Quand un groupe musical fait son film, on est en droit d'avoir peur. Rappelez-vous, par exemple, l'inénarrable film des Spice Girls (celui des All Saints, lui, était honorable). À l'annonce de ce Idlewild, "comédie musicale pour gangsters", on pouvait craindre que le film ne soit une représentation en roue libre de l'un des meilleurs groupes de rap qui soient (mais un groupe de rap quand même). Or, pas du tout.
Il n'y a guère de hip-hop dans ce joli Idlewild gangsters club, mais plutôt de jolies chansons entrainantes et groovy. Le film lui-même n'est pas très hip-hop, puisqu'il se déroule dans la première partie du vingtième siècle (ah, le vingtième siècle), au sein d'un cabaret modeste mais renommé. Histoires de coeur, d'argent, d'honneur, tout y passe. Très vite, on comprend qu'Idlewild n'est pas "le film d'OutKast", mais une véritable oeuvre de fiction, jouée par de vrais acteurs, une sorte de Moulin rouge version black. Et ça marche du tonnerre. Parce que les deux mecs d'OutKast ont un talent gros comme ça, parce que Paula Patton est, comme dans Déjà vu, belle à tomber par terre, parce que le réal Bryan Barber sait créer une atmosphère, Idlewild fonctionne mieux que bien.
Bien sûr, il faut accepter de se trouver dans un mélodrame presque fleur bleue, où les sentiments nobles prennent le pas sur les instincts les plus bas. Mais, dès lors, le film captive. Déjà responsable des clips du groupe, Barber confirme qu'il possède un vrai univers personnel. Ambiance baroque, plans magnifiés, vrai respect du langage cinématographique : un classicisme séducteur, qui marche d'autant mieux que le metteur en scène s'autorise çà et là quelques audaces visuelles bien senties. Et l'on sort d'Idlewild en transe, mille chansons au bord des lèvres, prêt à voyager à nouveau avec OutKast quand ils en auront envie : ces gars-là sont définitivement plus doués que les Spice Girls.
8/10
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
Laissez le premier commentaire sur “IDLEWILD GANGSTERS CLUB”
Enregistrer un commentaire