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10 sept. 2009

LE COACH

Marmignon, c'est le nom du personnage de Jean-Paul Rouve dans Le coach. Si ce patronyme a été choisi, c'est parce qu'il est porté par une partie de la famille du co-scénaiste Denis Bardiau (anecdote plus véridique que passionnante) ; on aurait pourtant pu imaginer une tout autre raison, à savoir le fait que Marmignon rime avec Pignon. Le coach a en effet tout d'un film de Francis Veber, avec son duo composé d'un sanguin et d'un tocard, qui finira par sortir grandi d'une série de mésaventures éventuellement hilarantes - ou juste pathétiques, si on considère le Weber version 21ème siècle.
Le film d'Olivier Doran est donc un classique buddy movie à la sauce française, qui est loin de faire aussi bien que l'Incognito d'Éric Lavaine - référence du genre en cette année 2009 - mais qui fonctionne plutôt bien. Jamais vraiment hilarant, Le coach fourmille néanmoins de moments tout à fait sympathiques, notamment lorsque Jean-Paul Rouve se lâche dans la peau du coincé de service, nullissime dans les relations humaines. Le cheveu en bataille, l'oeil torve, il campe un Marmignon à la fois attachant et pittoresque sous l'oeil d'un Richard Berry pas mauvais dans le rôle du type consterné - il avait sans doute revu L'emmerdeur version 2008 pour s'y préparer.
Pas d'enthousiasme débordant pour autant, puisque le scénario du Coach frôle la correctionnelle à plus d'une reprise, semblant peiner à faire le lien entre les scènes-clés. Pour un film censé décrire une partie du job de coach, le manque de logique et d'épaisseur psychologique aurait pu s'avérer fatal... Mais on peut parfois pardonner beaucoup à une comédie pourvu qu'elle soit sympathique, plutôt rythmée et pas dépourvue de tendresse. Sur ce dernier point, Le coach se rapproche en fait davantage de L'emmerdeur millésime 73 que des collaborations Veber - Pierre Richard. Il y a des références plus déshonorantes.




Le coach d'Olivier Doran. 1h32. Sortie : 09/09/2009.
Critique publiée sur Écran Large.

3 déc. 2008

AGATHE CLÉRY

Pour Étienne Chatiliez, il y a définitivement un avant et un après Bonheur est dans le pré. Avant : deux comédies, un peu grossières mais gentiment populaires, épinglant notamment la médiocrité française. Puis vint donc son meilleur film, aussi truculent qu'acide. Et l'après : exit Florence Quentin, bonjour Laurent Chouchan... et adieu la qualité. Rappelez-vous le consternant Tanguy et le platissime La confiance règne. Agathe Cléry est le parfait successeur de ces deux-là, partant d'une idée plutôt originale et la traitant avec une criante absence de savoir-faire.
Une fois n'est pas coutume, parlons d'abord du meilleur, ou plutôt de la meilleure : il n'y a pour ainsi dire rien à reprocher à Valérie Lemercier, qui paie de sa personne pour faire croire à ce personnage de femme blanche devenant noire. Elle s'agite, elle danse, elle est à peu près crédible, et nul doute que s'il y avait un peu de matière comique à défendre, elle aurait été formidablement drôle. Mais il n'y a malheureusement rien, rien de rien, derrière ce postulat. Juste un scénario poussif et schématique qui verra la vilaine raciste considérer sa nouvelle couleur avec effroi, puis l'accepter, puis devenir tolérante, et ainsi de suite, au gré d'une succession de chapitres aussi attendus qu'insipides. Les gags ? Ils sont totalement absents. Pour tout humour, Chatiliez et Chouchan se contentent d'exploiter maladroitement quelques clichés qui finissent par se retourner contre eux, ou de broder quelques situations péniblement boulevardières.
Et que fait-on, en France comme ailleurs, pour combler le manque de trouvailles scénaristiques ? De la comédie musicale, pardi. Car Agathe Cléry, c'est aussi un enchaînement de numéros chantés et dansés, souvent courts (il y a un Dieu) mais tout aussi affligeants. Les comédiens sont nuls, les textes affligeants, et le pire, c'est que Chatiliez filme tout ça comme une pub Eram ou Dunlopillo, lui qui fut longtemps le grand roi du spot télé. Même quand Lemercier se lâche et nous la joue Michael Jackson, c'est foiré, l'image étant d'une pauvreté folle. À croire que la crise financière a vraiment touché tous les milieux : visiblement, le chef opérateur n'a pas eu droit à autre chose que des ampoules 20 watts. Mais relativisons : Agathe Cléry, ce n'est qu'une bonne idée gâchée parmi tant d'autres, le cinéma français prenant un plaisir toujours renouvelé à saccager consciencieusement les quelques bonnes idées qu'il parvient à expulser.
2/10

