Enregistrée sur quatre soirées, cette interview qui battit des records d'audience est l'occasion pour Howard de livrer un portrait saisissant du président le plus détesté de l'histoire et d'exhumer les fantômes du passé. Trente ans après, et même si d'autres drames et scandales sont venus l'éclabousser, l'Amérique n'a pas oublié cette période sombre et honteuse. Le scénario n'entend pas réhabiliter Nixon, mais au contraire l'enfoncer un peu plus, n'hésitant pas à forcer le trait sur sa lâcheté, son refus de reconnaître ses torts, et même son incroyable avarice. Ce qui a fait jubiler les téléspectateurs de l'époque fonctionne aujourd'hui encore sur les spectateurs du film : l'impression d'avoir enfin percé à jour une icône déchue, la sensation d'une vengeance collective qui ne résoud rien mais fait sacrément du bien.
Dans la peau de Richard Nixon, Frank Langella est bien plus convaincant que ne l'était Anthony Hopkins dans le (trop) long film d'Oliver Stone. Il est le fer de lance de ce film édifiant à défaut d'être brillant, mais qui montre que Ron Howard est capable de s'effacer derrière un sujet pour peu que celui-ci soit suffisamment fort. Sans être transcendante, sa mise en scène est sobre, neutre, mais énergique. Là où d'autre tacherons que lui auraient insisté sur les mouvements de caméra (le huis clos fait peur au tacheron) ou forcé sur les filtres, il reste droit dans ses bottes et à peu près objectif, masquant de façon plutôt convaincante son admiration sans bornes pour le présentateur Martin Frost, lui aussi excellemment interprété par un Michael Sheen devenu spécialiste des grands rôles politiques.
7/10
(autre critique sur Sur la route du cinéma)
Laissez le premier commentaire sur “FROST / NIXON, L'HEURE DE VÉRITÉ”
Enregistrer un commentaire