19 oct. 2006

LES FILS DE L'HOMME

Une cervelle, un coeur et des tripes : voilà Les fils de l'homme, génial film d'anticipation réaliste, qui allie à merveille le fond, la forme et l'émotion. Première idée géniale : ne pas situer l'action du film en 2271, mais en 2027, dans un futur très proche. L'occasion de rendre le propos plus inquiétant (stérilité de l'intégralité de l'espèce humaine) et d'éviter une vision inutilement futuriste avec voitures volantes et androïdes. Le Londres de dans vingt ans ressemble furieusement au Londres d'aujourd'hui, l'anarchie en plus. Bienvenue donc dans un monde stérile dans tous les sens du terme, qu'une fin imminente a transformé en un lieu de barbarie et de rébellion, mais que la découverte d'une femme enceinte pourrait bien relancer pour un tour. Les fils de l'homme raconte la cavale de cette jeune femme, aidée par un bureaucrate désabusé qui n'a pas eu trop le choix.
Malgré ses aspects de course-poursuite avec scènes d'action à intervalles réguliers, le film d'Alfonso Cuarón offre une réflexion passionnante sur le sens de la vie et l'utilité de pérenniser à tout prix un monde dominé par le malheur. Sans envolées philosophiques déplacées ni prise de tête malvenue, le film fait preuve d'une intelligence rare.
Une intelligence qui se retrouve dans le traitement de Cuarón : réalisme à toute épreuve, caméra à l'épaule, et quelques plans-séquences absolument hallucinants. Avec virtuosité mais sans maniérisme (pas de mouvement de caméra inutile pour montrer qu'on est un réalisateur qui en a), le Mexicain laisse bouche bée. Certains de ces plans-séquences sont si réalistes, si maîtrisés, si bien foutus que l'on n'imagine pas un seul instant que cela puisse être du cinéma. Si si. À eux seuls, ils justifient la vision multiple d'un film qui a plus d'un atout dans sa poche. D'une violence froide mais jamais gratuite (rendue toujours plus impressionnante par cette mise en scène décidément incroyable), le film sait aussi se faire très touchant. On se met à la place du personnage principal (Clive Owen, surprenant) : quoi de plus beau qu'une femme enceinte, surtout lorsque c'est la première depuis dix-huit ans?
Tonitruant, frappant, saisissant, inattendu : décrire l'enthousiasme suscité par Les fils de l'homme nécessiterait encore une bonne quinzaine d'adjectifs. C'est en tout cas un film précieux qui marche sur les traces d'Orwell et Bradbury, un monument filmique qu'il faut aller voir à tout prix si l'on n'a pas peur de faire pipi sous soi.
9/10

Laissez le premier commentaire sur “LES FILS DE L'HOMME”

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
© 2009 TOUJOURS RAISON.. Tous droits réservés
Design by psdvibe | Bloggerized By LawnyDesignz