MATCH POINT

On était prévenus depuis un bout de temps : Woody a mis un grand coup de pied dans sa propre montagne et revient avec un film de deux heures (gasp!), à l'ambiance plus noire qu'à l'accoutumée (re-gasp!), et qui ne se déroule pas à Manhattan, mais à Londres (le coup de grâce).
Et du coup, ouh la, noir c'est noir, et il n' a pas grand espoir. Sur une trame proche d'un grand Flaubert, Woody conte l'ascension d'un jeune type qui va bientôt devoir choisir entre la réussite sociale (en restant avec la fille de son patron) et l'Amour, le vrai (en se taillant avec son ex belle soeur). Quand on sait que l'ex belle-soeur en question a les traits de Scarlett Johansson, on se dit que le choix a déjà été plus difficile... Grosse erreur. Notre héros est bien perdu, et semble vouloir se faire choper la main dans le sac en compagnie de sa maîtresse pour ne pas avoir à choisir lui-même. Et Woody, qui d'habitude aurait bien ri de toute cette comédie humaine en s'en sortant par des pirouettes (genre : en voix off ou face caméra, le héros révèle son choix, et fin du film), décide de mener son sujet à bien. D'où un dénouement surprise qui, s'il est bien plus noir que prévu (l'amoralité de Crimes et délits passe pour du pipi de chaton), n'oublie pas de receler une énorme dose d'ironie. Côté acteurs, si Rhys-Meyers est purement envoûtant, il est vite éclipsé par mademoiselle Scarlett, qui en une seule scène fait chavirer le coeur et les hormones de tout spectateur mâle. Car oui, chez le nouveau Woody, il y a des scènes de sexe, brèves et pudiques mais intenses, et qui ne servent absolument pas à déclencher l'hilarité. La question qui me taraude (oh oui, elle me taraude sacrément) est la suivante : Match point n'est-il qu'une simple parenthèse destinée à clouer le bec de ceux qui disaient que Woody n'est qu'un cinéaste radoteur fatigué, ou marque-t-il un véritable tournant dans la déjà longue carrière de notre clarinettiste préféré? Quoi qu'il en soit, pour le prochain, on sera au rendez-vous.
8/10