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16 sept. 2009

FISH TANK

Trois ans après un très remarqué Red road, Andrea Arnold revenait à Cannes pour présenter Fish tank, son deuxième long-métrage, raflant par la même occasion son deuxième prix du jury. Cette récompense commune est sans doute l'un des seuls points communs que partagent les deux films, qui diffèrent tant dans leur style que dans leur propos, mais montrent autant l'un que l'autre que leur réalisatrice est pétrie de talent. Filmé dans un format tombé en désuétude, donnant une image presque carrée au charme absolument fou, Fish tank démarre sur le papier de la même façon que certains Ken Loach ou d'autres films britanniques dits sociaux : une adolescente, un quartier moyennement sûr, une famille qui ne communique que par grossièretés et hurlements, et guère d'exutoire. Le traitement fait la différence : la photographie est belle, lumineuse, faisant la part belle à un ciel bleu et clair ; la mise en scène est libre, sans calcul, tournant autour de la jeune héroïne sans succomber aux sirènes d'une caméra à l'épaule trop remuante.
Le fil conducteur du film est extrêmement mince, la jeune Mia ne trouvant refuge dans la danse qu'à de trop rares occasions. C'est en cela que Fish tank n'a rien d'un film social, terme qui semble de plus en plus péjoratif dans la bouche de nombreux spectateurs et critiques : c'est d'abord une oeuvre sur le ressenti, le moment présent, qui cueille images et sensations en direct et privilégie l'histoire à la thèse. Après avoir pris le temps de faire connaissance avec Mia, Arnold organise un petit jeu de dupes dans lequel elle semble tomber amoureuse, plus ou moins consciemment, du nouveau petit ami de sa mère. Belle idée que d'avoir inversé les rôles par rapport aux schémas classiques : pour une fois, c'est le beau-père canon qui est au centre de tous les désirs, et pas la belle-mère court vêtue.
Ce rapport un rien ambigu entre Mia et son nouveau beau-papa va évidemment évoluer, de façon un peu prévisible mais pas sans surprise. Il est question de désir, de confiance, pourquoi pas de revanche ou de nouveau départ ; rien de totalement neuf, contrairement au très original Red road, mais le traitement est intelligent, différent, pertinent. C'est face à des oeuvres comme Fish tank qu'on réalise à quel point Ken Loach et Mike Leigh ont pris un coup de vieux : l'un fait de la propagande, l'autre fait chialer, c'est souvent très efficace, mais ça n'a rien de cinématographiquement inoubliable. La relève est assurée par cette britannique qui n'est certes déjà plus toute jeune - elle a l'age de ma mère, quand même* - mais devrait souffler un vrai vent de fraîcheur dans un cinéma avide de renouveau stylistique.
* Pardon maman.




Fish tank d'Andrea Arnold. 2h02. Sortie : 16/09/2009.
Autre critique sur Une dernière séance ?

9 août 2009

INGLOURIOUS BASTERDS

Aussi brillants soient-ils, les films de Quentin Tarantino ont toujours fonctionné en référence à, en hommage à. Cinéphile parmi les cinéphiles, groupie avant d'être idole, QT parvenait à chaque fois à trouver un ton personnel tout en s'appuyant sur les oeuvres et univers des autres. À ce titre, Inglourious basterds constitue une véritable révolution dans le cosmos tarantinesque : pour son sixième long, le cinéaste fanboy est devenu un cinéaste tout court. Bien entendu, il s'appuie plus ou moins consciemment sur des films passés, films de guerre comme drames romanesques ; mais c'est la première fois qu'un film de Tarantino fonctionne pour lui-même, par lui-même, aussi possiblement marquant pour les encyclopédies sur pattes que pour les nouveaux-nés du septième art. Rien que pour cela, Inglourious basterds marque sans doute un tournant dans la carrière du cinéaste.
On n'ira pas jusqu'à parler de film de la maturité pour le metteur en scène, qui conserve une âme de gamin indépendamment de la gravité des sujets abordés. Mais Inglourious basterds est un pas vers un âge adulte qu'on n'est pas spécialement pressé de le voir atteindre. Aussi divertissant soit le film, Tarantino fait preuve d'une retenue incroyable dans l'exécution des scènes-clés. La première est peut-être la plus poignante et la plus insoutenable : sur le thème du nazi qui cuisine les honnêtes gens pour déterminer s'ils sont du genre à cacher des juifs, il joue à rendre chaque seconde plus pesante que la précédente, à créer le suspense à partir de dialogues anodins en apparence, à jouer le jeu de la séduction avec le personnage le plus pourri qui soit. Bien élevé, instruit, affable, mielleux, le colonel Hans Landa est peut-être le nazi le plus étonnant et déstabilisant de l'histoire du cinéma. Le genre de personnage que l'on n'arrive pas tout à fait à détester alors que la morale l'impose. Il faut un sacré talent d'auteur pour parvenir à créer un tel malaise sans même avoir l'air borderline ; il faut aussi un sacré interprète, et Christoph Waltz est celui-là. Est-il possible d'ajouter les félicitations du jury à son prix d'interprétation cannois ? Les autres acteurs, tous judicieusement choisis par Tarantino, sont d'une perfection égale, bien qu'évoluant dans des registres bien différents. À l'héroïsme très ricain teinté tocard attitude d'un Brad Pitt répond le glamour glacé et déterminé d'une Mélanie Laurent. Til Schweiger, Denis Menochet, Michael Fassbender et tous les autres mériteraient d'être cités.
Inglourious basterds est également le film le plus simple de Tarantino, parce qu'il s'affranchit de toute déconstruction temporelle, de tout flonflon narratif, pour ne s'attacher qu'à l'essentiel : de bons personnages et une bonne histoire. La mise en scène est inventive et pleine d'idées, mais d'une discrétion étonnante. La linéarité de l'ensemble a quelque chose d'émouvant tant on sent Tarantino prêt à tout pour la préserver, trop attaché à l'univers qu'il a construit pour risquer de l'abîmer par un quelconque procédé. Comme dans Kill Bill, il s'agit à nouveau d'une histoire de vengeance très dialoguée : mais cette vengeance-là semble tellement plus viscérale, naturelle, débarrassée du moindre parasite. C'est peut-être aussi parce que le film est ancré dans la réalité d'une époque ô combien douloureuse qu'il atteint si précisément sa cible ; pourtant, Tarantino ne prend pas de gants avec l'Histoire et n'hésite pas à la triturer, à la modifier pour parvenir à son but : réussir une grande fresque violente et romanesque, à la fois urgente et ronde en bouche. La dernière demi-heure est un bouleversement de tous les instants, mais ne fait que confirmer les deux heures qui précèdent. « That might be my masterpiece », dit la dernière réplique d'Inglourious basterds. Les années confirmeront certainement que Tarantino avait vu juste.




