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31 janv. 2009

LE BAL DES ACTRICES

Il y a neuf ans, à l'occasion de la sortie des Acteurs, Bertrand Blier confiait qu'il avait un temps songé à tourner également Les actrices avant d'abandonner cette idée au motif que le public n'aurait pas supporté qu'on se moque d'elles, de Vanessa Paradis à Jeanne Moreau. Mais rien ne fait peur à Maïwenn Le Besco, visiblement adepte des projets casse-gueule après un Pardonnez-moi aussi nombriliste que culotté. Récit du tournage d'un doc consacré à ces femmes hors du commun (ou en tout cas persuadées de l'être), Le bal des actrices est un portrait de groupe aussi impitoyable que délicieux, orchestré par une actrice-réalisatrice n'ayant pas froid aux yeux.
Contrairement à un Pardonnez-moi allant si loin dans le malaise et l'auto-analyse qu'il finissait par imploser sous le poids de sa propre complaisance, Le bal des actrices surprend et séduit par sa mesure. Car même lorsqu'il fait dans la caricature volontaire, le film ne pèche jamais par excès, cette radiographie du métier d'actrice se voulant plus vacharde qu'assassine. Du début à la fin, on prend un véritable plaisir à voir ces femmes jouer avec leur image, qu'elles soient dans un rôle de composition (Mélanie Doutey, Romane Bohringer) ou dans une copie possiblement conforme de ce qu'elles vivent en réalité (Muriel Robin ou Estelle Lefébure en prennent plein la tronche). Extrêmement drôle, le film n'entend pas débiter dix vérités à la seconde mais en dit finalement plus que bien des documentaires.
Pour autant, Le bal des actrices n'est pas exempt d'un certain nombrilisme, certes plus léger que précédemment. À travers ces actrices, c'est elle-même que Maïwenn filme et raconte, dans une auto-fiction d'autant plus appréciable qu'elle inclut sa propre critique. La jeune femme ne s'épargne absolument pas, démontant son propre travail ainsi que la façon dont elle néglige sa famille. Témoin de tout cela, son mari dans le film, excellemment interprété par un Joey Starr hilarant, offre son regard au spectateur, tour à tour agacé et séduit par cette artiste entière, talentueuse et aussi tendre que féroce.
8/10
(également publié sur Écran Large)

(autre critique sur Sur la route du cinéma)

18 juin 2008

LA PERSONNE AUX DEUX PERSONNES

Ouais alors bon d'accord, c'est bien joli cette idée de mettre un chanteur ringard dans la peau d'un comptable ringard, mais est-ce que ça fait pour autant assez de substance pour en tirer un long-métrage ? Absolument pas. Sauf quand on s'appelle Nicolas & Bruno, zozos de première, spécialistes des orgues Bontempi™, des agrafeuses et des Minitel™, accessoirement auteurs des fameux messages à caractère informatif et de l'adaptation française de The office. Il fallait être complètement génial ou totalement inconscient pour penser bâtir un bon film sur une idée gentille mais déjà un peu exploitée ailleurs (rappelez-vous par exemple L'aventure intérieure, de Joe Dante, avec Dennis Quaid dans Martin Short). Nicolas Charlet et Bruno Lavaine (autant donner leurs noms de famille, ils méritent d'être mondialement connus) sont les deux à la fois. La personne aux deux personnes est une franche réussite, une rigolade d'une heure et demie qui parvient à partir d'un postulat fantaisiste mais casse-gueule et à aller crescendo pendant toute la durée du film, pour aboutir à un épilogue complètement génial. Ce n'est pas un mince exploit.
Le plus incroyable, c'est que l'idée de départ n'est absolument pas délayée dans des sous-intrigues avec moultes personnages secondaires et digressions. À vrai dire, ils ne sont que trois, dont un qu'on ne voit que très épisodiquement. Dans la peau du cultissime Jean-Christian Ranu, Daniel Auteuil contredit tout le mal qu'on pensait de lui niveau comédie. Très souvent seul à l'écran, il donne à son personnage une dégaine absolument inénarrable, montrant à monsieur Franck Dubosc qu'on peut jouer un ringard fini sans patauger dans le mépris et la facilité. Face à (ou plutôt à l'intérieur de) lui, Alain Chabat campe un Gilles Gabriel mort mais pas trop, star des années 80 persuadée qu'elle peut être le leader du fameux revival des eighties. Sa voix est l'un des moteurs du film, et il prouve une fois encore qu'il est l'un de nos tous meilleurs acteurs, capable de jouer absolument n'importe qui et n'importe quoi en visant toujours droit dans le mille. Quant à Marina Foïs, dans un rôle secondaire mais fondamental, elle est extrêmement bien dirigée, dont très bien (c'est-à-dire qu'elle ne fonce pas tête la première dans ses quelques tics robindesboisesques parfois gênants).
Montée en puissance permanente, La personne aux deux personnes ménage de grands moments d'hilarité, ceux-ci se faisant de plus en plus nombreux à mesure qu'avance un film ne se perdant jamais en route. Impossible d'en dire plus, mais il faudra attendre la scène de la grande réunion de la Cogip au Palais des Congrès, puis ce fameux épilogue intervenant pendant le générique de fin, pour être totalement happé par l'immense puissance comique de ce grand spectacle, drôle et intelligent, qui confirme que Nicolas & Bruno sont des touche-à-tout de génie, capables de dynamiser et dynamiter une comédie à la française qui en a sacrément besoin. Imparable.
8/10


22 avr. 2008

PASSE-PASSE

Pour sûr, Passe-passe porte bien son nom. Dans son grand chapeau, Tonie Marshall a placé un Edouard Baer, une Nathalie Baye, un Guy Marchand et des chansons de Sinatra. Elle a ensuite bien secoué, et hop, après un seul petit coup de baguette magique, devinez ce qui est ressorti ? Non, pas un lapin. Un navet. Comédie (?) longuette, poussive et sans malice, Passe-passe est un petit chemin de croix, uné épreuve dont rien ni personne ne sort grandi.
La principale erreur de Tonie Marshall a été de confondre esprit débridé et n'importe quoi brouillon. Très mal filmé, souffrant d'un montage calamiteux, écrit à la va-vite, le film semble afficher un mépris total vis-à-vis de son spectateur, même si ce n'est pas le genre de sa réalisatrice ni de ses interprètes. Ceux-ci n'ont quasiment rien à défendre : dans un rôle pourtant taillé pour lui, Baer ne parvient pas à faire briller son côté dandy ou à arracher le moindre sourire. Pire encore, Nathalie Baye livre une prestation purement pathétique et se retrouve affublée d'une série de coupes de cheveux derrière lesquelles elle peine à se cacher. On peut difficilement accabler les comédiens, tant on les sent attristés à l'idée de ne rien avoir de potable à présenter au spectateur.
Car Passe-passe, c'est une sorte de road-movie hystérique et mal fagoté, qui zigzague de Paris à Locarno sans réel objectif. La multiplication des sous-intrigues (obscures et inintéressantes) ne fait que renforcer l'aspect totalement vain de l'ensemble. Seule la parenthèse romantico-comique entre Edouard Baer et Mélanie Bernier vient apporter un léger vent de fraîcheur : mais un film qui ne parvient à être rigolo que grâce aux apparitions d'un personnage atteint du syndrome de Gilles de La Tourette a définitivement un problème. Le plus mauvais film de Tonie Marshall est à oublier très vite, et à éviter surtout.
2/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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