Après avoir dominé l'Europe pendant une bonne vingtaine d'années, le cinéma d'auteur italien n'a cessé de péricliter, au rythme des disparitions de ses représentants les plus fameux. Seuls des auteurs comme Nanni Moretti ou Daniele Luchetti ont su, malgré quelques inconstances, garder la tête hors de l'eau.
Pas sûr que que les descendantes de feu Luigi Comencini soient aptes à relancer une machine un peu en panne : après le laborieux J'aime travailler de sa soeur Cristina, c'est au tour de Francesca de livrer un film assez pâle, louable dans ses intentions (dresser un état des lieux de l'Italie d'aujourd'hui à travers les histoires d'argent de quelques personnages), mais manquant singulièrement de relief. À cet égard, la première heure de A casa nostra peut sembler bien longue, tant le propos est confus et mal relayé par une mise en scène d'une rare laideur. Heureusement, les acteurs fort convaincants et une conviction politique incontestablement sincère (à défaut d'être rageuse) empêchent le film de sombrer.
Puis arrive le dernier tiers, où les différents pans de l'histoire viennent se relier ; là, on perçoit enfin une sorte de cohérence et un message militant en forme de cri du coeur, contre la dictature de l'argent qui bouffe les institutions. Devant l'homogénéité de ce beau mélange, on en vient à regretter que la cinéaste se soit autant éparpillée pendant le début du film en voulant absolument construire un récit choral. Mais il faut bien positiver, et l'on savourera autant que possible cette demi-heure qui transpire enfin le vrai cinéma, avec quelques brèves réminiscences des films les plus graves de papa Luigi ou d'Ettore Scola. C'est trop tard pour faire de A casa nostra un excellent film, mais cette conclusion bien troussée permet aux amoureux du cinéma transalpin de nourrir encore quelques espoirs.
5/10
(également publié sur Écran Large)
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
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