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15 avr. 2009

ERREUR DE LA BANQUE EN VOTRE FAVEUR

Ils sont sympa, Munz et Bitton : ils font des comédies sympa, avec des sujets sympa et des acteurs sympa. Sympa, quoi. Sauf que, comme le démontre le début de cette critique, trop de sympa tue le sympa, rien ne pouvant faire oublier le caractère indigeste d'un scénario ou l'odeur de pourri de dialogues ayant dépassé la limite de péremption depuis un quart de siècle. La semi-foirade d'Erreur de la banque en votre faveur (joli titre) tient en partie au fait que le duo de réalisateurs avait déjà commis une comédie sur l'argent avec le très sympa (tiens donc) Ah! si j'étais riche. On y voyait déjà Jean-Pierre Darroussin sortir de sa vie ordinaire pour découvrir les joies du pognon tout en devant taire sa soudaine richesse. C'était un rien beauf, mais complètement charmant, et pas seulement grâce à la présence de Helena Noguerra en call-girl.
Ayant donc épuisé la plupart des ressorts d'un tel sujet, Munz et Bitton tombent rapidement dans la redite, et tombent alors dans plusieurs des pires travers de la comédie populaire française. D'une part, des digressions inutiles avec les histoires d'amour complètement factices des deux héros : la love affair cheveu-sur-la-soupe de JP Darroussin avec une mineure, et l'idylle plus sérieuse mais aussi mal traitée de Gégé Lanvin et de la mimi Barbara Schulz (qu'il vaut mieux aller voir dans le nullissime Celle que j'aime d'Élie Chouraqui car elle y passe son temps en tenue d'Ève). D'autre part, des dialogues usées jusqu'à l'os, du genre « - Y a de quoi se jeter par la fenêtre - Ouais mais t'habites au rez-de-chaussée », ou alors horriblement vulgos (on croirait que Jean-Claude Convenant a servi de script doctor). Au milieu, le spectateur est un peu gêné, et surtout fort ennuyé.
Car on s'emmerde sévèrement dans ce film aussi long que son titre, qui ne commence à enchaîner véritablement les rebondissements que dans une dernière demi-heure plus dynamique mais guère plus attrayante. Les personnages du film étant soigneusement étiquetés (les gentils, les méchants, et personne au milieu), on sait bien qui sortira vainqueur de cette bataille se menant à coups de virements bancaires. Au moins, dans Ah! si j'étais riche, il y avait un semblant de suspense. Finalement, on se contentera de la prestation façon minimum syndical mais certes pas désagréable du Lanvin - Darroussin, ainsi que celle du trop méconnu (mais bigrement sympa) Scali Delpeyrat. Puis on se détournera sans mal d'un film aussi exaltant qu'une partie de Monopoly.
3/10

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

18 janv. 2009

LA GUERRE DES MISS

Quand il avait annoncé voilà quelques années qu'il allait bientôt arrêter de faire du cinéma, Patrice Leconte n'avait pas dévoilé son plan de retrait. Ce réalisateur très malin, toujours sympathique et souvent recommandable a en fait très bien préparé son coup, multipliant les films inintéressants ou carrément ineptes pour que ses fans en viennent à ne pas le regretter. Après Les bronzés 3 et Mon meilleur ami, voici en effet La guerre des miss, qui ne traduit rien d'autre que la lassitude totale éprouvée par Leconte à l'égard d'un art dont il pense avoir fait le tour.
Voilà un film qui ne propose rien, strictement rien, ni fond ni forme. Faire un film sur une élection de miss, pourquoi pas : mais il aurait fallu opter pour une approche précise, un ton, un parti pris. Or, le scénario ne s'aventure ni du côté de la comédie à l'anglaise, ni même vers la grosse gaudriole un peu vulgaire avec ses candidates bien poufs et impitoyables envers leurs concurrentes (comme dans le méconnu mais rigolo Belles à mourir). Une sorte de passivité déprimante gangrène le film de part en part et contamine tout le monde. Benoît Poelvoorde s'ennuie autant que son personnage et semble un peu perdu face à une Olivia Bonamy qui n'a toujours pas compris qu'on ne joue pas dans un tel film comme si c'était une tragédie grecque. Il est bien difficile de deviner quelles étaient les intentions du trio de scénaristes tant l'intégralité du film fait du surplace.
Même la mise en scène de Leconte, qui est notamment un orfèvre du découpage, semble usée jusqu'à la corde. On retrouve çà et là sa caméra frétillante, mais c'est bien peu. Il est loin le temps où, d'un scénario un peu maigre comme celui des Grands ducs, il tirait un film dynamique et clownesque grâce à son savoir-faire particulier. Et ne parlons pas de la conclusion du film, carrément consternante, happy end trainant en longueur, qui sonne définitivement le glas du style Leconte. Tant pis pour cette bande de seconds rôles trop méconnus mais très talentueux, qui n'ont pas grand chose à défendre mais le font avec vigueur. Merci à Antoine Chappey, Laurent Bateau ou encore Jacques Mathou, qui se démènent comme ils peuvent pour faire surnager ce triste téléfilm façon France 3.
3/10

