Le voilà donc, le film qu'on annonçait comme le monument trash de l'année, celui qui allait révolutionner le cinéma de genre français... Autant le dire tout de suite, Frontière(s) ne remplit pas vraiment son contrat, provoquant plus de frustration que d'exaltation. Il y a de quoi perdre espoir et se résoudre au fait que, décidément, la France ne saura jamais produire autre chose de bon que des films intellos. C'est que, réflexion faite, le film de Xavier Gens penche plus du côté de Kim Chapiron (réalisateur d'un Sheitan attachant mais foireux) que de celui de Tobe Hooper et Wes Craven. Pour celui que l'on imaginait devenir le pape de l'horreur malsaine made in hexagone, voilà qui fait tache.
Frontière(s) part mal, très mal, nous imposant des personnages comme autant de clichés ambulants. Plombées par des dialogues artificiels, les relations entre ces racailles (pour reprendre un mot cher à notre président chéri) sonnent faux, tant et si bien que l'on se moque rapidement de ce qu'il risque de leur arriver. Comme dans À l'intérieur, autre grosse déception du genre, le scénario nous impose un contexte vaguement politique, celui des émeutes en banlieue, s'emparant de faits divers récents avec un opportunisme assez putassier. Le traitement est démago, et cet enrobage pseudo-sociologique n'a de plus aucun intérêt dans l'avancée du récit.
La famille de freaks chez laquelle atterrit notre bande de djeunz est composée de bons gros nazis faisant du renouvellement de la race aryenne un objectif majeur. Pourquoi pas. Mais Gens se prend pour un auteur, tentant de mêler à cela l'ombre d'avril 2002, des émeutes de 2005, et du troisième Reich. On se serait volontiers passé de cet arrière-plan franchement dispensable, d'autant qu'il nous est imposé avec une légèreté de bûcheron. Le personnage du patriarche, accent germanique prononcé et goût certain pour les tortures d'antan, fait sourire : on s'attendrait presque à ce que son bras soit pris de spasmes proches du salut hitlérien, façon Dr. Folamour. Sauf qu'on n'est pas là pour rigoler.
C'est lorsque Frontière(s) rentre enfin de plein fouet dans l'horreur pure que Gens se montre le plus à son aise : si la dégueulasserie n'atteint pas tout à fait le niveau promis, les sévices sont nombreuses et vicieuses, et le sang gicle comme il se doit. Dans ses meilleurs moments, le film a de quoi faire penser à Massacre à la tronçonneuse ou La dernière maison sur la gauche. Trop rarement hélas, mais ces instants-là ont de quoi faire jubiler. D'autant que le casting de cette famille de barjos a de quoi impressionner : tous ou presque se montrent très justes dans leurs excès, contribuant au malaise ambiant. Confirmant un réel tempérament d'actrice, Estelle Lefébure irradie le film en salope sanguinaire (il n'y a pas d'autre mot). C'est l'une des bonnes nouvelles d'un film assez rageant, qui souffre malheureusement d'une mise en scène souvent trop franchouillarde et d'un vrai manque de souffle côté scénar. D'habitude, ce genre de critique se termine par un message d'espoir destiné à encourager les jeunes cinéastes qui osent afin qu'ils persistent dans leur quête de style et de réussite. Goutte d'eau faisant déborder le vase, Frontière(s) donne plutôt envie de se décourager totalement.
5/10
En fanfare suite...
Il y a 17 heures
2 commentaires sur “FRONTIÈRE(S)”
Là ce sera sans moi, sans la moindre hésitation ! Rien que l'affiche me fait vomir.
C'est typiquement le genre de film que je déconseillerais à ma mamie.
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