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4 juil. 2009

WHATEVER WORKS

Il fallait être bien naïf pour s'imaginer que Woody Allen ne remettrait plus les pieds à New York après ses escapades anglaises et espagnoles. Parce qu'on ne se coupe pas aussi facilement de ses bonnes vieilles habitudes, Woody revient donc dans son Manhattan chéri le temps d'un marivaudage typique de son cinéma, qui rappelle à la fois Annie Hall et Anything else. C'est dire l'universalité de ce film... et son peu d'originalité aussi. Car bien qu'excellemment dialogué et souvent très vif, Whatever works sent clairement la redite et n'apporte rien de supplémentaire à l'oeuvre du maître. Cela ne veut pas dire que le film n'est pas bon ; c'est même une comédie plutôt drôle et assez enlevée. Simplement, c'est un Allen mineur, ce qui est toujours agréable mais pas essentiel.
Le film se distingue cependant par le choix de son interprète : écrit il y a trente ans pour Zero Mostel, le rôle de Boris Yelnikov a finalement été attribué à Larry David. C'est finalement la première fois qu'un double allenien est presque aussi vieux que l'original, alors qu'Allen choisit traditionnellement des trentenaires pour lui servir de porte-voix. Excellent choix que celui de David, qui confirme contrairement à ce qu'il affirme qu'il est un véritable acteur. Il n'est de toute façon pas perdu, puisque Yelnikov ressemble d'assez près au héros de la fabuleuse série Curb your enthusiasm (Larry et son nombril en VF), lui ausi taciturne et angoissé... David est l'attraction numéro 1 du film, son humour désabusé se fondant à merveille dans l'univers du cinéaste. Face à lui, une Evan Rachel Wood qui a dû beaucoup travailler pour avoir l'air candide voire un peu idiot : prodigieuse comme toujours, elle rappelle - en moins excessive - la Mira Sorvino de Maudite Aphrodite.
C'est principalement grâce au duo d'acteurs - et à quelques autres, dont une Patricia Clarkson déchaînée - que l'on passe un moment fort plaisant bien que pas révolutionnaire. Les dialogues font mouche mais ne parlent quasiment que du couple ; passé le postulat de départ, les situations sont finalement assez anodines, même si la description rigolarde d'un curieux ménage à trois prouve l'éternelle inventivité de Woody. Celui-ci n'a sans doute plus le jus nécessaire pour nous pondre des chefs d'oeuvre, mais on signerait volontiers pour pouvoir se repaître encore dix ou vingt ans d'une fantaisie annuelle comme celle-là. Un petit Allen vaudra toujours mieux que bien d'autres films de tous horizons.




Whatever works de Woody Allen. 1h32. Sortie : 01/07/2009.
Autre critique sur Une dernière séance ?.

11 oct. 2008

VICKY CRISTINA BARCELONA

Du sexy, de l'exotisme et du tourisme. C'est, en gros, ce que propose Vicky Cristina Barcelona, grosso modo le quarante-deuxième film de Woody Allen, et sans doute le plus sexuellement débridé de sa longue filmographie. Une longue promenade dans un Barcelone interlope et nyctalope en compagnie de trois sacrées pépées et d'un bel (?) ibérique. Un film un poil triste mais évidemment plein d'humour, qui fait de la légèreté un art de vivre et un sacerdoce. Caliente caliente, l'atmosphère est à la moiteur, en partie grâce à des interprètes qui donnent libre cours à leur côté torride. Difficile de dire qui des quatre est le plus impliqué dans son rôle ; en tout cas, le plaisir des yeux et celui de l'esprit se rejoignent. Mesdemoiselles Johansson, Cruz et Hall (quelle révélation !) sont d'une beauté fatale. Monsieur Bardem n'est sans doute pas mal non plus.
La ville catalane est donc le terrain idéal pour ces jeux de l'amour et du hasard, comme Woody sait en pondre chaque année ou presque. Il y aura des coucheries, des accès de rage aux fort accents ibériques, et quelques trahisons. Empreint d'un vrai charme, comme deux bons mois de tourisme sans contrainte budgétaire, le film n'est cependant pas beaucoup plus que cela. La tension érotique n'est pas si poussée, les jeux de massacre restent bien timorés, et on ne retrouve pas la morale perverse que sut installer Allen dans quelques-uns de ses films les plus marquants (Match point et Crimes et délits, par exemple). La mise en scène a beau avoir pris un coup de jeune, cela n'empêche pas une certaine léthargie d'envelopper un film qui ronronne sacrément alors qu'il aurait dû sentir le soufre, l'alcool et la semence. À ce trip pas désagréable, on pourra préférer les classiques alleniens des années 80-90, qui faisaient de la relation amoureuse quelque chose d'aussi délicieux qu'addictif, mais aussi de diaboliquement pervers.
6/10

