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7 févr. 2009

L'ÉTRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON

C'est donc l'histoire d'un nouveau-né aux allures de grabataire, qui passe son existence à rajeunir et tente de cohabiter avec ceux qui vivent à rebours (c'est-à-dire le reste de l'humanité). Formidable personnage de cinéma que ce Benjamin Button, héros d'une épopée potentiellement fascinante sur le rapport à la mort, au temps qui passe, au regard des autres. Sujet passionnant. Et film raté. Comme son titre, L'étrange histoire de Benjamin Button n'est finalement qu'une longue anecdote tendre mais superficielle sur la vie peu ordinaire d'un type hors du commun. Un album photo de deux heures trente, au style souvent ampoulé, qui dès le début plie sous son propre poids. Un péremptoire « attention : classique » semble avoir été apposé sur chaque image par un David Fincher trop obsédé par sa quête de maturité pour créer une quelconque émotion.
Car il ne naît pour ainsi dire rien du tout de ce film-fleuve entassant les digressions et péripéties comme pour éviter à tout prix de traiter son sujet : l'histoire d'amour a priori impossible entre deux êtres se regardant l'un l'autre mais ne pouvant regarder dans la même direction. Expédiée en vingt minutes chrono, la relation de Daisy et Benjamin ne devient vraiment intéressante qu'en toute fin de film, lorsque la vieille dame se rappelle sa vie en regardant ce petit garçon qu'elle aimât autrefois. C'est tout : le reste ressemble à du remplissage, de l'historiette de l'horloger aveugle au récit marclévyesque de l'accident de voiture, tout n'est qu'empilage, juxtaposition, démonstration technique. Les effets visuels ont beau être assez stupéfiants, ça ne fait pas un film. D'autant que Brad Pitt semble constamment éclipsé par les prouesses du maquillage et des effets numérique, livrant une prestation relativement transparente. Il est très attendrissant en petit vieux, mais sans réelle dimension, à l'image d'un personnage jamais exploité comme il se doit. Heureusement que Cate Blanchett est parfaite, donnant au film ses meilleurs moments. Dommage une fois encore que de multiples retours au présent (le film est raconté en flash-back depuis la chambre d'hôpital d'une Daisy en fin de vie), souvent tire-larmes, ne viennent rompre le rythme plus d'une fois.
Alors qu'il était présenté comme un film unique en son genre, L'étrange histoire de Benjamin Button semble finalement souffrir de la comparaison avec plusieurs oeuvres antérieures. Première d'entre elles : Forrest Gump, oscarisé il y a quinze ans, et écrit par un certain Eric Roth (qui, ô surprise, est également scénariste ici). Comme le montrait il y a peu la vidéo nommée The curious case of Forrest Gump, qui a fait le tour du web avant d'être étrangement rayée de la toile, il y a mille analogies entre les deux films, tant dans les personnages, les époques ou les lieux. En fait, même le ton est assez similaire, Fincher ponctuant un film se voulant très sérieux par de petites vignettes drolatiques (notamment celles dites du « vieillard et de la foudre ») qui auraient eu leur place chez Zemeckis. Deuxième point de comparaison : la série Six feet under, impérissable chef d'oeuvre télévisuel, dont l'ultime épisode était à la fois plus beau, plus intense, plus profond et plus émouvant que ce film-ci. Last but not least : quitte à faire grincer des dents, une oeuvre comme The fountain, qui traite également de l'intemporalité du sentiment amoureux, était également mille fois plus puissante. N'en jetez plus : nul besoin de comparer The curious case of Benjamin Button pour comprendre qu'il s'agit d'un cuisant ratage montrant que David Fincher n'est pas encore tout à fait le cinéaste adulte qu'il rêve de devenir.
4/10

(autre critique sur Les critiques clunysiennes)

15 août 2008

MIRRORS

Entre un remake de La colline a des yeux et un remake de Piranhas, Alexandre Aja signe un remake d’un film asiatique nommé Mirrors. C’est bien la peine que nos Français, du tandem Palud-Moreau à Éric Valette, émigrent aux States si c’est pour développer des projets qui ne sont même pas originaux. Heureusement, Mirrors ne reprend que le principe du film originel (les miroirs sont pleins de mauvaises intentions) et son personnage principal (un ex-flic torturé devenu agent de surveillance des ruines calcinées d’un grand magasin), et réorchestre tout le reste sous la plume d’Aja et de son compère Grégory Levasseur. Objectif annoncé : faire flipper avec tout ce qui a un reflet, donner au spectateur sa dose de gore pour les mois qui viennent, et montrer de quel bois se chauffent les petits frenchies. Au final, Mirrors s’avère aussi décevant que La colline a des yeux était prometteur.
D’un point de vue bêtement comptable, le spectateur a de quoi se sentir spolié, puisque le film est extrêmement chiche en scènes gore. Au menu, une scène d’ouverture efficace mais classique, une scène fichtrement sanglante avec auto-décrochage de mâchoire à la clé, et puis plus rien ou presque. Cela devrait suffire à exclure les moins de 16 ans du rang des spectateurs potentiels, mais ne satisfera pas totalement les vrais fans d’hémoglobine qui tache, alléchés par cette scène bien dégueu puis frustrés par une baisse significative du niveau horrifique. Le scénario n’est pas plus convaincant, reprenant mollement l’éternel principe voulant que les mauvais esprits qui viennent embêter les vivants et tuer quelques pauvres innocents ne font tout cela que pour attirer l’attention sur une requête qu’ils ne peuvent formuler de vive voix. L’enquête faussement complexe qui s’y rattache truste la majeure partie du film alors qu’on était venu voir un simple film d’horreur.
Autre problème : l’interprétation. Paula Patton a beau être très jolie, elle ne confirme pas les espoirs placés en elle dans Idlewild et Déjà vu. Mais le pire du pire, c’est malheureusement la prestation de Kiefer Sutherland, qui ne parvient jamais à se détacher de l’image d’un certain Jack Bauer. Lorsque, dans le cadre de son enquête, il en est réduit à braquer n’importe qui en murmurant de sa voix suave « c’est une question de vie ou de mort » ou ce genre de fadaises, on ne peut s’empêcher de pouffer en repensant au nombre de fois où il a prononcé ces mots (et de la même façon, qui plus est) dans 24 heures chrono. On attend les apparitions de Tony Almeida ou Nina Myers, qui n’arriveront finalement pas.
Techniquement, rien à dire : Aja est à l’aise, exploite au maximum les effets de miroir et les différentes textures pouvant présenter des reflets. Mais il échoue à nous entraîner dans la descente aux enfers de son héros, que tout le monde croit fou lorsqu’il se met à recouvrir tous les miroirs qu’il rencontre. Quant à l’inévitable twist final, il n’est ni génial ni scandaleux, ne suscitant que l’indifférence générale. C’est sans doute pire que tout, et cela confirme le ratage complet de ce Mirrors assez embarrassant parce que plus ennuyeux que vraiment nul.
3/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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