
Même si son style est sensiblement différent de celui de Nue propriété (qui s'inscrivait davantage dans une notion de durée, notamment par le biais de longs plans-séquences), on retrouve la patte singulière de Lafosse, sa façon de filmer toujours alerte, et l'attention toute particulière qu'il semble porter à ses comédiens. Ceux-ci sont tout simplement magistraux, parfaits de justesse et ce même dans les scènes les plus difficiles à jouer. C'est notamment grâce à eux qu'Élève libre ne tombe jamais dans un ridicule avec lequel il ne cesse de flirter. On reconnaît certains metteurs en scène à leur façon de frôler la ligne jaune sans jamais la franchir. Lafosse est de ceux-là.
Alors que fleurissent encore et encore des oeuvres, à vocation comique ou tragique, sur la sexualité adolescente, Élève libre s'impose comme une sorte de nouveau mètre-étalon, appelant un chat un chat et n'hésitant pas à traiter certains thèmes très frontalement. Chacun des personnages va au bout de ses idées comme de ses actes. Le film ne se contente pas de citer Camus lorsqu'il évoque la nécessité des expériences diverses : il applique ce principe à lui-même, laissant pantois par son culot autant que par sa maîtrise. Comme un vieux briscard, Lafosse est de plus assez malin pour éviter la facilité d'une fin toc et choc, nous plantant là avec un bon milliard de questions en friche. Joli coup.
8/10
(également publié sur Écran Large)
(autre critique sur Tadah ! Blog)