8 avr. 2007

LES MESSAGERS

Dans The eye, le plus gros succès des frères Pang, une jeune aveugle recouvrait la vue suite à une greffe de cornée, sans savoir qu'elle allait plonger peu à peu dans le cauchemar le plus total. On la comprend : lorsque l'on voit des films comme Les messagers, on se met à trouver de sacrés avantages à la cécité. C'est que l'arrivée d'Oxide et Danny Pang aux États-Unis ne rime pas vraiment avec réussite. Sur un postulat d'une banalité sans nom (le coup de la maison hantée, on n'aurait pas déjà vu ça un milliard de fois?), les hongkongais signent un film laborieux en diable qui fait trembler d'ennui plutôt que d'effroi.
Après des débuts salués par une partie des spectateurs, les frères Pang n'ont cessé de se répéter en alternant les suites faciles (The eye 2 & 3) et les séries B médiocres, ne se souciant guère de faire dans l'originalité. Pire, Les messagers pille allègrement un nombre astronomique de metteurs en scène : pour faire court, on citera une attaque de volatiles qui aurait bien fait marrer Hitchcock, une tache d'humidité sur mur sale pour copier tonton Nakata, et pas mal de plans directement piqués aux films de Jaume Balagueró. Outre un manque de timing évident, la mise en scène se distingue par un goût prononcé pour l'inutile : cadrages improbables, plans illisibles, montage à la hache... Rien ne nous est épargné. Quant au scénario, il n'exploite même pas l'embryon d'idée de son pitch (les enfants utilisés comme messagers par les esprits) : certes, seuls les petits jeunes ont des visions, mais ils ne transmettent rien du tout, tant et si bien que la "révélation" finale arrive comme un cheveu sur la soupe, sans qu'on ait eu le temps de frissonner ou de s'interroger. Une conclusion qui n'arrange rien, puisqu'elle délaisse sans justification l'aspect horrifique de l'intrigue pour bifurquer vers une histoire encore plus convenue de vilain psychopathe en chair et en os.
Prochain projet pour les frères Pang, bien décidés à s'établir en Amérique : un remake de leur propre Bangkok dangerous, avec Nicolas Cage dans le rôle principal. Un moindre mal pour de jeunes cinéastes à l'univers si restreint qu'ils sont déjà condamnés à se répéter encore et encore.
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(également publié sur Écran Large)

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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