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9 mai 2009

GOOD MORNING ENGLAND

En 2003, après une décennie passée à semer la joie grâce à d'imparables scénarii de comédies romantiques, Richard Curtis s'est volontairement sabordé en écrivant et tournant Love actually, splendide film choral mêlant une dizaine d'histoires passionnantes qui auraient pu donner dix films. Une façon de boucler la boucle et d'annoncer son désir de passer à autre chose, de ne pas être mister romance jusqu'à la fin de son existence. Et c'est avec Good morning England (encore un titre "français" parfaitement stupide) qu'il confirme cette intention, le film ne brillant pas franchement par son romantisme. Les femmes y sont classées en trois catégories (cumulables qui plus est) : les groupies hystériques, les filles faciles et les bonniches lesbiennes. Mais sont traitées avec tant de tendresse qu'il est impossible de s'en offusquer. Les années 70 façon Richard Curtis sont le terrain d'une gigantesque communion des corps et des esprits, et ce malgré les quelques rabat-joie réfractaires qui rodent çà et là.
Vendu comme un film rock, Good morning England n'en est pas vraiment un, à mille lieues de modèles comme Presque célèbre ou High fidelity (le nom du héros m'échappe). C'est davantage un film de mecs et un film d'époque, récit d'une épopée radiophonique haute en couleurs et riche en petites histoires. Ici, c'est clairement l'anecdote qui prime, le scénario n'étant pas construit sur une intrigue mais plutôt sur une série de portraits. Seule l'histoire du vilain ministre souhaitant faire interdire les radios pirates (Kenneth Branagh) sert de fil conducteur à cet enchaînement de saynettes, extrêmement vif mais manquant un rien de liant. On sent que le film aurait pu durer cinq heures de plus, Curtis manquant de temps pour exploiter les possibilités de chaque protagonistes. C'est d'ailleurs le principal (et seul ?) défaut de ce film fort sympathique : il aurait pu donner une série télé juste gigantesque. Il y a tant de personnages (8 DJs et quelques autres) qu'on a au final l'impression de les avoir à peine effleurés du doigt, chacun ayant son petit quart d'heure de gloire avant d'être tristement relégué au second plan. Nul doute que les morceaux de bravoure auraient semblé plus intenses ou plus émouvants si on avait réellement eu le temps de s'attacher aux héros.
En revanche, il est extrêmement aisé de se sentir chez soi dans ce beau et grand bateau, décor singulier et aux possibilités multiples, que Curtis exploite au mieux. Les couloirs sont nombreux, les chambres non loin des unes des autres, permettant au film de verser de temps à autres dans la comédie de boulevard avec amant dans le placard. Spécialiste du genre : Nick Frost, qui joue enfin autre chose que le bras droit de Simon Pegg, et qui illumine le film en bibendum très couru par les filles. Même si certains sont moins bien servis par le scénario, tous les acteurs sont empreints de la même énergie débordante, qui s'exprime différemment selon les rôles, du classissime Bill Nighy en dandy en chef au touchant Chris O'Dowd dans le rôle du pauvre marié. Ils nous ménagent quelques instants absolument délectables, nombre de répliques vraiment tordantes, et surtout une fin aussi improbable que magnifique. Cette longue conclusion ajoute au ton fantaisiste et déconneur des deux premières heures le véritable esprit rock qui lui faisait légèrement défaut jusque là, ainsi qu'une sacrée dose d'émotion. L'image de quelques pochettes de disque prenant l'eau renforce l'idée d'un film nostalgique, tourné tout entier vers une époque révolue, qui n'est plus reliée à nous que par une tripotée de bons disques. Le Nick Hornby des débuts, celui de Haute fidélité et 31 songs, ne cracherait sans doute pas sur ce Good morning England dont on attend la version longue.




Good morning England (The boat that rocked) de Richard Curtis. 2h15. Sortie : 06/05/2009.
Autre critique sur Sur la route du cinéma.

20 janv. 2009

WALKYRIE

Le Mal. Le sujet favori de Bryan Singer, celui qui a donné lieu aux plus belles scènes de sa filmographie. D'Un élève doué au prologue de X-men, on sentait tout particulièrement poindre la fascination morbide du metteur en scène pour le nazisme et l'imagerie qui va avec. Fascination qui contaminait le spectateur le plus pervers, ravi de voir sujet aussi délicat traité avec autant d'ambiguïté. D'où un total ravissement à l'idée de voir Singer plonger dans les arcanes du nazisme, pour ce qui s'annonçait comme un film-somme sur la trahison, le combat idéologique et la délicate odeur de putréfaction semée un peu partout par ce régime. Enfer et damnation : Walkyrie, ce n'est pas ça du tout. Walkyrie, c'est deux heures de cinéma aussi manichéen que peu spectaculaire, où de gentils nazis discutent pendant des heures de la stratégie à adopter pour venir à bout des méchants nazis.
Si le film semble assez difficile à caractériser, on pourrait en revanche dresser une très longue liste pour décrire ce qu'il n'est pas. Fin, ambigu, spectaculaire, crédible, haletant, bien filmé, homogène. Rien que ça. Le propos politique se résume à un simple « Hitler n'est pas l'homme qu'il faut à l'Allemagne » (oui, certes, mais encore ?), rapidement relayé par d'interminables considérations tactiques. Bavard sans raison, Walkyrie montre rapidement ses limites ; c'est au contraire dans ses rares silences qu'il est le plus impressionnant. Quelques courtes scènes où les personnages doivent attendre - une explosion, un verdict, un appel - renferment plus de tension que l'ensemble des dialogues. Rapidement, le nazisme ne devient qu'une sorte de McGuffin un peu vague que les scénaristes auraient très bien pu remplacer par un autre régime.
Le tout s'inscrit dans une pure logique de suspense, qui là encore ne tient pas debout très longtemps. Oui, évidemment, l'attentat contre Hitler finira par échouer. Mais un grand cinéaste aurait réussi à captiver l'audience en contant les circonstances de cet échec, voire même en nous faisant oublier que l'issue est connue. Singer échoue totalement à créer un quelconque suspense, d'autant qu'il manque de cohérence dans ses intentions. Entre deux scènes se voulant réalistes s'insèrent maladroitement des séquences romanesques et téléphonées, concernant notamment la mise en place de l'attentat. Il y a là-dedans quelques rebondissements et raccourcis fort ridicules, avec notamment la sacoche la plus drôle du monde.
Heureusement, la direction d'acteurs est juste, avec notamment un Tom Cruise épatant de sobriété. Planqué derrière son bandeau de pirate, il est l'instrument idéal pour permettre à Singer d'exprimer sa fascination pour la monstruosité, avec des plans réguliers sur ses moignons (il n'a plus que trois doigts) et son oeil de verre. C'est là la seule vraie idée de mise en scène d'un film à la réalisation bizarrement impersonnelle, vieillotte et sans partis pris. Et comme John Ottman est de retour au montage et à la musique, c'est le coup de grâce pour un film qui n'en avait pas besoin. Pas détestable mais juste très plat, Walkyrie est une belle déception, qui prouve que Singer est pétri de bonnes intentions mais continue à avoir du mal à les coucher sur la pellicule.
4/10

(autre critique sur CineManiaC)
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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