9 avr. 2008

LADY JANE

12 films avec Jean-Pierre Darroussin, 14 avec Ariane Ascaride, et autant avec Gérard Meylan : la fidélité obsessionnelle de Robert Guédiguian pour ces trois acteurs a de quoi agacer. Ajoutée à cela, la proximité des sujets de ses films donne sérieusement l'impression de voir un auteur faire toujours la même chose, user de recettes faciles mais approuvées par le public (un peu de social, des amours contrariées, la Provence et les cigales), en gros surfer indéfiniment sur la vague de Marius et Jeannette.
Lady Jane a au moins le mérite de venir casser cette routine un peu lénifiante : il s'agit d'un vrai polar avec flingues, kidnapping et vengeance. S'il y a bien un arrière-plan social il ne prend jamais le pas sur une intrigue assez intrigante qui finit cependant par manquer de souffle. On pense à La raison du plus faible de Lucas Belvaux, à ceci près que le belge était allé plus loin dans la noirceur, l'inconfort, le désespoir. Pourtant, on y croit fort durant les trois premiers quarts d'heure, qui voit les trois héros se démener pour réunir la rançon qui leur est demandée. Une fois passée ce qui constitue la scène-clé du film, les bonnes scènes ne se présentant plus que par intermittence, et l'on trépigne un peu en attendant un mieux qui ne viendra plus.
Pire : sans doute à cause du manque de complexité du scénario, le spectateur comprend de quoi il retourne avec un large temps d'avance. Ne reste plus qu'à apprécier les prestations des acteurs : Darroussin épatant, Meylan meilleur que d'habitude, et une Ariane Ascaride qui séduira ses nombreux défenseurs et continuera à agacer ceux qui (comme moi) trouvent son jeu toujours forcé.
5/10
(également publié sur Écran Large)

27 mai 2007

LA DISPARUE DE DEAUVILLE

Après un Parlez-moi d'amour qui aurait dû s'appeler Parlez-moi de moi, Sophie Marceau revient en force pour un film dont elle n'est pas l'héroïne mais qui ne parle que d'elle. La disparue de Deauville ressemble à ces films que se font les filles de six ans avec leurs Barbies : elles inventent des histoires pas croyables, se donnent le beau rôle et abordent chaque détail avec une naïveté rare. Seulement voilà : Sophie Marceau vient d'avoir quarante ans, et ça fait bien longtemps qu'elle a passé l'âge.
Sur tous les plans, La disparue de Deauville est un ratage total, un massacre sincère mais réel qui n'épargne rien ni personne. D'abord cette intrigue, qui voudrait sembler ombrageuse alors qu'elle n'est même pas digne d'un téléfilm avec Mireille Darc. Ensuite cette terrrrrible mise en scène qui joue n'importe comment (mais alors n'importe comment) sur les textures, les flous, les supports, provoquant des conjonctivites chez les trois quarts des spectateurs. Puis les acteurs : Christophe Lambert, qui fait illusion dix minutes, Nicolas Briançon dans une caricature d'homosexuel, Robert Hossein qui gueule comme dans une pub Audika. Et surtout, Sophie, la Sophie nationale, celle que les vieux encensent alors qu'elle n'a pas montré grand chose dans sa carrière (sauf un sein à Cannes), ridicule, navrante, dans la frime la plus totale. Grimée en vamp, elle livre une prestation consternante tout en étant persuadée d'être géniale : c'est l'impression d'ensemble que donne La disparue de Deauville, qui devrait être un four monumental et qui pourrait sonner la fin prématurée de Sophie Marceau réalisatrice. Croisons les doigts.
1/10

29 juin 2006

NOS JOURS HEUREUX

Matraqué par la promo, échaudé par les récents sommets de beauferie à la française qui ont connu le succès sur nos écrans, on rentre dans ces Jours heureux comme dans une mer glacée : avec l'intention de s'y tremper jusqu'aux mollets, pas plus.
Très vite, on constate que Nos jours heureux est dépourvu des traditionnels travers de la mauvaise comédie à la française : pas de nostalgie tenace ("c'était mieux avant..."), pas d'éloge de la vie à la dure, et surtout, une vraie tendresse pour ses personnages. Pour faire un film vraiment drôle avec des personnages qu'on méprise totalement, il faut avoir un grand talent de caricaturiste (ce que n'ont visiblement pas des gens comme Leconte ou Onteniente). Le duo Nakache-Toledano, lui, aime les gens dont il parle. Et pour cause : les deux réalisateurs ont vécu ce qu'ils racontent et savent donc de quoi ils parlent. On rit des personnages, mais on rit aussi avec eux, et aucune morale à deux balles ne viendra nous faire culpabiliser.
Nos jours heureux est une comédie franchement agréable, qui fait penser aux tous meilleurs films d'un type comme Jugnot. Ecriture modeste mais efficace, vrai soin apporté à la réalisation et à la direction d'acteurs : on sent une réelle envie de séduire le public plus qu'un simple désir de faire un gros succès. Comme dans Je préfère qu'on reste amis, Nakache et Toledano brossent une galerie de personnages attachants et joués à merveille. Il y a surtout Jean-Paul Rouve, meilleur de film en film. Mais il y a également des acteurs ô combien sympathiques comme Omar Sy (oui, le pote de) et Marilou Berry (oui, la fille de).
A l'approche des vacances, en cette saison où le légume le plus fertile est le navet géant, Nos jours heureux fait un bien fou, et rappellera plus d'un souvenir à ceux qui ont fréquenté ces jolies colonies de vacances.
7/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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