14 févr. 2008

LA JEUNE FILLE ET LES LOUPS

En ces débuts de vacances scolaires, les mômes ne savent plus où donner de la tête, entre un Indiana Jones de pacotille, des gaulois pas drôles et un dragon des mers. Et nos vieux, dans tout ça ? Qu'ils se rassurent : Gilles Legrand arrive à la rescousse des plus de 77 ans avec cette Jeune fille et les loups de première fraîcheur, qui permettra aux directeurs de maisons de retraite d'organiser une sortie, et aux grands-parents d'emmener leurs petits monstres en salles sans pour autant se taper l'un des gros machins cités plus haut.
En voilà un spectacle fédérateur : des animaux (le loup et le renard étant particulièrement à la mode en ce moment), des acteurs comme on n'en fait plus (aah, Michel Galabru et Jean-Michel Ribes), des sentiments nobles pour mamie, et Casta nue sous une peau de bête pour papy. Sans oublier un liant indispensable, cher à Jean Becker et Christophe Barratier : une bonne grosse louche de nostalgie rance. Eh oui ma bonne dame, c'était mieux avant.
Il fallait déjà un certain courage pour se farcir les précédents fleurons du genre, mais à condition de laisser son cynisme au vestiaire, on pouvait éventuellement se laisser piéger par ces bonnes recettes d'antan, fleurant bon la rillette et le mauvais pinard. Le deuxième film de Legrand, lui, atteint des sommets encore inexplorés. À n'en pas douter, nos amis les seniors seront captivés et séduits par cette aventure romanesque donnant à voir de beaux paysages comme-on-n'en-fait plus. En revanche, les sado-masochistes n'ayant pas encore atteint l'âge de la retraite feraient mieux de fuir ce film interminable et désespérément ringard, plus mal réalisé qu'un mauvais téléfilm et joué façon théâtre de Guignol.
Le pire du pire dans tout cela, c'est sans doute cet humour de fin de banquet, les bons mots façon Jean Roucas ponctuant très régulièrement des répliques déjà navrantes. Il est toujours douloureux de voir des acteurs sympathiques comme Jean-Paul Rouve se vautrer dans la médiocrité avec une telle aisance. Seule la prestation de mademoiselle Casta est à la hauteur. De film en film, la belle prouve qu'elle est une actrice à part entière, avec un vrai tempérament. C'est l'unique bon point de cette purge qui risque malheureusement de trouver son public.
2/10
(également publié sur Écran Large)

8 juin 2006

LA MAISON DU BONHEUR

Que chacun se rassure : si La maison du bonheur est d'abord le titre d'une chanson de Francis Lalanne ("Ce serait la maison du bonheur / Même à fort loyer, j' suis preneur / Il n'y aurait que toi contre moi / Et l'amour contre notre amour..." c'est beau), le film du même nom est beaucoup plus supportable. Pour son premier long métrage, Dany Boon recycle les vieux fonds de casserole, en adaptant sa pièce à succès ("La vie de chantier") à la sauce Oury/Veber/Zidi.
Niveau mise en scène, c'est atroce : couleurs passées, cadrages approximatifs, gros plans disgracieux, c'est presque un catalogue de tout ce qu'il faut faire pour obtenir un film moche. Il est cependant permis de douter que les spectateurs qui iront voir ce film attendent une grande leçon de cinéma (ce qui n'excuse rien, certes).
Dany Boon a préféré se concentrer sur son scénario, pour en faire quelque chose d'à peu près crédible et d'à peu près drôle, dans la veine rigolo-dépressive de ses one man shows. Pour faire dans l'hypocrisie, on dira que d'autres humoristes passés derrière la caméra s'en sont sortis beaucoup moins bien que lui (mais forcément, quand on passe après Bigard...). Car La maison du bonheur, bien qu'assez sympathique, n'est pas franchement hilarant et exhale même un doux parfum de ringardise.
Difficile à haïr mais encore bien plus dur à adorer, La maison du bonheur conviendra à ceux qui ont aimé Camping et La doublure (aujourd'hui, je me sens hypocrite, je vous dis).
3/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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