13 sept. 2006

FLANDRES

Le Poulidor du festival de Cannes (deux médailles d'argent en deux sélections officielles) n'a aucun souci à se faire quant à son talent : Bruno Dumont est sans doute le cinéaste français le plus doué de sa génération. Après le sentiment légèrement mitigé laissé par Twentynine palms, son Flandres rassure quant à la forme de son auteur.
Flandres conte (évidemment) une histoire simple comme Dumont sait les écrire. Ça commence dans un village perdu du Nord de la France. Quand les hommes de là-bas reçoivent une lettre leur demandant de partir à la guerre quelques jours après, les choses changent. Une guerre pas vraiment localisable, mais en tout cas aussi dégueulasse que ça peut l'être. A priori, le refrain n'est pas neuf, mais c'est pourtant ça: ceux qui en reviendront ne seront plus les mêmes, et celles qui les ont attendus ont changé aussi. Ne comptez pas sur le réalisateur de L'humanité pour en rajouter dans le pathos ou pour livrer de grands discours sur l'horreur de la guerre. Il suffit de planter sa caméra dans les lieux-clés où celle-ci se joue, et les conclusions se tirent d'elles-mêmes. L'atrocité de l'ensemble, des balles perdues aux gens qui pètent les plombs, tout cela soulève le coeur et noue les tripes. Car Dumont sait y faire. Il filme bien, filme cru, n'hésite pas à zoomer sur les détails les plus sordides, ceux qu'on ne verra jamais à la télé (quoique). Et se montre plus efficace que tous les réalisateurs de films de guerre du monde.
Flandres, plus encore que les précédents films de Bruno Dumont, montre que le sexe et la violence sont les deux seuls moyens de se faire comprendre et d'exister, deux langages universels. L'homme (tout comme la femme) n'est qu'un croisement de bonoboo et de hyène, rien de plus. Ceux qui baisent le plus mal sont ceux qu'on écoute le moins. Les violeurs ne méritent même pas qu'on les tue. Le constat est édifiant : on offre son corps pour faire plaisir aux copains ou pour se souvenir qu'on est en vie. Et on oublie la signification de l'acte dit amoureux, quitte à sombrer dans la folie.
Moins lent, presque plus bavard qu'auparavant, Dumont en dirait presque trop sur la fin. Ce n'est que très peu de choses face à la puissance de son film, âpre et violent, la tempête la plus calme du monde, et sans doute la plus belle aussi. Grand film.
9/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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