Inglourious basterds de Quentin Tarantino. 2h28. Sortie : 19/08/2009.
Critique publiée sur Écran Large.

27 nov. 2008

HUNGER

"Attention, film radical", "ouh, le film, comment qu'il est exigeant", "recevoir la Caméra d'Or des mains de Bruno Dumont, ça veut tout dire"... C'est fou comme les critiques peuvent tomber dans la facilité la plus crasse. Car réduire Hunger à cela est une insulte directement adressée à Steve McQueen, grand gaillard aussi black que le héros de Bullitt était pâlot, et dont le métier premier ("vidéaste") pousse immédiatement les troupeaux snobinards à crier au concept génial, au film-objet, au pur OVNI pour cinéphiles avertis uniquement. Balivernes : Hunger est un film certes dur par ce qu'il donne à voir, mais à peine moins accessible que la moyenne.
À part un plan fixe d'une dizaine de minutes aux trois quarts du film, Hunger déroule avec force et une relative sobriété une histoire auto-suffisante tant elle est marquée par le courage, l'indignité (qui mène à la dignité), la misère humaine et la tristesse la plus totale. Cinéaste avant tout visuel (même si le fameux plan-séquence cité plus haut montre que de beaux dialogues ne l'effraient pas), McQueen développe le combat de ces hommes qui se battent jusqu'au bout pour faire reconnaître leur statut de prisonniers politiques. On ne connaîtra jamais le pourquoi ou le comment des actions qui les ont menés en prison ; de ce fait, on est dans le sensitif, la souffrance, mais jamais dans le jugement. Ce qui intéresse McQueen, c'est comment l'homme peut renier jusqu'à ses droits les plus évidents pour mener à bien un combat qui lui semble juste. Il y a un très beau contraste entre la régression totale de ces détenus-là (excréments étalés sur les murs, refus de toute hygiène, nudité totale et quasi-permanente) et les motifs intellectuels qui les poussent à agir ainsi. Ce que McQueen filme plutôt simplement, ne nous épargnant aucun détail (mais comment faire autrement ?), mais évitant étonnamment toute complaisance. C'est là qu'est l'exploit de cette oeuvre solide et complète.
Finalement, la longue grève de la faim entamée par le "héros" du film (Michael Fassbender, saisissant mais jamais dans la performance) est loin d'occuper la majeure partie du temps. Mais le titre ne trompe pas : Hunger est bien un film sur la faim, non celle qui étreint le ventre et dégrade le corps, mais celle qui donne envie d'en découdre, encore et encore, de mener des combats de titan, sans doute perdus d'avance, mais beaux pour eux-mêmes. Brillant mais évidemment un peu froid, c'est pourtant un film appétissant, qui donne envie de suivre ce réalisateur de très très près.
8/10

