12 sept. 2006

JE VAIS BIEN, NE T'EN FAIS PAS

Philippe Lioret est un réalisateur que l'on peut qualifier de très classique. Alors que cela rime parfois avec complètement ringard, cela n'a ici rien de péjoratif. Lioret est un honnête artisan qui brosse des films sincères et bien faits, basés sur des histoires simples mais pas vides de sens. Je vais bien ne t'en fais pas n'échappe pas à la règle. Inspiré d'un roman d'Olivier Adam (jeune écrivain qui monte qui monte), le film décrit le calvaire d'une jeune femme d'à peine vingt ans lorsqu'elle apprend que son frère jumeau a quitté le domicile familial suite à une dispute avec son père. Des jours, des semaines, des mois à attendre, avec pour seule raison de vivre les quelques lettres que lui envoie le frangin en cavale.
Autant ne tromper personne sur la marchandise : Je vais bien ne t'en fais pas est un drame à la française qui ne ferait pas forcément tache un samedi soir sur France 3. Mais ce serait alors le meilleur téléfilm français de l'année. Si la mise en scène est classique, donc, l'interprétation est haut de gamme et vaut à elle seule le détour. Il y a d'abord Mélanie Laurent, comme une évidence, une fille jolie à croquer qui bouffe ses rôles avec une envie rare. Elle porte le film sur ses épaules et lui insuffle une mélancolie pas fabriquée. Face à elle, il y a Kad Merad, toujours plus impressionnant, et qui étincelle dans le rôle du père lâche et mutique. Derrière eux, Isabelle Renauld et Julien Boisselier ne sont pas mal non plus.
Le film est un drame (Lili, l'héroïne du film, tombe dans la spirale de la dépression) mâtiné d'un suspense un peu malsain (on sait bien qu'un trauma profond est enfoui là-dessous). Comme le côté dépressif de l'intrigue pourrait être trop lourd à supporter, Lioret y injecte de très légères doses d'humour juste assez bien dosées pour alléger le ton sans dériver de son sujet : la difficulté à communiquer avec les siens.
La fin du film apporte son lot de révélations, et s'il est permis de douter un peu de la crédibilité de la conclusion, tout cela est amené avec suffisamment de finesse pour rendre l'ensemble relativement digeste. De toute façon, l'impeccable classicisme du film de Lioret avait emporté le morceau depuis longtemps. Je vais bien ne t'en fais pas n'est certes pas à conseiller aux ennemis de la qualité française. Mais il fera vibrer les autres à coup sûr.
7/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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