19 août 2006

MIAMI VICE - DEUX FLICS À MIAMI

Est-ce parce qu'on en attendait trop? Ou parce que Michael Mann vieillit mal? Toujours est-il que Miami Vice est une peite déception. Malgré sa maîtrise technique de la vidéo, Mann peine à construire un univers solide et crédible capable d'impliquer totalement le spectateur. On devrait trembler sur son siège de peur que les agents infiltrés soient démasqués et butés aussitôt, mais bizarrement, on s'en moque un peu. On a l'impression de voir une bande de gosses jouer aux gendarmes et aux voleurs dans une cour de récré à 200 millions de dollars. Rien de plus.
L'objectif du scénario de Mann semble être de se focaliser sur les rapports entre les personnages et la difficulté de mener un double jeu (surtout quand on tombe amoureux d'une trafiquante). Mais tout cela manque de tripes et de corps. Pour faire dans le Manoukian, ça sent trop la savonnette et pas assez la foufoune. Il n'y a qu'à voir les scènes de sexe, timorées et mal mises en valeur par des musiques de supermarché (d'une manière générale, la bande originale est affreuse).
Paradoxalement, c'est quand ça pète que Miami Vice devient intéressant. Un concentré de violence froide qui arrive malheureusement trop tard. Mais cette dernière demi-heure est quasi jouissive : les balles sifflent et ça défouraille sec. Là, on retrouve le Mann que l'on aime, celui qui avait su captiver son monde dans Collateral.
Au petit jeu de la comparaison entre les deux films, Miami Vice sort perdant. Dans Collateral, Mann avait su capter une ambiance, celle de la nuit de Los Angeles, moite et haletante. En comparaison, les vapeurs de Miami et La Havane semblent bien fadasses, avec une foultitude de plans-clichés indignes de leur metteur en scène.
On serait bien en peine d'évaluer le jeu des comédiens, tant leur temps d'apparition à l'écran semble bizarrement minuscule. Cinéaste architecte, Mann s'est une nouvelle fois pris d'intérêt pour les bâtiments en tous genres, mais en a oublié de coller à ses personnages. Ni bon ni mauvais, Miami Vice est un coup d'épée dans l'eau qui mine le moral en montrant que la technique peut parfois annihiler toute émotion.
6/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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