6 nov. 2007

LE RÊVE DE CASSANDRE

Il est courant de voir le nom de Woody Allen associé à celui de Claude Chabrol, non pour les points communs entre leurs films, mais plutôt parce que les deux hommes continuent malgré leur âge à nous proposer un film par an. Deux stakhanovistes pépères (à moins que ce soit l'inverse) dont les récentes pondaisons ont connu des fortunes diverses. Avec Le rêve de Cassandre, cependant, Woody n'a jamais été aussi proche de ce bon vieux Claude. Son dernier film ressemble en tout point à l'une des meilleures oeuvres du réalisateur français, La cérémonie. Même duo désargenté quasiment prêt à tout pour s'en tirer. Même peinture alternée d'une bourgeoisie crasse et d'une misère poisseuse. Même imminence du drame.
Pourtant, c'est bien de Woody Allen dont il s'agit, celui qui a décidé de se renouveler coûte que coûte en explorant notamment les chemins du polar. Il exploite à merveille son sens inné de la narration, et l'on réalise à peine qu'il ne se passe rien pendant la première demi-heure. Colin Farrell et Ewan McGregor sont deux frangins très convaincants, et leur lente dérive dans le sordide est assez convaincante. Comme dans Match point, son film référence des années 2000, organise cette descente aux enfers avec le brio méthodique qui le caractérise. Sauf que... si sur le moment il n'y a pas grand chose à redire, la conclusion abrupte du Rêve de Cassandre laisse salement pantois et donne à reconsidérer l'ensemble. Dans Match point, Allen savait exactement où il voulait nous amener (vrai-faux happy-end délicieusement répugnant, morale perverse et rigolarde sur un sujet s'y prêtant peu), et la vision multiple mettait encore plus en valeur la finesse de la sauce Woody. Ici, le new-yorkais nous impose une fin un peu bricolée, qui semble avoir été posée là parce qu'il fallait bien en finir, et dont le côté frustrant n'a absolument rien de délectable. Avec un peu de suite dans les idées, on réalise soudain que ce côté "apposons une conclusion sordide pour donner au spectateur ce qu'il veut" est typique d'un certain Claude Chabrol. Pas sûr que la convergence des deux cinéastes soit forcément une bonne nouvelle.
6/10

8 nov. 2006

SCOOP

L'an dernier, Match point avait semblé signer un nouveau départ pour Woody Allen. Poursuivant allègrement sur son rythme effréné d'un film par an, Woody semblait enfin retrouver des couleurs après une série de films pâlichons indignes de son talent d'antan. Qu'on ne se réjouisse pas trop vite : avec Scoop, le vieux new-yorkais retombe dans les travers qu'il venait de quitter.
C'est loin d'être un compliment : Scoop ressemble au Sortilège du scorpion de jade, l'un des moins bons films de son réalisateur. On nage dans la même eau croupie : une comédie policière surannée avec deux doigts de magie pour tenter de lui donner du goût. C'est assez raté. S'il faut bien reconnaître qu'Allen a toujours un don incomparable pour sortir de sa poche des répliques hilarantes, le reste sent la redite à plein nez. L'intrigue policière a du plomb dans les rouages, et si elle importe plus que d'habitude, c'est que l'univers qui l'entoure n'est pas assez drôle pour convaincre. Résultat : un film sans grande saveur, qui enchaîne les péripéties avec une confondante absence de rythme.
Heureusement, il y a Scarlett. Aux antipodes de son rôle de Match point, la belle joue les apprenties journalistes avec une décontraction et un ton qui n'appartiennent qu'à elle. Parfaitement à l'aise, elle montre à qui l'ignorerait encore qu'elle n'est pas qu'un ravissant corps. Elle est sans nul doute l'actrice qui colle le mieux à l'univers allenien depuis une certaine Mia Farrow, à laquelle elle semble rendre hommage tant son jeu et son apparence sont calquées sur son illustre aînée. Face à un Woody hystérique et à un Hugh Jackman désespérément coincé, elle offre au film sa seule vraie bouffée de fantaisie. Merci Scarlett.
5/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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