
Collègues, potes de vidéo-club, voisins de paliers, paternel : au final, Jusqu'à toi fait de tous les protagonistes des êtres gentils mais pathétiques, dont certains rêves aboutiront peut-être, mais dont l'existence sera placée à jamais sous le signe de la morosité. C'est gai. Au milieu de tout ça, un argument nous rappelle qu'il s'agit - sur le papier - d'une romance : la frenchie et le ricain se croisent, se cherchent, se recroisent jusqu'à l'inévitable instant où la vraie rencontre aura enfin lieu. Cette course éperdue vers le véritable amour devrait être pleine de joie, d'espérance ; mais, à part une séance d'autoportraits du côté de Mélanie Laurent, le reste s'apparente plutôt à un long chemin de croix. Elle déprime au bureau en se répétant que l'amour n'existe pas. Il cafarde à l'hôtel sans bagages ni repères. On a sincèrement envie de les plaindre, de les prendre dans nos bras comme on le ferait pour un ami qui va mal.
La léthargie des personnages se retrouve dans le rythme du film : Jusqu'à toi ne décolle jamais vraiment, accumulant des saynettes souvent trop courtes comme pour meubler avant de passer aux choses sérieuses. Et lorsqu'arrive enfin le moment de la rencontre, il se produit quelque chose, discrètement mais sûrement. Pas vraiment guillerette et trop tardive, cette reprise en main des personnages et du film n'a malheureusement guère d'effet sur l'impression d'ensemble : celle d'avoir passé un moment pas foncièrement désagréable mais sincèrement plombant en compagnie de deux anges livides, Mélanie Laurent et Justin Bartha, dont la délicatesse est touchante mais dont le manque de combattivité fiche sacrément le bourdon.

Jusqu'à toi de Jennifer Devoldere. 1h20. Sortie : 29/07/2009.