
S'ils se représentent d'abord à travers la personne qu'ils tentent de copier avec plus ou moins de réussite, ces gens-là sont d'abord des êtres solitaires, en marge, peinant à vivre à travers le regard des autres. Cette désorientation est au coeur d'un film à la ligne dramatique plus que ténue : Mister lonely ressemble davantage à un collage de petits moments plus ou moins forts qu'à un véritable long-métrage. Cette absence de cohésion et de direction est sans nul doute la talon d'Achille d'un film qui semble n'aller nulle part. Heureusement, il y a la belle mise en scène d'un Korine plus sûr de lui qu'avant mais toujours aussi sensibles aux fêlures et autres détails qui font et défont les individus.
Si Diego Luna (Bambi) et Samantha Morton (Marilyn) sont assez irréprochables, on doit les plus beaux moments du film à Denis Lavant, qui campe un Chaplin au moins aussi lunaire que l'original, et qui met à profit ses talents de saltimbanque pour créer une sorte de magie assez troublante. On s'attache à cet homme, le plus blessé de tous, qu'on aurait voulu voir davantage. Quand les lumières se rallument, on ne pense qu'à lui, gagné par la frustration de n'avoir pas fait plus ample connaissance. Korine a encore du travail pour (re)devenir le petit génie qui fit les beaux jours d'un certain cinéma indépendant, mais il a sans nul doute retrouvé le goût de l'écriture et de la mise en scène. Même si le film convainc moyennement, on est en droit de s'en féliciter.
5/10
(également publié sur Écran Large)
1 commentaire sur “MISTER LONELY”
C'est assez fidèle comme critique, même si j'ai manifestement moins aimé le film que toi, je dois bien reconnaître que tes arguments se tiennent très bien.
La petite surprise sympa du film aussi c'est la présence de Werner Herzog, j'ai trouvé ça marrant.
Mais malgré les belles images bien rodées, y'a quand même des moments où on a presque envie de décrocher un peu, c'est dommage.
Korine s'est tellement attaché à étudier les affres de la personnalité propre qu'il a fait un scénario qui sert trop ses propos, et ça se voit. Un peu plus de subtilité et de construction n'auraient pas été de refus.
Par contre il est excellent pour ce qui est de mettre en scène avec simplicité des choses qui sont ultra-complexes à la base. Fortiche.
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