Un homme, une femme, un mariage arrangé, chabadabada? Oui et non, selon Somerset Maugham, auteur dont les "nouvelles pour dames" sont moins célèbres que la chanson de Souchon qui porte son nom. La deuxième adaptation du Voile des illusions (la première date d'il y a juste 72 ans), oeuvre de John Curran, auteur du joli We don't live here anymore, est un modèle de classicisme rendant parfaitement hommage à cet écrivain si délicieusement surranné.
Entre leur rencontre tumultueuse et le moment où, enfin, ils parviendront à s'aimer (mais trop tard), Walter et Kitty Fane auront traversé de douloureuses épreuves, comme autant de figures imposées, de l'adultère au cholera. Comme dans un roman photo, lui est le bactériologiste dévoué qui sauvera la Chine de l'extinction, et elle est la fille de bonne famille qui finira par mettre la main à la pâte pour aider comme elle peut. Cliché? Pas à l'époque. Filmant comme au début du siècle (voilà un véritable hommage au cinéma des années 30, qui vaut mieux que bien des Good German), Curran restitue une époque disparue de nos mémoire, celle où les sentiments purs et les bonnes actions n'étaient pas tournés en dérision par nos coeurs atrophiés. À condition de se débarrasser de son cynisme ambiant, Le voile des illusions exhale de délicieuses odeurs et pousse à la nostalgie d'un temps que les moins de quatre-vingt balais ne peuvent pas connaître.
Finalement, Le voile des illusions, ce n'est rien d'autre qu'une comédie romantique complètement rétro, un film de Richard Curtis venu d'un temps où Richard Curtis n'était pas né. Mêmes débuts difficiles, mêmes embûches (enfin non : peu de choléra entre Hugh Grant et sa promise), mêmes retrouvailles finales... Avec un peu plus de gravité, et aucune assurance de voir un happy end. Ce n'est pas vraiment neuf, c'est juste follement agréable.
7/10
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
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