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5 févr. 2009

TRAHISON

On a vu tellement de films américains dépeignant les musulmans comme une bande de terroristes cinglés qu'un regard un peu différent est forcément bon à prendre. Trahison montre qu'on peut pratiquer l'islam et ne pas tomber dans de tels travers. Une évidence ? Oui. Et c'est justement l'un des problèmes du film, tellement plein de bonnes intentions qu'il finit par ressembler à une dissertation un peu scolaire sur ce sujet. Moins facile à traiter, la problématique "les terroristes sont-ils tous des monstres" mène elle aussi à une réflexion simpliste sur la part d'humanité de chacun. Trahison ne brille donc pas par la finesse de sa psychologie.
Pour apprécier un tant soit peu le film de Jeffrey Nachmanoff, il faut donc le prendre comme un simple thriller à base de terrorisme : la description de la préparation d'un attentat d'envergure est plutôt intéressante, tout comme le portrait du "héros", partagé entre ses convictions et ses devoirs, et véritablement pris entre deux feux. On a malheureusement du mal à adhérer à la prestation d'un Don Cheadle un peu trop lisse, qui peine à incarner cette ambiguïté permanente. Tout comme il est difficile de croire au duo d'agents incarné par Neal McDonough et Guy Pearce, qui serrent les dents pour montrer qu'ils en ont vu d'autres mais manquent cruellement de finesse dans leur interprétation.
Si elle n'est pas franchement haletante, cette course-poursuite ne manque pas de sel, même si le spectateur a constamment l'impression d'avoir tout compris avant les personnages, pourtant supposés appartenir à l'élite de leurs nations respectives. Un peu gênant... Par bonheur, les personnages de Jeff Daniels et Saïd Taghmaoui (tous deux excellents) viennent injecter un rien de complexité à ce qui n'est finalement rien de plus qu'un gros divertissement sans grande profondeur.
5/10

29 janv. 2009

ESPION(S)

Cinq ans qu'on attendait le premier long de Nicolas Saada, excellent critique et auteur en 2003 du court-métrage Les parallèles, petit chef d'oeuvre avec déjà Géraldine Pailhas. Cela valait la peine de patienter tant la réussite de cet Espion(s) est grande, à peine entachée par un certain manque de moyens (les quelques effets visuels font grincer des dents). Finalement, le plus gros défaut du film, c'est son titre, aussi grossier et incongru puisqu'il semble annoncer une intrigue à base d'agents doubles, d'identités multiples et de traîtrises tordues. Or il n'en est rien : s'il est bien un film d'espionnage, Espion(s) ne pratique pas ce genre de suspense, et propose une intrigue relativement épurée mais pas simpliste.
Si le film dégage une telle impression de simplicité, c'est sans doute parce que Saada n'a pas son pareil pour raconter une histoire et la mettre en place de façon efficace et attrayante. Il ne faut pas plus de cinq minutes pour que le héros passe de son statut de monsieur tout-le-monde à celui d'espion (ou plutôt de source, comme le précise son employeur). Et si le film dure à peine une heure et demie, c'est parce qu'il manie l'ellipse avec une finesse assez époustouflante. Ce sens aigu du rythme et de la narration rend l'ensemble excitant et original alors que le postulat est somme toute assez courant.
Saada filme comme il raconte, c'est-à-dire de façon légère, aérienne, sans jamais avoir l'air de donner une quelconque leçon de cinéma. C'est à la fois beau et fluide, minimaliste mais plein de matière. La direction et le choix des acteurs est à l'unisson : Guillaume Canet trouve là son meilleur rôle, Géraldine Pailhas est parfaite comme toujours, et on est ravi de retrouver un type comme Stephen Rea, habitué de chez Neil Jordan, et qu'on avait un peu perdu de vue. Bien que ne reniant pas son identité française, Espion(s) est tout de même un film so british, qui pratique un humour si flegmatique qu'il est parfois difficile à percevoir. Les dialogues respirent l'amour de la langue, française comme britannique, et sont un ravissement pour l'oreille comme pour l'esprit.
Si les dix dernières minutes sont un poil moins parfaites que ce qui précède, c'est presque uniquement grâce au manque de moyen cité plus haut, qui nuit légèrement à la crédibilité de certaines scènes. Saada n'abusant pas de ce genre d'effets, il parvient néanmoins à captiver jusqu'au bout, et clôt avec brio ce film pas si mineur. On avait aimé le Nicolas Saada critique ; on adore le Nicolas Saada cinéaste. Qu'il nous revienne vite avec la même envie et le même brio.
8/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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