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26 août 2008

BANGKOK DANGEROUS

Les nombreux adeptes du téléchargement illégal (pratique hautement condamnable évidemment, Rob Gordon a toujours raison mais il n'est pas courageux) savent bien ce qu'est un screener, copie médiocre d'un film obtenue en filmant l'écran dans la salle de cinéma. C'est inaudible, ça tremble, c'est grisâtre, bref, c'est impossible à regarder pour qui se respecte un minimum. Là où les frères Pang innovent, c'est qu'ils sont les premiers à oser nous livrer un screener sur grand écran, réconciliant du même coup les aficionados des salles obscures et ces quelques téléchargeurs ignobles qui se moquent bien du confort visuel et auditif pourvu que ça leur évite de payer leur place. Bangkok dangerous ressemble à une copie pirate tant l'image ne cesse de tanguer, tant ses couleurs sont baveuses et ternes, tant les gros plans improbables s'y multiplient. Ne cherchez plus : on tient là les champions 2008 de la pire mise en scène, puisque les Pang parviennent à donner la nausée en moins de cinq minutes montre en main.
Avec une telle forme, le fond pourrait être génial qu'on ne s'en rendrait même pas compte. Là, c'est tout le contraire. On dispose d'une centaine de minutes pour constater en profondeur l'inanité de la chose, l'éculé flirtant à chaque instant avec le cliché. Le tueur solitaire incarné (c'est un grand mot) par Nicolas Cage exécute des contrats en prenant un malin plaisir à compliquer les choses pour se donner une contenance, jusqu'au moment où tout se dérègle vu qu'il tombe amoureux (oh), qu'il est suivi (ah), et qu'il prend soudain conscience que les gens qu'il tue sont des humains (uh). C'est d'une connerie sans nom, mais le film est trop long pour qu'on s'en régale jusqu'au bout. La dernière demi-heure est un pur calvaire, les fusillades illisibles et ordinaires s'y enchaînant avec une mollesse proprement tétanisante. Pour sûr, les frères Pang devraient relire leur petit John Woo illustré, ce qui leur permettrait sans doute de comprendre qu'il ne suffit pas de remuer sa caméra façon shaker pour donner du rythme et de l'intensité à une scène d'action.
Reste le plaisir un peu amer de voir Nick Cage s'enfoncer encore un peu plus dans un tourbillon de navets (World Trade Center, The wicker man, Ghost rider, Next, Benjamin Gates 2, n'en jetez plus) et de pousser toujours plus loin son amour du complément capillaire. Quant aux frères Pang, qui livrent donc un remake bien plus mauvais que le déjà médiocre qu'ils réalisèrent eux-mêmes en 2004, ils sont l'exception qui confirme la règle selon laquelle les frangins cinéastes ont un talent que les autres n'ont pas. Les Coen, Dardenne et autres Wachowski peuvent dormir sur leurs deux oreilles...
1/10

8 avr. 2007

LES MESSAGERS

Dans The eye, le plus gros succès des frères Pang, une jeune aveugle recouvrait la vue suite à une greffe de cornée, sans savoir qu'elle allait plonger peu à peu dans le cauchemar le plus total. On la comprend : lorsque l'on voit des films comme Les messagers, on se met à trouver de sacrés avantages à la cécité. C'est que l'arrivée d'Oxide et Danny Pang aux États-Unis ne rime pas vraiment avec réussite. Sur un postulat d'une banalité sans nom (le coup de la maison hantée, on n'aurait pas déjà vu ça un milliard de fois?), les hongkongais signent un film laborieux en diable qui fait trembler d'ennui plutôt que d'effroi.
Après des débuts salués par une partie des spectateurs, les frères Pang n'ont cessé de se répéter en alternant les suites faciles (The eye 2 & 3) et les séries B médiocres, ne se souciant guère de faire dans l'originalité. Pire, Les messagers pille allègrement un nombre astronomique de metteurs en scène : pour faire court, on citera une attaque de volatiles qui aurait bien fait marrer Hitchcock, une tache d'humidité sur mur sale pour copier tonton Nakata, et pas mal de plans directement piqués aux films de Jaume Balagueró. Outre un manque de timing évident, la mise en scène se distingue par un goût prononcé pour l'inutile : cadrages improbables, plans illisibles, montage à la hache... Rien ne nous est épargné. Quant au scénario, il n'exploite même pas l'embryon d'idée de son pitch (les enfants utilisés comme messagers par les esprits) : certes, seuls les petits jeunes ont des visions, mais ils ne transmettent rien du tout, tant et si bien que la "révélation" finale arrive comme un cheveu sur la soupe, sans qu'on ait eu le temps de frissonner ou de s'interroger. Une conclusion qui n'arrange rien, puisqu'elle délaisse sans justification l'aspect horrifique de l'intrigue pour bifurquer vers une histoire encore plus convenue de vilain psychopathe en chair et en os.
Prochain projet pour les frères Pang, bien décidés à s'établir en Amérique : un remake de leur propre Bangkok dangerous, avec Nicolas Cage dans le rôle principal. Un moindre mal pour de jeunes cinéastes à l'univers si restreint qu'ils sont déjà condamnés à se répéter encore et encore.
0/10
(également publié sur Écran Large)
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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