20 oct. 2008

EDEN LAKE

Le survival est un genre ô combien difficile, qui demande notamment de l’endurance, du style et de la suite dans les idées. Comme Les proies il y a quelques mois, Eden lake s’impose un défi supplémentaire, ne proposant en tout et pour tout que deux héros potentiellement zigouillables. Un petit nombre qui peut faire craindre un film lent et ennuyeux, avec une intro de quarante-cinq minutes, une poignée de scènes à suspense et basta. Heureusement, James Watkins n’est pas un de ces petits futés qui promettent du frisson mais ne livrent que des miettes. Eden lake est un film plein, au suspense acéré, qui ne subit pour ainsi dire aucune baisse de rythme. Et c’est assez miraculeux.
Sans prétendre être le film le plus original qui soit, Eden lake s’impose par la rapidité de sa mise en place et par sa propension à rebondir sans cesse, donnant régulièrement un nouveau relief à une intrigue relativement classique – un couple, des sales gosses, un drame qui en entraînera d’autres. La clairière servant de décor au film est parfaitement exploitée, tout comme les nombreux check points – cabane, préfabriqué, 4x4 – mis à disposition des personnages. Filmant avec une aisance déconcertante, Watkins livre une course-poursuite haletante, où l’horreur va crescendo.
Car tant physiquement que moralement, Eden lake est un film horrifique et horrifiant, à déconseiller aux âmes sensibles. Dès le début, la tension est palpable, et même les séquences que l’on devine être des fausses pistes apportent leur lot de malaise. Puis la dégueulasserie prendra lentement le pas, avec quelques images tout bonnement ignobles, non par ce qu’elles montrent, mais par ce qu’elles suggèrent. Soit, par exemple, tout le contraire d’un Martyrs, riche en effets gore mais d’une platitude absolue. Même la fin, aussi laconique que terrifiante, est réussie. Bien aidé par deux interprètes à l’immense valeur intrinsèque (une Kelly Reilly abonnée jusque là aux rôles de belle rouquine aux dents bien blanches et un Michael Fassbender dont on reparlera dans quelques semaines), Watkins a réussi son survival, et on attend de ses nouvelles avec une hâte non dissimulée.
7/10

27 mars 2007

ANGEL

Romancer le ridicule et ridiculiser le romanesque : tel semble être l'ambition de ce drôle d'Angel, neuvième long métrage de François Ozon en dix ans. Le plus français des stakhanovistes filmiques adapte un roman d'Elizabeth Taylor (aucun lien), et retrace la courte vie (ascension fulgurante / chute à peine plus lente) d'Angel Deverell, jeune romancière en quête de succès immédiat. Une héroïne que l'on a surtout envie de gifler : arriviste, méprisante, imbue d'elle-même comme il n'est pas permis, elle enchaîne les romans à l'eau de rose, persuadée d'écrire des chefs d'oeuvre, et fait tout ce qui est en son pouvoir pour être reconnue.
Si Angel peut tout d'abord intriguer par con classicisme apparent, on découvre bien vite qu'Ozon n'a pas abandonné ses vieux démons : il semble admirer son héroïne et lui trouver une vraie dimension romantique. C'est alors qu'une série de plans volontairement datés (déplacement motorisés avec faux paysage en arrière-plan) et de scènes passablement risibles (premier baiser sous arc-en-ciel) nous fait comprendre qu'Angel est surtout un hommage très second degré aux mélos des années 40, et une déclaration d'amour perverse (pour ne pas dire ozonienne) à un personnage admirablement détestable. Pas de doute, Angel est bien un film de François Ozon. Pas le plus percutant, ni même le plus cruel (à ce niveau, la compétition est relevée), mais pas le moins intéressant.
On croit donc avoir tout compris, tout assimilé, jusqu'à ce qu'arrive une conclusion qui traine en longueur et nous fait perdre nos repères. En insistant gravement sur la fin "tragique" de son héroïne, Ozon a l'air de vouloir nous faire pleurer. Vraiment. Au premier degré. Et là, non, pas possible de compatir une seule seconde au sort de cette garce tête-à-claques. Quelques images laissent le bénéfice du doute, permettant encore de penser qu'Ozon n'a jamais cessé de se foutre de la gueule de son Angel. Pas sûr. Angel signe en tout cas la révélation de Romola Garai, inconnue pour ceux qui n'ont pas vu Dirty dancing 2 (rendez-vous compte, je n'ai même pas vu le premier).
6/10

25 mars 2007

300

Après une passionnante Armée des morts, délicieuse relecture de l'univers romerien, on attendait avec délectation le deuxième film de Zack Snyder, adapté cette fois d'un comic de Frank Miller.
Pas de quoi crier au loup : transposé sur grand écran, 300 est un roman graphique lambda, dont l'intensité visuelle n'a d'égale que la vacuité. On reste assez indifférent face au combat de ces 300 spartiates trop gueulards pour être attachants. Et on assiste à leurs aventures comme on regarderait une bagarre de rue : avec une certaine délectation devant le sang qui gicle, mais en se demandant quand même pourquoi on reste planté là.
Jamais l'univers de Miller n'avait semblé aussi creux : psychologie sommaire, enjeux binaires, description manichéenne de la situation militaire. Seules les scènes écrites spécialement pour le film, où la reine tente de faire entendre sa voix et de résister aux pressions masculines qui l'entourent, apportent un peu plus de profondeur à cet univers. A prt ça, rien. Pour véritablement apprécier 300, il faut sans doute être un spécialiste de la guerre ou un esthète pur et dur. Pas un amoureux du cinéma.
5/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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