18 oct. 2006

THE QUEEN

1997. Fin août, début septembre. Une princesse déchue se prend un pilier, et c'est tout un royaume qui va dans le mur. C'est en gros le postulat de The queen, film qui appelle un chat un chat. Les personnages principaux s'appellent en effet Tony Blair et Elisabeth II, là où un réalisateur français aurait joué la carte de la politique fiction avec personnages célèbres déguisés. C'est d'autant plus courageux que tous deux sont encore en activité, et qu'au vu de la retraite imminente du premier et du vieillissement accéléré de la deuxième, Stephen Frears aurait pu attendre quelques années avant de leur balancer ce film en pleine face.
Vanter le courage d'un cinéaste est souvent une action totalement surfaite. Mais dans le cas de The queen, c'est vraiment nécessaire, parce qu'il n'y a rien d'autre à dire de ce pétard mouillé, récit anodin et sans relief de la semaine qui a suivi la mort de Lady Di. Oh, il y a bien une critique de l'indifférence totale de la famille royale à l'égard de la "princesse de coeur" (snif), mais elle est amenée avec la grâce d'un pachyderme. Par exemple, pour montrer que le roi s'en moque comme de sa première culotte, on ne fait parler à son personnage que de chasse et de thé. C'est très fin. Et c'est fou comme le légendaire flegme britannique peut être propice aux blagues mollement nulles. La drôlerie annoncée de The queen est quasiment inexistante, et quand on rit, c'est par mégarde, comme quand le roi (encore lui) appelle la reine "mon lapin". Ou quand le couple Blair a bien du mal à respecter le protocole royal. Boarf. Dans le genre, mieux vaut revoir le très drôle Palais royal! (oui, j'ai dit très drôle).
Finalement, l'aspect le plus intéressant dans The queen est justement tout ce qui ne concerne pas la reine. Excellemment interprété par Michael Sheen, Tony Blair se révèle ici comme un personnage attachant, motivé par des convictions fortes et pétri de bonnes intentions. Le voir potasser un discours en maillot de foot est le genre de détail révélateur de la psychologie du bonhomme. Pas très fin, mais révélateur.
L'impression générale laissée par The queen est que Stephen Frears avait envie de continuer dans le film grinçant à tendance politique (après un téléfilm sur Blair qui avait fait du bruit), mais qu'il n'avait absolument rien à dire. Alors il traine sa mise en scène sénile et peu inspirée (qui, si elle était justifiable dans Madame Henderson présente, ne l'est plus du tout ici) et multiplie les plans larmoyants sur des Anglais qui chialent, des wagons de bouquets de fleurs, des caravanes de guimauve. Preuve ultime que The queen est un film qui sonne désespérément creux.
3/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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