Bienvenue dans les coulisses du pouvoir. Le président de Lionel Delplanque est un homme pas foncièrement pas mauvais, un type déterminé à offrir un monde meilleur à ses chers compatriotes, mais aussi un être humain contraint de commanditer des actions pas très nettes pour sauver sa carrière et conserver le pouvoir. Président démontre tout cela par A + B : la vie de chef d'état n'est pas un long fleuve tranquille.
Deux films en un : d'une part une comédie du pouvoir, de l'autre un imbroglio politico-judiciaire qui ne laisse personne indemne. C'est clairement ce second aspect qui est le moins réussi : l'enchaînement des scènes est tout sauf naturel et les nombreuses ellipses semblent avoir été choisies de manière à masquer les invraisemblances et les détails pas clairs d'une intrigue fausement compliquée. Comme Delplanque ne semble pas avoir de grand message à délivrer, cette partie du film est rapidement vaine et lassante pour les spectateurs pas dupes. En revanche, le côté comédie du film est assez réussi : le cynisme de certains personnages (en particulier celui de Claude Rich, impeccable) ferait presque penser à du bon Chabrol. De ce point de vue, c'est assez délectable.
Président n'est pas le grand film politique que la France attend depuis des années, le film choc et dénonciateur comme les cinéastes américains savent les faire. Plutôt que de se concentrer sur les dirigeants en place (le premier ministre apparaît environ dix secondes), Delplanque préfère s'intéresser à l'entourage familial de ce président sans nom et sans étiquette maquée. C'est bien dommage, d'autant que les personnages féminins sont assez faibles. Quant à Jérémie Rénier, il finit par ennuyer son monde à force de camper toujours les mêmes personnages, des idéalistes candides qui découvrent comment la vie c'est trop dur. Mais la véritable star du film est évidemment Albert Dupontel, dont la prestation bicéphale (adorable mais glaçant) est une franche réussite, tout juste désamorcée par le fait que dans la vraie vie, Albert se contrefout de la politique (et on se demande donc ce qu'il fout là).
Après l'ignoble Promenons-nous dans les bois, Lionel Delplanque poursuit donc son objectif, celui de dépoussiérer (voire carrément de créer) des genres bizarrement absents dans le cinéma français. D'autant que côté mise en scène, le monsieur assure plutôt bien. Après une tentative complètement ratée de livrer un slasher à la française, puis un essai moyennement réussi de décortiquer les rouages du pouvoir, gageons que son prochain projet (un western? un film fantastique? une comédie musicale?) sera encore plus maîtrisé, donc plus convaincant.
5/10
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