Affichage des articles dont le libellé est Karole Rocher. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Karole Rocher. Afficher tous les articles

31 janv. 2009

LE BAL DES ACTRICES

Il y a neuf ans, à l'occasion de la sortie des Acteurs, Bertrand Blier confiait qu'il avait un temps songé à tourner également Les actrices avant d'abandonner cette idée au motif que le public n'aurait pas supporté qu'on se moque d'elles, de Vanessa Paradis à Jeanne Moreau. Mais rien ne fait peur à Maïwenn Le Besco, visiblement adepte des projets casse-gueule après un Pardonnez-moi aussi nombriliste que culotté. Récit du tournage d'un doc consacré à ces femmes hors du commun (ou en tout cas persuadées de l'être), Le bal des actrices est un portrait de groupe aussi impitoyable que délicieux, orchestré par une actrice-réalisatrice n'ayant pas froid aux yeux.
Contrairement à un Pardonnez-moi allant si loin dans le malaise et l'auto-analyse qu'il finissait par imploser sous le poids de sa propre complaisance, Le bal des actrices surprend et séduit par sa mesure. Car même lorsqu'il fait dans la caricature volontaire, le film ne pèche jamais par excès, cette radiographie du métier d'actrice se voulant plus vacharde qu'assassine. Du début à la fin, on prend un véritable plaisir à voir ces femmes jouer avec leur image, qu'elles soient dans un rôle de composition (Mélanie Doutey, Romane Bohringer) ou dans une copie possiblement conforme de ce qu'elles vivent en réalité (Muriel Robin ou Estelle Lefébure en prennent plein la tronche). Extrêmement drôle, le film n'entend pas débiter dix vérités à la seconde mais en dit finalement plus que bien des documentaires.
Pour autant, Le bal des actrices n'est pas exempt d'un certain nombrilisme, certes plus léger que précédemment. À travers ces actrices, c'est elle-même que Maïwenn filme et raconte, dans une auto-fiction d'autant plus appréciable qu'elle inclut sa propre critique. La jeune femme ne s'épargne absolument pas, démontant son propre travail ainsi que la façon dont elle néglige sa famille. Témoin de tout cela, son mari dans le film, excellemment interprété par un Joey Starr hilarant, offre son regard au spectateur, tour à tour agacé et séduit par cette artiste entière, talentueuse et aussi tendre que féroce.
8/10
(également publié sur Écran Large)

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

16 nov. 2008

STELLA

Ona retrouvé Sylvie Verheyde. Il y a dix ans déjà, Un frère nous cueillait (et révélait au passage une certaine Emma de Caunes). Il y eut ensuite le très raté Princesses, le scénario tout pourri du Scorpion de Julien Séri. Et puis plus rien. C'était pour mieux nous revenir avec ce Stella de premier choix, film mineur aux accents majeurs, festival d'émotions diverses et variées. Chronique de l'année de sixième d'une fille de patrons de bar, le film charme tout d'abord par le contraste entre l'air fragile de la petite Stella, qui nous expose ses états d'âme au gré d'une délicieuse voix off, et ses réflexions pétries de bon sens, comme si elle était devenue adulte avant l'heure. Le ton est léger même pour parler de choses graves, à l'image d'une bande originale alternant gros tubes kitschissimes (Sheila, Juvet et compagnie) et morceaux plus "sérieux".
Par miracle, Verheyde parvient à injecter de la fantaisie et de la drôlerie dans ce qui aurait pu n'être qu'une chronique sociale de plus, avec ses odeurs de tabac froid et ses personnages aux cheveux gras. Et pour cause : c'est un film sur la magie de l'enfance et sur le détachement salvateur dont peuvent faire preuve certains mioches, même plongés dans un marasme familial un peu pitoyable. Si le milieu dans lequel elle évolue n'est pas le plus reluisant qui soit, Stella est pourtant une petite fille aimée de ses parents, qui peinent cependant à lui exprimer leurs sentiments et à la prendre en charge comme il le faudrait. Parachutée dans un collège un peu trop huppé pour elle, elle va découvrir la rudesse des préjugés et des différences sociales. Mais toujours avec un regard enfantin. Verheyde semble s'être fixée un objectif bien simple : ne jamais verser dans le plombant. Les quelques scènes graves sont traitées avec sobriété, et certains sujets comme les tourments amoureux sont abordés avec une sorte de fausse candeur réjouissante (ah, ces plans à la David Hamilton pour croquer le premier amoureux de Stella).
Évidemment, un tel film ne saurait exister sans des interprètes solides. Léora Barbara est juste exceptionnelle dans le rôle-titre, bien entourée par le surprenant couple Karole Rocher-Benjamin Biolay en parents pas modèles. Et puis, même s'il n'est là que dans quelques scènes, Guillaume Depardieu illumine chaque plan dans lequel il apparaît, bouffant une nouvelle fois la pellicule comme il l'a si souvent fait ces dernières années. Dans Stella, Guillaume joue un type qui fait craquer les filles, jeunes ou moins jeunes. C'est cette image-là qu'on voudrait garder de lui, quelques semaines après sa détestable disparition.
8/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
© 2009 TOUJOURS RAISON.. Tous droits réservés
Design by psdvibe | Bloggerized By LawnyDesignz