22 juin 2006

LA COLLINE A DES YEUX

La plus grande qualité d'Alexandre Aja, c'est de ne pas avoir suivi le chemin de son père. A un Grand pardon 4, on préfère nettement un remake du Hills have eyes de Wes Craven. Précédé d'une jolie réputation bâtie grâce à Haute tension, efficace slasher movie à la française, Aja était très attendu pour ses grands débuts aux Etats-Unis.
Le film de Craven était un monument de perversité et de malaise, le genre de film qui donne envie de prendre une longue douche pour se purifier un peu. Intelligemment, Aja a poursuivi dans la même veine. La colline a des yeux n'est pas un film d'horreur basique où le maigre pitch n'est là que pour voir des filles à haute teneur mammaire se faire trucider comme des truies. Le but est davantage de mette mal à l'aise que de faire véritablement peur (même si les deux ne sont pas inconciliables).
L'aridité et la sécheresse, l'impression de solitude totale, les couleurs ternes et inquiétantes : le réalisateur tire de son décor désertique tout ce qu'il y a à tirer pour déranger le spectateur. La colline a des yeux s'impose d'emblée comme un film tout sauf confortable, où même le générique peut faire fermer les yeux. Un peu flippé mais complètement consentant, on attend qu'Aja passe la vitesse supérieure, histoire de se cacher les yeux ou d'aller vomir discrètement tellement on a peur. Le gros problème du film, c'est que ces moments-là n'arrivent jamais. On a l'impression de se trouver dans une longue bande-annonce d'un chef d'oeuvre du genre. C'est terriblement frustrant. D'autant que peu à peu, les personnages révèlent une sorte de consensualisme et une absence totale de relief. Il y a par exemple le gendre à lunettes, qu'on imagine comme le parfait pleutre, et qui va finalement se révéler comme une véritable bête assoiffée de sang. un point, c'est tout. Deux facettes, soigneusement explorées l'une après l'autre, et qu'on voit venir de loin.
Côté horrifique, Aja a soigné ses méchants, 10% rednecks et 90% freaks, sans que l'on soit subjugué pour autant. On pense souvent au remake de Massacre à la tronçonneuse par Marcus Nispel, qui exploitait le même genre de cinglés d'une manière autrement plus flippante. Et le fait qu'Aja présente ces détraqués comme des victimes des essais nucléaires américains ne change strictement rien à la donne.
Le dénouement ajoute encore un peu à la déception : comme dans Haute tension, le réalisateur ne résiste pas à la tentation du twist final. Il est ici assez léger, mais surtout très attendu, et vu mille fois ailleurs. On pensait qu'Alexandre Aja allait s'installer comme un nouveau roi du film d'horreur. Le couronnement est remis à plus tard.
5/10

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