19 févr. 2007

LA MÔME

Bienvenue au musée Grévin. Vous y trouverez les statues de cire de personalités telles que Marcel Cerdan, Marlène Dietrich ou encore Edith Piaf. Pas d'âme (pas d'âme, pas d'âme), rien que de la matière inerte et jaunâtre, rongée par l'usure du temps et recouverte d'une bonne couche de poussière.
Voir La môme revient à visiter ce musée : si on ne peut nier qu'un certain savoir-faire a été mis en oeuvre, difficile d'éprouver autre chose qu'un ennui poli. Au cas où quelqu'un l'ignorerait encore (quel matraquage), Edith Piaf, c'est Marion Cotillard : grâce à une transformation physique poussée et à une préparation Actor's Studio pour pousser le mimétisme jusqu'à son paroxysme, elle parvient par moments à ne faire qu'une avec la chanteuse. Le reste du temps, elle n'est qu'un morceau de cire bien taillé, une imitatrice de talent, comme à l'époque où les émissions de Patrick Sébastien nous offraient de découvrir qui se cache sous telle ou telle star morte.
La môme est une accumulation misérabiliste de vignettes lourdement édifiantes, assemblées dans un ordre plus ou moins chronologique pour faire artiste. En vérité, cette déconstruction temporelle n'a aucun intérêt, si ce n'est de nuire à la lisibilité du film et de le rendre un peu plus racoleur. Au gré de flash-forwards insistants, Olivier Dahan entend montrer que si Piaf est morte, c'est parce qu'elle a vécu. Tiens donc? Alors, en juxtaposant des scènes excessivement noires, le réalisateur des Rivières pourpres 2 (ça calme) fait de Piaf une rock-star avec un caractère de cochon, un foie de poivrot et un penchant certain pour les seringues. Véridique? Sans doute. Problème : Dahan s'évertue à faire de cette mégère à la voix d'or une espèce de sainte. A la fin, multipliant les plans sur une Piaf démolie et agonisante, il la sanctifie comme la mère Teresa qu'elle n'est pas. Puis conclut son misérable récital par un "Je ne regrette rien" tellement beau qu'il devrait se suffire à lui-même ; mais, dans un ultime élan de démagogie, il en remet une couche sur l'extinction douloureuse de la vieille môme. Quand les lumières se rallument, le public applaudit, visiblement pas conscient qu'il vient d'être victime d'une opération de manipulation sentimentale savamment orchestrée.
Il reste de bonnes choses dans cette diabolique machine à faire chialer la ménagère : quelques seconds rôles de poids (impeccables Marc Barbé et Jean-Pierre Martins) et la beauté des chansons de Piaf. Trop peu face à la lourdeur d'un film-somme convenant mal à un réalisateur trop torturé pour être honnête.
3/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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