
Pourtant, c'est bien de Woody Allen dont il s'agit, celui qui a décidé de se renouveler coûte que coûte en explorant notamment les chemins du polar. Il exploite à merveille son sens inné de la narration, et l'on réalise à peine qu'il ne se passe rien pendant la première demi-heure. Colin Farrell et Ewan McGregor sont deux frangins très convaincants, et leur lente dérive dans le sordide est assez convaincante. Comme dans Match point, son film référence des années 2000, organise cette descente aux enfers avec le brio méthodique qui le caractérise. Sauf que... si sur le moment il n'y a pas grand chose à redire, la conclusion abrupte du Rêve de Cassandre laisse salement pantois et donne à reconsidérer l'ensemble. Dans Match point, Allen savait exactement où il voulait nous amener (vrai-faux happy-end délicieusement répugnant, morale perverse et rigolarde sur un sujet s'y prêtant peu), et la vision multiple mettait encore plus en valeur la finesse de la sauce Woody. Ici, le new-yorkais nous impose une fin un peu bricolée, qui semble avoir été posée là parce qu'il fallait bien en finir, et dont le côté frustrant n'a absolument rien de délectable. Avec un peu de suite dans les idées, on réalise soudain que ce côté "apposons une conclusion sordide pour donner au spectateur ce qu'il veut" est typique d'un certain Claude Chabrol. Pas sûr que la convergence des deux cinéastes soit forcément une bonne nouvelle.
6/10
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