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19 déc. 2008

LES ENFANTS DE TIMPELBACH

Livrer des enfants à eux-mêmes ne semble décidément pas être une bonne idée. Après le très raté Big city, western en culottes courtes de Djamel Bensalah, Nicolas Bary se lance au cinéma avec l'adaptation du roman d'Henry Winterfeld, qui a bercé des génrations de jeunes lecteurs. Une Guerre des boutons nouvelle génération, qui s'empare d'un village déserté par les parents pour cause de mouflets intenables. Des mioches qui vont donc se retrouver face à leurs responsabilités, d'où une bataille féroce entre les gentils-qui-veulent-que-les-parents-rentrent et les vilains-qui-fichent-la-pagaille. Après une mise en place rigolote (joli numéro d'Armelle en instit psychorigide), on bascule malheureusement dans une sorte de faux rythme qui nuit à la fois à l'humour et au gentil petit suspense du film.
On sent que Bary n'est pas tout à fait à l'aise aux commandes de ce film doté d'un budget certain : il fait mumuse avec quelques gadgets un peu high-tech, mais oublie tout simplement de raconter son histoire et de donner du souffle au récit. De gros problèmes de timing et de montage entachent notamment la qualité des gags, qui tombent souvent à l'eau. En dépit de l'énergie des jeunes acteurs, ceux-ci peinent à donner du corps à des personnages mal dégrossis, pas à la hauteur des héros de Winterfeld. Et si les seconds couteaux sont rigolos, les leaders des deux camps ont le charisme d'une endive, ce qui ne donne pas envie de prendre parti (même si ça a quand même l'air plus rigolo de faire des bêtises).
Si les enfants s'amusent et s'émerveillent (la direction artistique est assez réussie), l'adulte pourra légitimement bouder devant un film inabouti et hétérogène. On frôle l'overdose d'univers et d'influences, comme dans un Pacte des loups interdit aux plus de dix ans. Pourquoi pas prendre des distances avec le matériau d'origine ; mais les modifications apportées sentent plus le marketing (gadgets à gogo) que la véritable envie de moderniser l'ensemble. S'il s'en sort moins mal que Bensalah, Bary confirme qu'il est bien difficile de ne baser un film que sur des gamins et d'en faire de vrais petits adultes.
4/10
(également publié sur Écran Large)

18 janv. 2007

JACQUOU LE CROQUANT

Le gentil mais frêle Gaspard Ulliel en justicier devant la caméra du clippeur de Mylène Farmer? Il faut avouer que sur le papier, Jacquou le croquant manquait de mordant (désolé). Et s'il y a là-dedans des longueurs, un maniérisme parfois agaçant et des défauts dans tous les coins, bizarrement, le film parvient à répandre une aura surprenante d'épaisseur et de mystère.
En voyant Jacquou le croquant, on devine facilement quelles ont été les influences de Laurent Boutonnant : par son thème et certains aspects de son traitement (toutes proportions gardées), le film tente de ressembler à Gangs of New York ; mais l'aspect "modernité sous couvert de film en costumes" fait également penser au Christophe Gans du Pacte des loups. Avec aussi de vrais morceaux de Boutonnant : parfois, on a l'impression que Mylène Farmer va apparaître dans un coin de l'écran pour murmurer qu'elle est libertine, qu'elle est une câtin. Mais au final, en creusant un peu, Jacquou le croquant ressemble surtout à un film de super-héros. Jacquou est un peu notre Batman à nous. Avec l'homme chauve-souris, il partage un trauma d'enfance : parents usés jusqu'à la corde et achevés par un méchant sans coeur. Puis recevra une bonne éducation avec un curé et un chevalier, ses Alfred à lui. Retrouvant le responsable de son enfance malheureuse, il laissera sa vengeance arriver à maturité, le temps pour lui de prendre un peu de muscle et d'assurance, et de découvrir son repaire secret, sorte de batcave sans batmobile. Et finalement, c'est en plein coeur de la nuit la plus noire qu'il assouvira sa soif de justice.
Comme dans Batman, il y a deux femmes, et la méchante est mille fois plus attirante que la gentille. Comme Bruce Wayne, Jacquou possède deux personnalités, l'une avide de sagesse, l'autre ne pouvant se résoudre à laisser l'injustice planer. Et c'est dans ce petit monde d'heroïc-fantasy sans héros charismatique ni fantaisie que Laurent Boutonnant parvient à laisser s'exprimer son envie de filmer. Plus le film avance, et plus Gaspard Ulliel se fait convaincant : sur la fin, on se dit même que lui avoir confié le rôle de Hannibal Lecter dans un film à venir le mois prochain a tout d'une bonne idée.
Reste à Boutonnat à se faire plus cohérent sur la forme, à davantage approfondir son écriture. Mais nul doute qu'il possède tout le potentiel pour en faire un très bon réalisateur, et qu'une fois qu'il se sera débarrassé de sa simple étiquette de clippeur, il parviendra à réaliser de vrais succès populaires de qualité.
7/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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