kath, Ruth, Tommy et les autres ne sont pas des ados ordinaires. Racontée des années plus tard par Kath, l'histoire met en lumière leur méconnaissance de l'extérieur, leur absence de famille, leur préparation à des rôles dont on ne sait rien d'autre que l'appellation (donneurs et accompagnants). L'idée de Kazuo Ishiguro (écrivain britannique auteur, entre autres, des Vestiges du jour), bien qu'on baigne dans le mystère, n'est pas de faire un livre en forme de point d'interrogation. On comprend rapidement Auprès de moi toujours s'affranchit de tout suspense, et qu'il n'existe que pour livrer une réflexion sur la condition de l'être vivant.
Le style est simple, tout comme les problématiques abordées dans les deux premiers tiers du roman : des histoires de cassette audio, de trousse, de garçons, d'art. S'il ne livre des informations qu'avec parcimonie, Ishiguro lève bien vite le voile sur la singularité de ses héros. Même s'il n'entrera jamais dans les détails, on comprend bien de quoi il retourne, et ce qu'implique leur condition. Difficile d'en dire davantage, si ce n'est que le roman est d'une lenteur assez exquise, d'une opacité étrangement attirante, et qu'il a tout pour donner un grand film - ou une oeuvre d'un ennui mortel.
Pour réussir ce pari, on peut compter sur Alex Garland, lui même romancier et auteur de scénarios comme La plage ou Sunshine. Cette fois, ce n'est pas Danny Boyle qui s'y colle, mais Mark Romanek, clippeur très estimé dont ce sera le deuxième long après Photo obsession. Subitement libre après avoir laissé The wolf man à Joe Johnston quelques jours avant le tournage, il a rapidement accepté de mettre en scène cette histoire belle, étrange et un peu inquiétante, pas évidente à mettre en images. Il faudra d'abord donner du rythme sous peine de livrer un film somnifère, mais l'essentiel n'est pas là : le roman laissant une grande place à l'indicible, l'immontrable, le film devra sans doute être plus frontal sans pour autant déflorer ces jolis mystères. Un défi fort complexe pour le réalisateur, Ishiguro étant très avare en détails.
Côté casting, Keira Nightley s'est engagée pour incarner Kath adulte, et pourra exploiter à loisir sa pâleur maigrichonne. Face à elle, Andrew Garfield (révélation de Boy A) et Carey Mulligan (Orgueil et préjugés) seront ses amis Tommy et Ruth. Le tournage débute en avril.
Pour finir, une précision et un ordre. La précision, c'est que la chanson Auprès de moi toujours (Never let me go en V.O.) n'existe que dans l'imaginaire de Kazuo Ishiguro, tout comme son interprète Judy Bridgewater. L'ordre, c'est de ne pas aller lire les résumés et articles sur le film à venir avant d'avoir lu le roman. Ça risquerait de gâcher le plaisir des cent premières pages.

Le livre : Auprès de moi toujours de Kazuo Ishigiro. Disponible en poche chez Folio. 441 pages. 7,60 euros.

Le film : Never let me go de Mark Romanek. Tournage en avril. Sortie non fixée.

25 févr. 2009

BOY A

En 1993, deux gamins de Liverpool kidnappaient et tuaient un garçon de 2 ans. Placés en prison et libérés en 2001, ils purent changer d'identité et de domicile afin de pouvoir vivre tranquilles. C'était sans compter sans une Angleterre vengeresse, bien décidée à traquer ces assassins sans relâche pour les massacrer comme elle l'entend. Pourchassés en permanence, les deux jeunes hommes ont fini par demander à retourner en prison pour y finir leur jour. Une requête rejetée par les autorités anglaises, mais qui aide à imaginer l'enfer quotidien que constitue leur tentative de réinsertion.
Si le héros de Boy A, rebaptisé Jack Burridge, n'envisage pas de retourner derrière les barreaux, ses antécédents sont semblables. Le film de John Crowley décrit la tentative de Jack de devenir un homme neuf, lavé de ses péchés, et à même de retrouver une existence presque normale. Presque : car à 24 ans, il découvre la vie avec une dizaine d'années de retard, complètement déconnecté de la société qui l'entoure. D'où des premiers pas difficiles avec la société en général et les filles en particulier - même si l'une d'entre elles semble vouloir le prendre sous son aile. Incarné par un Andrew Garfield prodigieux, Jack est un personnage blessé et touchant. On peut simplement regretter la complaisance d'une poignée de scènes qui en font un martyr alors que ce n'est pas le propos.
Épaulé par un tuteur protecteur et à l'écoute (fabuleux Peter Mullan), Jack finira pourtant par être rattrapé par son passé, victime d'un acharnement médiatique forcément dommageable. De ces séquences naît une vraie tension ainsi qu'une certaine désorientation transmise par le personnage principal, pour lequel la Terre entière ressemble à une zone de chasse où il serait le seul gibier. Dans ces conditions, même la fuite paraît bien vaine. Sans misérabilisme, à l'aide d'une mise en scène cotonneuse et délicate, John Crowley décrit cette vie terminée avant d'avoir commencé, cette parfaite impasse qui interpelle et émeut à la fois.
7/10
(également publié sur Écran Large)

(autre critique sur Une dernière séance ?)

21 nov. 2007

LIONS ET AGNEAUX

Difficile de tirer un avis net et précis de ce Lions et agneaux, le septième film de Robert Redford et sans doute le plus déconcertant. S'inscrivant dans la mouvance actuelle des films qui critiquent la dernière guerre en Irak et en Afghanistan et tout ce qui l'entoure, le film épouse un audacieux parti pris, celui de faire de la guerre le simple sujet de conversations de bureau, où la rhétorique prend le pas sur les armes. Un choix nuancé par les quelques scènes se déroulant sur le terrain. Le côté ambigu de la chose est qu'on ne comprend jamais vraiment si Redford approuve cette façon de voir la guerre comme un placement financier doublé d'un jeu de stratégie, ou s'il condamne absolument cette façon de penser. Connaissant les opinions politiques du monsieur, on se doute qu'il est plus près du personnage qu'il interprète (un professeur d'université opposé à la guerre) que de celui de Tom Cruise (un sénateur républicain prêt à tout pour faire la nique aux ennemis). Seulement voilà : dans le film, ce n'est jamais tout à fait clair.
Il y a dans Lions et agneaux un décalage notable entre ce que le spectateur ressent sur le moment et ce qu'il emmènera avec lui à la sortie de la salle. Entre le prof et son étudiant, tout comme entre le sénateur et une journaliste tenace, s'installe un dialogue souvent futé et bien tourné qui stimule l'esprit. Les personnages se renvoient la balle avec brio, on pèse le pour et le contre, et on attend la séquence suivante avec une impatience palpable (surtout lorsqu'il faut patienter avec des scènes de guerre, indispensables au propos mais complètement ratées). Jusqu'à réaliser que ce que nous propose Redford ressemble moins à un film de cinéma qu'à un bête cours de vulgarisation politique, scolaire en diable, avec les titres de ses grandes parties soulignés en rouge et les diapos PowerPoint pour que tout le monde comprenne. Cela pourra satisfaire ceux qui ont passé les dix dernières années dans une grotte, mais quiconque a un tant soit peu suivi l'actualité n'apprendra finalement pas grand chose.
Reste que les acteurs sont parfaitement à l'aise et rendent le spectacle assez agréable. Comme d'habitude, Meryl Streep est très pro (mais comme d'habitude, presque un peu trop) ; face à elle, Tom Cruise se révèle franchement épatant dans un rôle parfait pour lui. On rêve de le voir jouer des hommes politiques plus régulièrement : il possède la même décontraction, le même charisme, le même regard un peu faux mais capable de convaincre des foules entières. Quant à Redford, s'il joue un enseignant, c'est bien lui qui parle à travers ses répliques. Tous les regrets du monde sont là. Ceux d'avoir perdu des proches à la guerre. De n'avoir pas su empêcher ça. De ne rien avoir fait de plus "important" que du cinéma. Cette amertume-là est palpable et émouvante ; elle ne parvient pas cependant pas à faire oublier l'académisme qui se dégage d'un Lions et agneaux qu'on aurait souhaité plus subversif.
6/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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